10 avril 2025

3 décembre 2024

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Un avenir vert au Chili

L'importance croissante des énergies renouvelables dans la lutte contre le changement climatique et pour la transition énergétique mondiale a poussé de nombreux pays à repenser leurs modèles. Le Chili se distingue en 2024 par sa politique ambitieuse de transition énergétique [1]. Il a non seulement l'intention de répondre à ses propres besoins en utilisant des sources renouvelables, mais il cherche également à devenir un leader dans la production et l'exportation d'énergie verte, notamment en raison de ses vastes ressources naturelles [2].

Un changement nécessaire

Le Chili a longtemps été dépendant des énergies fossiles, notamment du charbon, pour répondre à sa demande énergétique. Depuis le début des années 2000, le pays a cependant amorcé un virage stratégique vers les énergies renouvelables. Il est motivé par la nécessité de diversifier son mix énergétique, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’assurer une plus grande sécurité énergétique [3].

Le Chili possède des conditions naturelles favorables pour développer les énergies renouvelables. Sur le plan de l’énergie solaire, la région du désert d'Atacama est un des endroits les plus secs et ensoleillés du monde. C’est un lieu idéal pour l’implantation de grandes centrales solaires. Cette région pourrait répondre à une grande partie des besoins énergétiques du pays [4]. En matière d’énergie éolienne, le Chili dispose aussi d’un immense potentiel grâce à la présence de vents forts et constants dans le sud, notamment dans la région de Magallanes et dans la Patagonie [5]. Les énergies géothermiques sont également des sources prometteuses, étant donné la géologie volcanique du pays [6].

En 2020, environ 20 % de la production d’électricité du Chili provenait de sources renouvelables, un pourcentage qui a connu une croissance rapide ces dernières années [7]. Le pays est désormais un leader mondial en matière de production d’énergies solaire et éolienne. En 2023, plus de 30 % de l’électricité chilienne était d'origine renouvelable, et il est prévu qu’en 2040 cette part atteigne 70 %, avec un objectif d’atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 [8].

Le passage aux énergies renouvelables au Chili n’est pas seulement motivé par des préoccupations environnementales, mais aussi par des considérations économiques et géopolitiques. D'une part, l’augmentation de la demande énergétique a incité à rechercher une alternative à l’énergie fossile. D'autre part, le pays étant fortement dépendant des importations de combustibles fossiles, la diversification de son mix énergétique lui permet de réduire cette dépendance et d'améliorer sa sécurité énergétique [9].

La transition vers les énergies renouvelables permet également au Chili de répondre à ses engagements climatiques internationaux, en particulier dans le cadre de l'Accord de Paris. La diminution des émissions de gaz à effet de serre est une priorité nationale, et l’exploitation des énergies renouvelables est une réponse claire aux préoccupations liées au changement climatique [10].

Un leader international

Le Chili a mis en place plusieurs politiques et initiatives pour encourager la production d'énergies renouvelables, notamment des incitations fiscales et des mécanismes réglementaires favorables.

La Loi sur l'énergie renouvelable non conventionnelle (ERNC), entrée en vigueur en 2008, a permis de donner un coup de pouce à l'essor des énergies renouvelables, en particulier solaire et éolienne. Cette législation offre des incitations fiscales pour les projets d’énergie renouvelable, notamment des réductions d’impôts pour les investisseurs, ainsi que des garanties pour les producteurs d’énergie en matière de prix d’achat et d’accessibilité aux réseaux de transmission [11].

En 2015, le Chili a introduit des objectifs ambitieux pour le secteur de l’énergie. En vertu du Plan de transition énergétique 2050, le pays s’engage à réduire de manière significative la part des énergies fossiles dans son mix énergétique, notamment en éliminant les centrales à charbon d’ici 2040. Ce plan prévoit une augmentation substantielle de la part des énergies renouvelables, avec un objectif de 70 % d'énergie propre dans le mix énergétique du pays d'ici 2050 [12].

Le Chili est également un terrain fertile pour les investissements dans les énergies renouvelables grâce à une politique ouverte aux investissements étrangers. Le gouvernement a facilité l’entrée des investisseurs privés dans le secteur de l’énergie renouvelable, et le pays attire de plus en plus de capitaux étrangers [13]. Les partenariats public-privé ont joué un rôle essentiel dans l’accélération des projets d'infrastructure.

Le Chili est devenu un centre d’investissement mondial dans l’énergie verte, attirant non seulement des entreprises locales, mais aussi des multinationales spécialisées dans l’énergie renouvelable. Selon des experts, le soutien de l’État, combiné à un cadre réglementaire stable, a permis d’augmenter la compétitivité du secteur de l’énergie renouvelable et de réduire les coûts, rendant ces technologies plus accessibles pour les consommateurs [14].

