Le 7 février 2023, le Mali a accueilli le ministre des Affaires étrangères russes lors de son séjour sur le continent africain (1). Sergueï Lavrov a commencé son voyage en Afrique du Sud et l’a poursuivi en Eswatini, en Angola et en Érythrée (2). Cette visite a pour but de consolider la relation stratégique entre ces deux États, puisque la Russie est le principal partenaire du Mali depuis le coup d’État en 2021(3). Durant ces discussions, Lavrov a notamment annoncé offrir davantage d’aide militaire contre la lutte au terrorisme qui sévit sur le territoire malien.
Des promesses économiques et militaires pour le Mali
Quelques heures avant l’arrivée du ministre des Affaires étrangères russes, le gouvernement malien a annoncé l’expulsion du chef de la division des droits de l’Homme de la mission des Nations unies au Mali (4). On remet en cause sa partialité compte tenu d’une dénonciation à l’ONU sur « l’implication de l’armée russe dans de graves violations, sur le territoire malien, des droits de l’Homme et du droit international (5) ». Le thème de la sécurité, notamment la lutte au terrorisme, était l’un des enjeux principaux des discussions. Sergueï Lavrov a donc affirmé que le Mali recevra de l’armement ainsi qu’une centaine de militaires russes (6).
Durant cette visite, le Mali et la Russie se sont entendus sur un partenariat économique. Le Mali, étant le premier producteur de coton sur le continent africain, Lavrov a promis de l’aider à s’approvisionner en blé et en engrais puisque la culture de coton en nécessite (7). Plus précisément, l’accord est en processus afin d'offrir une livraison de 35 tonnes d’engrais et 50 tonnes de blé (8). Les deux États auront également l’occasion de développer leur relation davantage autour des mines, du pétrole et de l’énergie (9).
La Russie utilise aussi l’aspect militaire pour gagner de l’influence. L’objectif partagé par ces pays est la lutte au terrorisme. Lavrov n’a pas hésité à proposer de l’aide militaire pour les États de la région du Sahel qui sont également touchés par le terrorisme (10). Les djihadistes sont omniprésents dans cette région, ils souhaitent prendre le pouvoir pour modifier la structure étatique afin que l’islam y soit davantage présent (11). Pour ce faire, ceux-ci utilisent la force et les armes, ce qui provoque un nombre incalculable de morts. Il est donc nécessaire pour le Mali d’avoir un partenaire capable de repousser ces troupes terroristes.
La lutte au terrorisme, un intérêt commun
Le jeudi 17 février 2022, la France a retiré toutes ses troupes militaires au Mali après plus de 9 ans en fonction (12). Cette décision a été prise à la suite des visions différentes des deux États, dont la présence de mercenaires du groupe russe Wagner, bien que le Mali nie cette affirmation (13). Celui-ci les qualifie d’instructeurs. La France perd de plus en plus de terrain en Afrique. Selon un média français, la désinformation russe en serait une cause (14). Le Mali n’a donc plus l’aide d’une puissance contre les djihadistes sur son territoire. N’étant pas le pays le plus apprécié à ce moment à cause de la guerre en Ukraine, la Russie, est pour sa part à la recherche d’alliés.
Avec les groupes terroristes, les pays d’Afrique ne sont pas dans une position de refuser toute aide militaire ou économique. Il est primordial pour la Russie d’enclencher une opération d'influence en Afrique. On pourra donc compter sur la présence du Mali durant le Sommet Russie-Afrique qui aura lieu en juillet 2023 (15).
Sur le plan militaire, les Maliens peuvent compter sur une certaine expertise des Russes, grâce à leurs militaires et à de l’armement. Le Mali a déjà reçu des ressources militaires considérables, telles que des avions de combat et des hélicoptères (16). Économiquement, le Mali est un pays qui ne peut se passer de l'aide d'un autre État, notamment en matières premières. Cela pourra lui permettre d’augmenter sa production en coton notamment. Le ministre Sergueï Lavrov continuera sa tournée en Mauritanie (17). Dans sa quête d’influence, quelles seront les prochaines promesses de la Russie pour consolider des alliances?
Médiagraphie
1. Bensimon, Cyril, « Au Mali, Sergueï Lavrov cible les Occidentaux », Le Monde, 9 février 2023, URL [hyperlien] Consulté le 11/09/2023
2. loc.cit.
3. loc.cit.
4. Le Monde et AFP, « La junte malienne expulse le directeur de la division des droits de l’homme de la mission de l’ONU », Le Monde Afrique, 5 février 2023, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/2023
5. loc.cit.
6. Sidiki Haidara, Boubacar et Laurent Larcher, « Lune de miel entre le Mali et la Russie », La Croix, 9 fevrier 2023, URL [hyperlien] href='/./bilan/servlet/BMPays/MLI'>Mali-Russie-lune-miel-entre-deux-pays-2023-02-08-1201254306 Consulté le 11/09/23
7. loc.cit.
8. Faivre, Agnès, « Entre le Mali et la Russie, "c'est du collé-serré"», Courrier international, 7 février 2023, URL [hyperlien] Consulté le 11/09/ 2023
9. Sidiki Haidara, Boubacar et Laurent Larcher, op. cit.
10. Daniel, Serge et RFI, « À Bamako, la Russie réaffirme son alliance avec le Mali et voit plus grand au Sahel », 8 février 2023, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/2023
11. Deloy, Corinne, « L'Afrique, le prochain califat ? - La spectaculaire expansion du djihadisme. Entretien avec Luis Martinez », SciencesPo, 28 avril 2023, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/23 Consulté le 18/09/2023
12. France 24, « La France et ses partenaires annoncent leur retrait militaire du Mali », 17 Février 2022, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/2023
13. Sampson, Ximena, « Que fait le groupe Wagner en Afrique? », Radio-Canada, 10 mai 2023, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/2023
14. de Barochez, Luc, « Pourquoi l’Afrique repousse la France », Le Point, 21 janvier 2023, URL [hyperlien] Consulté le 18/09/2023
15. Sidiki Haidara, Boubacar et Laurent Larcher, op. cit.
16. loc.cit.
17. ibid., p.3
Autre référence
Reuters, « Mali- Le ministre russe des Affaires étrangères attendu lundi à Bamako », 5 février 2023, URL [hyperlien] Consulté le 11/09/ 2023
Dernière modification: 2023-09-25 15:42:29
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