7 avril 2025

30 novembre 2008

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La Pologne fête la fin de la guerre et son indépendance

Le 11 novembre pour plusieurs pays, c'est l'occasion de célébrer la fin d'un des plus grands conflits jamais vécus dans l'histoire de l'humanité : la Première Guerre mondiale. En France, en Belgique, en Italie, on se rassemble autour de la tombe du Soldat inconnu, en mémoire de tous ces soldats qui ont donné leur vie pour un grand «rêve européen.» En Pologne, cet évènement arrive de concert avec la déclaration de l'indépendance. Le 11 novembre 1918, après plus de 120 ans, les Polonais avaient enfin un pays à eux.

Cérémonies du 11 novembre 2008

Les cérémonies du jour du Souvenir en Pologne ont commencé par une parade militaire devant le tombeau du Soldat inconnu de la place Pilsudski. Au moins 16 chefs d'État et de gouvernement ont participé à ces cérémonies, dont la chancelière allemande Angela Merkel[2]. Elle n'était pas la seule à assister aux festivités. Les présidents afghan Hamid Karzaï, géorgien Mikheïl Saakachvill et ukrainien Viktor Ioutchenko étaient aussi présents. Les trois présidents des pays baltes et le premier ministre tchèque faisaient aussi partie des invités.

Dans l'après-midi, il y a eu un défilé avec des costumes d'époque, juste avant que le président Lech Kaczynski remette des décorations à six militaires promus au grade de général. Ce dernier a aussi rappelé dans un discours que la Pologne avait perdu son indépendance de nouveau en 1939, pour la retrouver seulement à la fin de la guerre froide en 1989 avec la chute du communisme. On se rappellera qu'en 1939, les Polonais constituaient, selon la philosophie de Hitler, un peuple qui le gênait dans son projet de grande Allemagne.

D'autres activités étaient aussi organisées. Les 10 et 11 novembre 2007, l'armée polonaise a organisé une tonne d'activités, notamment des démonstrations d'armes et de blindés dans un stationnement qu'elle avait entouré de sacs de sable et de barbelés.

90 ans d'indépendance

Le président Kaczynski a d'abord mentionné l'importance du patriotisme, puisque 90 ans plus tôt c'est ce qui a permis aux Polonais d'avoir un pays. « Le patriotisme, a-t-il dit, ne veut pas dire nationalisme, le nationalisme trouve sa source dans la haine alors que le patriotisme la trouve dans l'amour? Le patriotisme a été nécessaire autrefois, il l'est toujours aujourd'hui » [2]. Il a aussi d'autres projets pour la Pologne : «Le patriotisme est aussi nécessaire pour développer le pays et réduire la distance qui le sépare toujours des pays les plus riches. C'est un devoir pour les patriotes d'aujourd'hui [3].»

Les invités de M. Kaczynski ont pu se rendre à un déjeuner au Château royal où était aussi présentée une exposition montrant le chemin de la Pologne vers son indépendance. Le soir, quelque 800 personnalités, parmi lesquelles on pouvait trouver les présidents baltes et ceux de la région des Balkans, ont été conviées à un gala à l'opéra de Varsovie. Un concert de chant patriotique polonais a été entendu.

Il faut noter l'absence du premier ministre polonais, Donald Tusk, à ce spectacle. Il y a une grande rivalité entre lui et M. Kaczynski. M. Tusk est d'avis que le président fait passer ses intérêts personnels avant ceux du patriotisme polonais. C'est une des raisons de son absence. Une autre raison est que M. Kaczynski n'avait pas invité Lech Walesa, chef historique du syndicat solidarité, récipiendaire du prix Nobel de la paix et ex-président de la Pologne, à ces cérémonies [3].

Pour le peuple polonais, une reconstitution de l'arrivée de Josef Pilsudski en Pologne après la guerre faisait l'objet d'une pièce théâtrale présentée à la gare de Varsovie.

