Andreotti, Giulio | 1919-2013

- Né le 14 janvier 1919 à Rome, en Italie
- Ministre de l'Intérieur (18 au 30 janvier 1954)
- Ministre des Finances (6 juillet 1955 - 19 juin 1958)
- Ministre du Trésor (1er juillet 1958 - 15 février 1959)
- Ministre de la Défense (15 février 1959 - 23 février 1966)
- Ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (23 février 1966 - 12 décembre 1968)
- Président du Conseil des Ministres (17 février 1972 - 7 juillet 1973)
- Ministre de la Défense (14 mars au 14 novembre 1978)
- Ministre du Budget et de la Programmation économique (23 novembre 1974 - 29 juillet 1976)
- Président du Conseil des Ministres (29 juillet 1976 - 4 août 1979)
- Ministre des Affaires étrangères (4 août 1983 - 22 juillet 1989)
- Président du Conseil des Ministres (22 juillet 1989 - 28 juin 1992)
- Sénateur à vie (1er juin 1991 - 6 mai 2013)
- Décédé le 6 mai 2013 à Rome, en Italie
Marie-Claude Decamps, « Giulio Andreotti », Le Monde (France), 8 mai 2013, p. 14.
«...Ses adversaires, qui l'accusaient d'avoir assis la « grande paix démocrate-chrétienne » au lendemain de la seconde guerre mondiale sur d'acrobatiques compromis avec tous les pouvoirs, dont celui de la Mafia, le surnommaient « Belzébuth ». Mais personne, pas même la justice, qui l'innocentera, en 2003, après l'avoir condamné l'année précédente à vingt-quatre ans de prison pour avoir été le commanditaire de l'assassinat par des hommes de main de la Mafia, en 1979, d'un journaliste « gênant », Mino Pecorelli, n'est jamais parvenu à vraiment pénétrer le mystère de Giulio Andreotti. (...) Son dos voûté et son regard impassible le faisaient caricaturer en vampire du pouvoir hantant les soubassements de la défunte Iere République italienne. Mais Andreotti, qui, jusqu'au bout, occupa l'honorifique fonction de sénateur à vie d'une République qu'il contribua à fonder, en étant à 27 ans député à l'Assemblée constituante, n'en avait cure. « En Italie, ironisait-il, on me tient pour responsable de tout sauf des guerres puniques! » Que ce soit lors de l'enlèvement et l'assassinat du chef (et tenant de l'aile progressiste) de la démocratie-chrétienne, Aldo Moro, par les Brigades rouges en 1978, ou lors de la prise en otage des 450 passagers de l'Achille-Lauro, en Méditerranée, en 1985 par le Palestinien Abou Abbas, qui exécuta un Américain, l'attitude du sénateur a été mise en question. Chaque fois, il n'a rien perdu de son pouvoir... »
Eric Jozsef, « Giulio Andreotti : la mort d'un « inoxydable »», Le Temps (Suisse), 7 mai 2013, p.
«...Élu député dès 1946, il aura été 21 fois ministre et 7 fois président du Conseil, au point qu'on le surnommait « l'inoxydable ». « Andreotti a été LA politique », a résumé Pier Ferdinando Casini, le leader de l'UDC, héritier de la DC. Pour preuve, cet anticommuniste avait été, en 1976, à la tête du premier gouvernement « d'une large entente » entre les adversaires irréductibles de l'époque - démocrates-chrétiens et communistes - pour faire face à une impasse politique similaire à celle vécue il y a deux mois et demi par l'Italie. Sénateur à vie depuis 1991, Giulio Andreotti connaissait tous les rouages de la politique, n'hésitant jamais à manoeuvrer en coulisses pour s'imposer et se maintenir au sommet. « Le pouvoir n'use que celui qui ne l'a pas », aimait-il répéter avec cette lucidité cynique qui lui faisait aussi dire: « À penser le pire des gens, on commet un péché mais on se trompe rarement. » Admiré et craint par ses partisans, honni par ses adversaires, il aura été l'un de ces grands barons de la DC, pour qui l'endiguement des communistes, la lutte contre le terrorisme et le formidable développement économique de la Péninsule après-guerre valaient bien toutes les compromissions et les coups bas. »
Richard Heuzé, « Giulio Andreotti : la part d'ombre de l'Italie d'après-guerre », Le Figaro (France), 7 mai 2013, p. 16.
«...Sous les sobriquets de « Belzébuth » - lâché par le leader socialiste Bettino Craxi -, « Il Divo » , « Moloch » , « Sphinx » , « pape Noir » ou encore Zu'Giulio (l'oncle Giulio), dans l'argot de la mafia, Giulio Andreotti a été l'homme politique le plus décrié et le plus caricaturé d'Italie pendant un demi-siècle. Sa célèbre bosse, son humour caustique, son cynisme glacial sont célèbres. « Je ne l'ai jamais vu embrasser personne » , déclarait l'ancien président Francesco Cossiga. Quand les accusations se faisaient trop pressantes, il avait l'habitude de dire d'une voix douce : « Je vais consulter mes archives. » (...) Pour l'histoire, son nom restera indissolublement attaché à la Démocratie chrétienne et au pouvoir que celle-ci a exercé sur l'Italie pendant un demi-siècle. Au plan international, Giulio Andreotti, qui était un réaliste, ne croyait pas possible une réunification des deux Allemagne et voyait en elle une menace pour la paix en Europe. Tout en combattant le Parti communiste en Italie, il a composé avec le régime soviétique et acceptait l'existence du rideau de fer. »
Robert Graham, « Giulio Andreotti, Italian statesman », Financial Times (Royaume-Uni), 6 mai 2013.
«...Few modern politicians have been so deeply steeped in the apparatus of power as Giulio Andreotti, who has died at the age of 94. Seven times prime minister of Italy, he was in government for 45 years and over that period held every important ministerial post. The epitaph for the Italy that, with its virtues and vices, rose from the detritus of Fascism is also that of Andreotti, so bound up was his career with the country's post-Mussolini history. Astute, witty and deliberately enigmatic, he navigated the undergrowth of Italian politics with supreme ease. « Power only burdens those who don't possess it » was one of the many aphorisms he coined. While he practised his brand of cynical statecraft with the skill of a latter-day Machiavelli, he will be remembered more for the manner in which he exercised power than for what he achieved by wielding it. »