En 2019, le Comité international olympique (CIO) a voté en faveur de la tenue des Jeux olympiques (JO) et paralympiques d’hiver de 2026 à Milan et Cortina. Les activités sportives des JO se dérouleront du 6 au 22 février 2026 et du 6 au 15 mars 2026 pour les Jeux paralympiques [1]. Les épreuves se tiendront dans le nord du pays, au sein des deux régions les plus riches d’Italie, la Lombardie (Milan) et la Vénétie (Cortina). Les infrastructures s'appuieront sur d’anciens sites utilisés lors de grandes compétitions internationales antérieures, comme Cortina, Bormio et Anterselva [2]. Le site sera le plus étendu de l’histoire des JO, réparti sur 22 000 km carrés et s’étendant aussi aux provinces du Trentin et de Bolzano [3].
Un duel entre deux villes
En 2026, l’Italie accueillera pour la troisième fois de son histoire les Jeux olympiques d’hiver. Elle était hôte de l’édition de Cortina en 1956 et de celle de Turin en 2006 [4]. Elle a d’ailleurs hébergé les JO d’été, pour la seule et unique fois, à Rome en 1960 [5]. Étant favorites lors du vote du CIO en 2019, Milan et Cortina ont gagné la présentation des jeux de 2026 par 47 voix contre 34 [6].
Beaucoup de villes avaient posé leur candidature, comme Calgary (Canada), Graz (Autriche), Sapporo (Japon), Sion (Suisse), Erzurum (Turquie) et Stockholm/Are (Suède). Seulement, toutes sauf Erzurum, écartée par le CIO en 2018, et Stockholm se sont retirées par peur des coûts et par manque de soutien populaire. Il restait la candidature de Stockholm, qui provoquait des questionnements sur les garanties financières de l’État [7].
Dépassement des coûts
Milan et Cortina n’échappent pas aux dépassements des coûts financés par la population italienne. Les améliorations les plus coûteuses des anciens sites ne sont pas incluses dans le budget officiel des JO, faisant grimper la facture des contribuables italiens. Par exemple, la rénovation de la piste de glisse historique de Cortina servant aux épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton a été évaluée à plus de 80 millions d’euros. Thomas Bach, président du CIO, voit ces coûts comme « un projet touristique et sportif qui se poursuivrait de toute façon et indépendamment des Jeux olympiques d'hiver [8] ».
Au total, c’est un financement de 1 milliard d’euros qui avait été budgété en 2020 par la ministre des Infrastructures et des Transports, Paola De Micheli, pour les travaux et la modernisation des sites des Jeux olympiques, des routes et des voies ferroviaires du nord de l’Italie [9]. Depuis, plusieurs enveloppes ont été rajoutées au financement, le gouvernement blâmant la crise de la Covid-19 et les conséquences de la crise économique d’être les coupables de l’augmentation des investissements. Ceux-ci sont perçus comme nécessaires à la lumière de l’inflation et de la hausse du prix des matières premières [10]. La dernière enveloppe remonte au 4 août 2022, lorsque l’ancien gouvernement de Mario Draghi a annoncé 400 millions d’euros supplémentaires pour les travaux d’infrastructures des Jeux olympiques de 2026. Avec ces ajouts, le financement de l’État s’élève à plus de 2 milliards d’euros [11].
Un emplacement de choix
Plusieurs raisons ont porté à octroyer à Milan et Cortina la tenue des JO d’hiver de 2026. Premièrement, Cortina d’Ampezzo a déjà reçu les JO d’hiver en 1956. Elle détient donc déjà des infrastructures historiques ayant besoin de réparation. Cet emplacement permet alors de réduire la facture et le nombre de lieux qui ne seront plus utilisés par la suite [12].
Il faut noter que l’Italie du Nord, grâce à l’octroi des jeux, souhaite devenir un pôle d’excellence mondial pour les sports d’hiver [13]. En rénovant l’ancienne piste de course de bobsleigh, la région aspire à accueillir la Coupe du monde de ce sport à Cortina en 2026-2027 [14]. Finalement, l’enveloppe gouvernementale permettra de revitaliser le nord du pays, notamment par une mise à niveau des infrastructures de communication [15].