Josef Pilsudski, héros de la Pologne

Si la Pologne est devenue indépendante en 1918, c'est en partie grâce au général Josef Pilsudski. Celui-ci a toujours été un féroce partisan du nationalisme polonais. Il est né dans la partie polonaise de la Russie et fut exilé en Sibérie en 1887 pour s'être affiché en faveur du nationalisme polonais. Il revint cinq ans plus tard, pris la tête du Parti national socialiste et édita le journal gauchiste Robotik. En 1908, un raid dans une banque lui permit de voler 20 000 roubles qu'il utilisa pour former une armée révolutionnaire.

Quand la guerre éclata en 1914, il vit l'opportunité de faire de la Pologne un pays et s'allia avec l'Autriche pour envahir la Russie le 6 août. Lorsque l'armistice fut déclaré en 1918, le général Pilsudski devint chef de l'État de Pologne qu'il transforma en dictature pendant la durée de son règne [4].

Un peu d'histoire

Au début du vingtième siècle, la Pologne était séparée entre trois puissances : la Russie, la Prusse et l'Autriche. Mais la culture polonaise était pratiquée et permise seulement en Autriche. Les Polonais pouvaient même y gouverner leur région. Sinon, en Prusse, ils étaient divisés entre plusieurs provinces : la Poméranie, la Silésie et le Wielkopolska.

En Russie, la situation n'était guerre plus encourageante. Au départ, ils étaient de riches nobles dans leur région et, malgré leur statut de minorité ethnique se considéraient comme les dirigeants de la région.

Mais en novembre 1830, à la suite d'une insurrection ratée, la petite bourgeoisie polonaise perdit tous ses droits. Elle fut donc reléguée au rang de la paysannerie. Dans se contexte, on comprend mieux pourquoi les Polonais voulaient leur propre pays et être maître de leur destinée. Reconstruire la Pologne voulait surtout dire stopper la fusion de leur économie avec les trois grandes puissances [5]. La fin de la Première Guerre mondiale leur en donnera enfin l'occasion.

Le 11 novembre 1918, pour les Polonais, marque la fin de la Première Guerre mondiale, mais aussi le jour où ils ont eu leur propre pays après 120 ans de division entre trois puissances qui ne voulaient pas d'eux. Ils fêtent donc fièrement cette année leurs 90 ans d'indépendance tout en regardant vers l'avenir.

Ils essaient toujours de s'intégrer un peu plus au sein de l'Europe que ce soit par l'adhésion à l'OTAN ou à l'espace Shengen. Plus ils se rapprochent des pays les plus riches de l'Europe, moins ils sont victimes d'isolationnisme et moins ils risquent de revivre l'enfer de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale.




Références:

[1] Le Nouvel Observateur. «11 novembre : Sarkozy célèbre "le rêve européen"». [En ligne] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/... (consultée le 27 novembre 2008)

[2] POINSSOT, Amélie. «L'autre 11 Novembre». Radio France Internationale. [En ligne] http://www.rfi.fr/actufr/articles/107/article_74679.asp (consultée le 27 novembre 2008)

[3] AFP. «Seize présidents au 90e anniversaire de l'indépendance de la Pologne»[En ligne] http://www.avmaroc.com/actualite/seize-presidents-... (consultée le 27 novembre 2008)

[4] DUFFY, Michael. «Who's Who: Josef Pilsudski». Site officiel First World War.com [En ligne] http://www.firstworldwar.com/bio/pilsudski.htm (consultée le 27 novembre 2008)

[5] Friszke, Andrzej. « The Poles and Independence » The Warsaw choice,5 novembre 2008, [En ligne] http://www.warsawvoice.pl/view/19150 (consultée le 27 novembre 2008)

Dernière modification: 2008-12-10 08:04:38

-N.D.L.R.: Il est possible que des hyperliens actifs au moment de la recherche et de la rédaction de cet article ne le soient plus ultérieurement.

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Jessica Gauthier
analyste en formation
École de politique appliquée,
Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke

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