Le Gabon est un pays de l'Afrique centrale. Il partage ses frontières avec la Guinée équatoriale, le Cameroun et le Congo Brazzaville. Il a aussi un accès sur l'océan Atlantique, ce qui rend la communication plus facile avec les autres pays du golfe de Guinée.
Ce petit pays d'Afrique a obtenu son indépendance le 17 aout 1960. Le premier président fut monsieur Léon Mba de 1960 jusqu'à sa mort, en 1967. M. Albert Bernard Bongo prit le pouvoir à ce moment-là, conformément à la Constitution. M. Bongo est un personnage controversé dans son pays, mais aussi à travers le monde. Avec ses 40 ans à la tête du Gabon, il devient le chef d'État qui a été le plus longtemps au pouvoir. Il est intéressant de jeter un regard sur sa présidence et analyser les deux cotés de la médaille.
Qui est Omar Bongo?
Monsieur Albert Bernard Bongo est né le 30 décembre 1935 à Lewai, dans la province du Haut Ogooué. Il est le dernier d'une famille de 12 enfants. Son père, cultivateur, meurt alors que M. Bongo n'avait que sept ans. Il est placé chez un tuteur jusqu'à ce qu'il soit en âge de rentrer au lycée. Les gens chez qui il vit refusant de le laisser continuer ses études, il s'en va alors à Brazzaville pour étudier au lycée technique. Après avoir servi dans l'armée de l'air française au Tchad, il retourne au Gabon et intègre le ministère des Affaires étrangères. Le président, M. Mba, remarque son bon travail et il accède au poste de directeur de Cabinet. Le 24 septembre 1965, M. Bongo devient ministre délégué à la présidence et responsable de la Défense nationale et de la Coordination(1).
Le 2 décembre 1967, il devient président de la république, conformément à la Constitution, à la mort du président (2). En 1973, il se convertit à l'islam par conviction personnelle, mais aussi pour rallier les 40 groupes que l'on retrouve sur le territoire gabonais. Il change son nom et devient El Hadj Omar Bongo (3).
Les succès du «père des Gabonais»
L'Afrique est divisée par des guerres et des revendications tribales depuis la création de ses frontières par les colons français. Ces derniers n'avaient pas tenu compte des différences ethniques et culturelles lorsqu'ils ont tracé les frontières et qu'ils ont créé le pays. Pour éviter les déchirements qui se faisaient sentir au Gabon, M. Bongo créa, le 12 mars 1968, un parti unique, le Parti démocratique gabonais. Il a agi de cette façon car les nombreux partis qui se créaient au Gabon étaient tous à connotation tribale (4). Afin d'éviter une guerre civile et des déchirements dans la population, m. Bongo instaura un parti unique. Vingt-deux ans plus tard, à cause des pressions internationales et intérieures, il réinstaure le multipartisme. «En 1991, une nouvelle constitution instituant un régime semi-présidentiel est adoptée à l'Assemblée nationale. Elle garantit les libertés individuelles et publiques mais interdit la formation de partis politiques d'origine ethnique» (5).
Dans ce même esprit de ralliement de la patrie, M. Bongo entreprend, à son arrivée à la présidence, la construction du Transgabonais. C'est un réseau ferroviaire, de 500 kilomètres, qui relie Libreville à Franceville. Il traverse donc tout le pays. À partir de son inauguration, en 1986, tout le peuple gabonais pouvait être en contact et se déplacer. Il n'y a eu aucune discrimination lors du tracé du trajet. En plus d'être un moyen de rapprocher le peuple gabonais, le Transgabonais est surtout un outil de commerce. Il permet le transport des marchandises de la côte jusqu'aux frontières du pays.
Afin que le train ait une raison d'être économique, M. Bongo commence ensuite la construction d'un port à Owendo. Il est inauguré le 30 septembre 1988.
Une autre réussite du président Bongo est la scolarisation de son peuple. En effet, le Gabon est l'un des rares pays d'Afrique où le taux de scolarisation tourne autour des 90%. Cela est dû aux efforts et aux investissements du gouvernement dans l'éducation qui est l'un de ses chevaux de bataille. Un peuple scolarisé permettra au Gabon de se moderniser et de s'enrichir. Les étudiants qui désirent étudier à l'étranger ont le droit à une bourse qui leur permet de payer les frais de scolarité et les autres frais impliqués lorsque l'on vit loin de sa famille.
Les échecs
Bien que le sous-sol gabonais soit riche en pétrole, le pays reste quand même très pauvre. Le palais présidentiel tombe en ruine, les routes ne sont pas asphaltées et les infrastructures se détériorent de plus en plus.
