Le 25 octobre 2020, la population chilienne a voté très majoritairement en faveur d’une nouvelle Constitution (1). En effet, les Chiliens mettent, depuis 2019, énormément de pression sur le gouvernement pour qu’il change la Constitution datant de 1980. Celle-ci avait été instaurée sous le régime autoritaire de l’ancien président Augusto Pinochet. Le 4 juillet 2021, Elisa Loncon Antileo, une femme chilienne autochtone, a été élue à la tête de l’Assemblée constituante du pays qui a comme mandat d’écrire une nouvelle Constitution (2).
Représentante d’un peuple méprisé
Comme mentionné plus tôt, une aborigène chilienne a été élue pour diriger l’Assemblée constituante. Elisa Loncon Antileo est une universitaire ayant fait ses études partout à travers le monde, notamment à l’Institut des sciences sociales aux Pays-Bas et à l'université de Regina, au Canada (3). C’est une femme qui tient fortement à sa culture, elle qui fait constamment des apparitions publiques en tenue traditionnelle. Elle fait partie de la communauté Mapuche qui a pendant très longtemps été malmenée et mise de côté par l’État chilien (4).
Les Mapuche forment la plus grande communauté autochtone de l’Amérique du Sud, avec plus de 1 400 000 personnes. Ils sont principalement situés sur le territoire du Chili et de l’Argentine (5). Possédant un style de vie traditionnel, ils ont dû faire face à de nombreuses oppressions depuis l’arrivée des Espagnols au 16e siècle. Effectivement, de nombreux combats, favorisant largement les conquistadors, ont eu lieu. Cependant, les Mapuche ont réussi à demeurer une communauté solide. À la suite de l’indépendance chilienne face à l’Espagne, les oppressions ont tout de même continué. Historiquement, il y a donc de grandes tensions entre les Mapuche et l’État chilien (6).
Lors du référendum de 2020, 78 % des électeurs ont demandé qu’une nouvelle Constitution soit écrite. Avec les manifestations qui ont lieu depuis 2019, de nombreuses réformes ont été demandées et madame Loncon Antileo a été une tête d’affiche du mouvement protestataire. Elle prône activement les droits des peuples autochtones et une grande partie de la population a pu s’identifier à cet enjeu (7). De plus, elle souhaite réduire les fortes inégalités au pays. Avec cela, elle a été capable d’aller chercher de nombreux appuis supplémentaires pour l’élection du 4 juillet 2021.
Une Assemblée constituante avec un objectif précis
L’Assemblée constituante a été créée puisqu'une nouvelle Constitution doit être écrite pour remplacer celle qui est utilisée actuellement. Cet organe constitutif du pays est chargé de la rédaction de ce nouveau texte. Plusieurs estiment que l’ancienne Constitution de Pinochet était la principale cause d’un grave problème structurel au Chili (8). Ces derniers mentionnent que le pays a besoin d’une Constitution où les droits humains et les protections sociales sont davantage mis de l’avant. Le résultat du référendum a démontré que le peuple chilien en souhaitait une nouvelle.
Le rôle principal de l’Assemblée constituante est de diriger la rédaction de la nouvelle Constitution. L’Assemblée constituante est toujours en marche en date du 21 octobre 2021. Elle a dû faire face à quelques difficultés, mais dans l’ensemble, de nombreux élus stipulent que plusieurs gains ont été faits sur des sujets importants, tels que les droits de l’homme, la représentation des femmes et des peuples autochtones et même l’environnement (9). Pour les prochaines semaines, ou même les prochains mois, de grandes discussions et débats auront lieu sur différents sujets pour arriver à s’entendre sur les articles qui vont former cette Constitution tant attendue par le peuple chilien.
Somme toute, c’est un travail d’envergure qui attend Elisa Loncon Antileo. L’élaboration d’une nouvelle Constitution peut être un processus très long et difficile. Il sera intéressant de constater les progrès qui auront été accomplis et, par la suite, de voir les effets directs de ces changements sur la population chilienne.
(1) AFP, « Les Chiliens plébiscitent un changement de Constitution », Radio-Canada, 25 octobre 2020, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1744053/democ... , consulté le 21/10/2021
(2) PAUL, Gabrielle, « Une Autochtone à la tête des travaux de réécriture de la Constitution au Chili », Radio-Canada, 17 juillet 2021, https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/18... , consulté le 21/10/2021
(3) G1, « Postgraduate indigenous academics abroad: meet Elisa Loncon, president of the Constituent assembly of Chile », Globo, 5 juillet 2021, https://g1.globo.com/mundo/noticia/2021/07/05/acad... , consulté le 21/10/2021
(4) ARANDA, Claudia, « Mapuche woman elected president of the Chilean Consitutional Convention », Pressenza, 5 juillet 2021, https://www.pressenza.com/2021/07/mapuche-woman-el... , consulté le 21/10/2021
(5) The Editors of Encyclopaedia Britannica, « Mapuche - people », Encyclopédie Britannica, 4 août 2021, https://www.britannica.com/topic/Mapuche , consulté le 21/10/2021
loc.cit.
(6) TU, Jessie, « Indigenous academic Elisa Loncon elected to re-write Chile’s constitution », Women’s Agenda, 4 août 2021, https://womensagenda.com.au/latest/indigenous-acad... , consulté le 21/10/2021
(7) PISCOPO, Jennifer M. et Peter Siavelis, « Chile abolishes its dictatorship-era constitution in groundbreaking vote for a more inclusive democracy », The Conversation, 20 octobre 2020, https://theconversation.com/chile-abolishes-its-di... , consulté le 21/10/2021
(8) FONTAINE, Justine, « Chili: une nouvelle épine dans le pied de l’assemblée constituante », RFI, 21 septembre 2020, https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20210921-chil... , consulté le 21/10/2021
Dernière modification: 2021-11-09 12:06:42
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