Vadim Bakatin, dernier président de la police politique de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), le KGB, est décédé à Moscou le 31 juillet 2022 [1]. Après le coup d’État raté de 1991, l’ex-président Mikhaïl Gorbatchev avait proposé à Bakatin de diriger le KGB pour le réformer. Le but de Bakatin était de réduire la taille et la puissance de cette agence de renseignements [2]. Il a dirigé le KGB quelques mois seulement, avant que l’URSS ne chute. Après la dislocation de l’Union soviétique, le KGB s’est séparé en plusieurs entités distinctes.
Plusieurs visions
Vadim Bakatin n’est pas resté longtemps à la tête du KGB. Pourtant, il a marqué l’histoire de cette institution gouvernementale. Né dans la Russie profonde, Bakatin a occupé de nombreux postes au sein du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) au cours de sa vie [3]. Il parvient à la fin des années 1980 à intégrer le cercle rapproché de Mikhaïl Gorbatchev, alors secrétaire général du PCUS.
Juste avant d’intégrer le KGB, Vadim Bakatin s’est présenté à l’élection présidentielle de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) de 1991. Il prône notamment la « préservation de l’Union soviétique [4] » dans son programme, mais il obtient de piètres résultats. C’est après cela qu’il dirigera la police politique, connue sous le nom de KGB.
Depuis la Tchéka de Vladimir Ilitch Lénine, la police politique joue un rôle important dans la politique soviétique [5]. Et Vadim Bakatin a changé bien des choses au sein du KGB, mais, selon les interprétations, plusieurs visions s’affrontent. Selon des médias occidentaux, Vadim Bakatin a fait un « geste de bonne volonté en donnant aux États-Unis un sac rempli de dispositifs d’écoute et des plans montrant comment le KGB avait mis sous écoute l’ambassade américaine à Moscou [6] ». On le présente comme un homme qui ne tolère pas la corruption, et qui a fait plusieurs gestes de bonne volonté [7].
De l’autre côté du spectre, l’agence de presse russe Tass, affiliée au gouvernement, rapporte les paroles d’un certain Alexander Mikhaïlov, qui affirme que « sous Bakatin, les noms des agents du KGB ont été déclassifiés, des secrets et des documents confidentiels ont été rendus publics, des vies ont été gâchées, le principe de travail des services secrets a été brisé et nos alliés trahis [8] ».
Selon un média du gouvernement, Rossiskaïa Gazeta, « Bakatin ne s’est jamais justifié lorsqu’il a été accusé de presque trahison pour avoir transmis des secrets aux Américains [9] ».
Le contexte dans lequel Vadim Bakatin a travaillé au sein du KGB est particulier, car il est arrivé quelques mois seulement avant la dislocation de l’URSS. Même en tentant de réformer le KGB, il n’a pas eu le temps de montrer ce qu’il aurait pu faire de cette institution. Lorsque l’URSS s’est effondrée, Bakatin a été placé chef du service de sécurité inter-républicain [10]. Celui-ci fut aboli quelques semaines plus tard, marquant la fin de la carrière de Bakatin.
Une institution sanglante
Depuis sa création sous Lénine, la police politique de l’URSS a connu de nombreux noms. Mais peu importe le nom, l’utilité était la même : semer la terreur pour garder le peuple sous contrôle [11]. Des millions de personnes ont été arrêtées ou fusillées par cet organe du Parti communiste au fil des années.
Avec la fin de l’URSS, le KGB a été dissous, puis a été remplacé par plusieurs organes. Parmi eux, on retrouve le FSB, un service de sécurité domestique, ainsi que le SVR, ou le service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie [12]. À la tête du FSB lors de sa création en 1995, on retrouve un ancien du KGB, l’actuel président russe, Vladimir Poutine [13]. Celui-ci considère d’ailleurs réunir le FSB et le SVR en un seul organe, le ministère de la Sécurité de l’État, un nom qui avait été utilisé par Joseph Staline.
Médiagraphie
[1] Егоров, Иван, « В Москве умер последний председатель КГБ СССР Вадим Бакатин », Rossiskaïa Gazeta, 31 juillet 2022, traduit par Google, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[2] Risen, Clay, « Vadim V. Bakatin, the Last Chairman of the K.G.B., Dies at 84 », The New York Times, 20 août 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[3] Yermilin, Peter, « Le dernier président du KGB meurt à Moscou à l'âge de 84 ans », Pravda, 1 août 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[4] loc.cit.
[5] Dubois-Sénéchal, Isaïe-Nicolas, « La nouvelle Russie » [notes prises dans le cours POL243], Université de Sherbrooke, Sherbrooke, 6 septembre 2022
[6] Trevelyan, Mark, « Vadim Bakatin, last head of Soviet KGB, dies at 84 », Reuters, 1 août 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[7] Risen, Clay, op.cit.
[8] « Last KGB chief Bakatin dies aged 85 », Tass Russian News Agency, 1 août 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[9] Егоров, Иван, op.cit.
[10] Yermilin, Peter, op.cit.
[11] Bédeï, Jean-Pierre, « La véritable histoire des services secrets soviétiques », Hérodote, 18 juin 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[12] « KGB », History, 1 mars 2018, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
[13] Caulin, Charlotte, « KGB : ce que vous ne saviez peut-être pas sur le principal service de renseignements de l’URSS », GEO, 27 septembre 2022, URL [hyperlien] consulté le 20/10/22
Dernière modification: 2022-11-07 11:59:17
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