Par contre, les comptes en banque du président de la république se portent très bien. En 1997, la Federal Reserve Bank décide, en effet, de saisir le Bureau du contrôle monétaire (OCC) pour vérifier les comptes de M. Bongo à la Citibank (6). Cette enquête a révélé des fonds de centaines de millions de dollars et des comptes en banque au nom de différentes compagnies. Derrière tous ces comptes, se retrouve le nom du président du Gabon. L'enquête se révèle difficile, mais après des recherches approfondies et la découverte d'une correspondance par courriel, les enquêteurs commencent à voir plus clair. En 1995, 8,5% du budget annuel du Gabon, soit 111 millions de dollars, a été mis à la disposition de M. Bongo : «Les fonds gouvernementaux du Gabon sont bien la source première des avoirs se trouvant sur les comptes d'Omar Bongo» (7).
À la lumière de cette enquête, on comprend que le Gabon ne se modernise pas malgré ses nombreuses richesses. Le président et ses proches sont ceux qui profitent des fonds gabonais. Pour pouvoir réussir dans ce pays, il faut être proche du gouvernement.
L'exemple de M. Hassan Hejeij, un entrepreneur libanais, semble appuyer nos dires. Le gouvernement gabonais a placé des appels d'offres pour la construction de ponts métalliques sur son territoire. À trois reprises, les firmes des Hauts-de-Seine ont soumissionné pour avoir le contrat, mais ce fut la compagnie de M. Hejeij qui l'a obtenu (8). Ce qui est surprenant dans cette affaire c'est que celle-ci n'a aucune compétence pour la construction de ponts. L'entrepreneur libanais a eu, vraisemblablement, ces contrats car il est un ami proche du président Bongo.
Bref, le Gabon est au 60ème rang des pays les plus endettés au monde, mais les dépenses exubérantes de M. Bongo et de ses proches ne vont pas en diminuant (9).
Avec le départ de Fidel Castro, M. Omar Bongo est aujourd'hui le président qui a été le plus longtemps au pouvoir au monde. De 1967 à 2008, il a servi son pays. C'est un personnage controversé, parfois aimé, parfois détesté, et qui laisse un héritage complexe à son peuple. D'ailleurs, il semble que les Gabonais veulent garder le «vieux» au pouvoir pour éviter une déstabilisation du pays et des guerres tribales. C'est l'après Bongo qui fait peur.
1- Omar Bongo : site officiel, mise à jour le 23 février 2008, http://www.omarbongo.org/index.php, consultée de 23 février 2008
2- Loc. cit.
3- Loc. cit.
4- Omar Bongo : site officiel, mise à jour le 23 février 2008, http://www.omarbongo.org/l-oeuvre-de-omar-bongo-ondimba.php, consultée le 23 février 2008
5- Loc. cit.
6- S.A, «Les faramineux comptes secrets d'Omar Bongo», L'Express, n°2553, jeudi 8 juin 2000, p.130
7- Loc. cit
8- Éric Fottorino, «Charles Pasqua l'Africain», Le Monde, Horizons, vendredi 3 mars 1995, p.13
9- Central intelligence agency, mise à jour le 28 février 2008, https://www.cia.gov/library/publications/the-world... consultée le 1er mars 2008
Autres références
Central intelligence agency, mise à jour le 28 février 2008, https://www.cia.gov/library/publications/the-world... consultée le 1er mars 2008
DUTEIL Mireille, «Les étrangers font leurs valises», Le Point, Monde, n°1171, samedi 25 février 1995, p. 058
FOTTORINO Éric, «Charles Pasqua l'Africain», Le Monde, Horizons, vendredi 3 mars 1995, p.13
Omar Bongo : site officiel, mise à jour le 23 février 2008, http://www.omarbongo.org/index.php, consultée de 23 février 2008
PERONCEL HUGOZ Jean Pierre, «Le Gabon vu du train», Le Monde, Monde, samedi 25 février 1989, p.13
S.A, «Les faramineux comptes secrets d'Omar Bongo», L'Express, n°2553, jeudi 8 juin 2000, p.130
S.A, «After Castro, many world's longest-serving leaders are in Africa», The Canadien Press, mardi 19 février 2008.
TREMBLAY Jean-Louis, «Omar Bongo, le doyen de l'Afrique», Le Figaro magazine, n°18980, vendredi 12 aout 2005, p. 14-16
TUQUOI Jean-Pierre, «La bande à Bongo», Le Monde, Horizons, lundi 28 novembre 2005, p.16
Wikimedia Foundation Inc., mise à jour le 28 janvier 2008, http://fr.wikipedia.org/wiki/Transgabonais, consultée le 12 mars 2008.
Dernière modification: 2008-03-14 10:09:17
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