Un transfert coûteux

Malgré ses progrès impressionnants, le Chili fait face à plusieurs défis qui menacent de freiner la réussite de sa transition énergétique. Ils sont principalement liés à l’infrastructure nécessaire pour intégrer efficacement les énergies renouvelables dans le réseau national ainsi qu’à la gestion de l'intermittence de certaines sources d'énergie [15].

Un des principaux obstacles à l’expansion des énergies renouvelables au Chili est la question de l’infrastructure de transmission. Bien que le pays possède une grande capacité de production d’énergie renouvelable, celle-ci est souvent située dans des zones éloignées, comme le désert d'Atacama ou la Patagonie, loin des centres de consommation. Le Chili doit donc investir massivement dans l’amélioration de ses réseaux de transmission pour transporter l’électricité produite vers les zones urbaines et industrielles [16].

Le réseau de transmission actuel est insuffisant et vieillissant. De plus, la capacité de stockage de l’énergie est limitée, ce qui rend le système vulnérable aux fluctuations de production liées à la variabilité des ressources renouvelables. Selon des experts, la mise en place de nouvelles infrastructures de transmission et des solutions de stockage d'énergie, telles que les batteries et autres technologies avancées, constituent une priorité pour garantir un approvisionnement énergétique stable [17].

Les énergies renouvelables sont par nature intermittentes. En d’autres termes, leur production dépend des conditions climatiques, ce qui peut créer des déséquilibres entre l’offre et la demande d’électricité. Au Chili, la gestion de cette intermittence représente un défi majeur. Le pays doit investir dans des technologies de gestion de l’intermittence, comme les batteries de stockage, les centrales hybrides combinant différentes sources d’énergie, et les mécanismes de réponse à la demande, afin d’assurer un approvisionnement stable et fiable [18].

Cela dit, l'avenir des énergies renouvelables au Chili s'annonce particulièrement prometteur. Le pays bénéficie de conditions géographiques et climatiques exceptionnelles, notamment grâce à son ensoleillement abondant dans le nord et à ses vents forts dans le sud. Ce qui en fait un site idéal pour l'exploitation des énergies solaire et éolienne. Selon des analystes, le Chili se met en position d’être un leader international dans la transition vers l’énergie verte et s’il continue à avoir du succès, les partenariats internationaux vont continuer à se développer [19].

Médiagraphie

[1] BERSALLI, German, Chili, Un acteur émergent clef dans le secteur des énergies renouvelables, Climate Chance, publié en 2019, [hyperlien] consulté le 28 novembre 2024

[2] loc. cit.

[3] LIM, Mary, With COP25 in Full Swing, a Look at Chile’s Energy Transition, Kleinman Center for Energy Policy, publié le 11 décembre 2019, [hyperlien] consulté le 28 novembre 2024

[4] BERSALLI, German, op. cit.

[5] World Resources Institute, Chile: Incorporating a Just Transition into Chile’s Nationally Determined Contribution, publié le 1er avril 2021, [hyperlien] consulté le 28 novembre 2024

[6] loc. cit.

[7] CONLEY, Timothy, How Chile is becoming a leader in renewable energy, World Economic Forum, publié le 4 janvier 2024, [hyperlien] consulté le 29 novembre 2024

[8] loc. cit.

[9] IEA, Chile’s renewable energy potential promises multiple benefits for the country, according to latest IEA country review, publié le 23 janvier 2018, [hyperlien] consulté le 29 novembre 2024

[10] loc. cit.

[11] ARZE, Luis, Renewable Energy in Chile, CMS law, publié le 22 février 2024, [hyperlien] consulté le 1 décembre 2024

[12] VON HATZFELDT, Sophie, Renewable Energy in Chile: Barriers and the Role of Public Policy, Columbia University, publié le 17 avril 2023, [hyperlien] consulté le 1 décembre 2024

[13] loc.it.

[14] Invest Chile, Chile is the most attractive country for investment in renewables, publié le 16 novembre 2022, [hyperlien] consulté le 1 décembre 2024

[15] LUENGO TRONCOSO, Sebastian, The Chilean Case on Improving Power Transmission Within the Non-Conventional Renewable Energies Paradigm, The Energy Bar Association, publié le 14 novembre 2022, [hyperlien] consulté le 1 décembre 2024

[16] WAJSBROT, Sharon, Du charbon aux renouvelables, le pari du Chili en zone de turbulence, Les Echos, publié le 7 juin 2024, [hyperlien] consulté le 24 novembre 2024

[17] loc. cit.

[18] BARTLETT, John, Energy storage is a challenge and an opportunity for Chile, Dialogue Earth, publié le 15 août 2024, [hyperlien] consulté le 1er décembre 2024

[19] ARZE, Luis, loc.cit.



Dernière modification: 2024-12-09 10:41:40

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