Des retards administratifs
D’ici 2026, de nombreux défis restent à surmonter. Giorgia Meloni, nouvelle dirigeante de la coalition de droite et d’extrême droite, devra nommer un nouveau directeur général des jeux de 2026 [16]. C’est un poste clé à pourvoir depuis plusieurs mois, car l’ex-président du Conseil avait décidé de laisser au prochain gouvernement le choix de la nomination [17]. En mars 2022, le président du Comité national olympique italien, Giovanni Malago, était déjà inquiet des retards administratifs qui finissent par retarder les travaux d’infrastructures. Il affirme : « On est en retard. Trois ans sont passés depuis la désignation de Milan et Cortina et pas un seul chantier n'est encore sorti de terre. Je suis très préoccupé [18]. »
L’emplacement de la piste de patinage de vitesse reste aussi une question à résoudre. La piste de Baselga di Piné a l’avantage de réduire les coûts, mais un souci de proximité avec les autres sites des JO ne permet pas de trancher la question définitivement [19]. Une piste extérieure est d’ailleurs envisagée, comme aux Jeux d’Albertville en 1992. De plus, le manque de commanditaires est une autre embuche à esquiver pour les organisateurs des JO de 2026 [20].
Finalement, Giorgia Meloni s’est voulue rassurante lors de la dernière rencontre rassemblant le Comité organisateur des Jeux olympiques à Rome, le 29 septembre 2022. Démontrant sa volonté pour des jeux réussis, elle affirme que : « L’Italie est plus que capable d’organiser des Jeux magnifiques et nous avons à cœur d’impressionner à nouveau le monde [21]. »
Médiagraphie
[1] Milano Cortina 2026, Quand commenceront les jeux?, 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[2] Bernaudeau, Eric et Agence France-Presse, « Les Jeux olympiques d'hiver 2026 attribués à Milan/Cortina », TVA Nouvelles, 24 juin 2019, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[3] La Presse canadienne, « L’organisation des JO de 2026 apporte plusieurs défis », Radio-Canada, 16 septembre 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[4] Milano Cortina 2026, Les jeux olympiques d’hiver du passé, 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[5] Perspective Monde, « Ouverture des Jeux olympiques d'été de Rome », [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[6] Les Échos, « Les Jeux Olympiques d'hiver 2026 attribués à Milan/Cortina », 24 juin 2019, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[7] Loc. cit.
[8] La Presse canadienne, op. cit.
[9] Bernardi, Kevin, « Milan-Cortina 2026 : Le gouvernement italien débloque 400 M€ supplémentaires », Sport et Société, 6 aout 2022, [hyperlien] href='/./bilan/servlet/BMDictionnaire/1495'>gouvernement-italien-debloque-400-me-supplementaires/, consulté le 10/10/2022.
[10] Loc. cit.
[11] Loc. cit.
[12] La Presse canadienne, op. cit.
[13] Milano Cortina 2026, À propos des jeux, 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[14] La Presse canadienne, op. cit.
[15] Bernardi, Kevin, « Milan-Cortina 2026 : Le gouvernement italien débloque… », op. cit.
[16] Bernardi, Kevin, « Milan-Cortina 2026 : Thomas Bach à la rencontre de Giorgia Meloni », Sport et Société, 2 octobre 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[17] Bernardi, Kevin, « Milan-Cortina 2026 : La nomination du nouveau Directeur Général retardée », Sport et Société, 6 septembre 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[18] Liégard, Fabrice, « JO 2026 : le premier chantier en vue des Jeux olympiques d'hiver vient d'ouvrir à Milan, sans lever les doutes », Franceinfo, 29 mars 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[19] Francs Jeux, « Thomas Bach, un allié de poids pour Milan-Cortina 2026 », 19 septembre 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
[20] La Presse canadienne, op. cit.
[21] Bernardi, Kevin, « Milan-Cortina 2026 : Thomas Bach à la rencontre de… », op. cit.
Autres références
Milano Cortina 2026, Les lieux, 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
Milano Cortina 2026, Sport, passion et territoire, 2022, [hyperlien] consulté le 10/10/2022.
Dernière modification: 2022-10-17 12:42:07
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