7 avril 2025

Friedan, Betty | 1921-2006

  • Née le 4 février 1921 à Peoria, aux États-Unis
  • Auteure des livres The Feminine Mystique (1963), The Second Stage (1981)
  • Fondatrice et présidente de la National Organization for Women (1966-1970)
  • Décédée le 4 février 2006 à Washington, aux États-Unis

Joëlle Kuntz, « Le passé effacé de Betty Friedan », Le Temps (Suisse), 8 février 2006.

«...Avec son livre, La Femme mystifiée, elle avait inauguré en 1963 une nouvelle vague du féminisme américain, basé non plus sur l'égalité civique des femmes, qui était acquise, mais sur leurs libertés sociales: liberté de se marier, d'avoir des enfants, de travailler, de divorcer, d'avorter. Fondatrice en 1969 du NOW, (National Organization of Women), qui allait inspirer les mouvements de libération des femmes dans toute l'Europe et même en Asie, Betty Friedan a été avec Simone de Beauvoir l'une des deux propagandistes les plus écoutées et les plus efficaces du féminisme contemporain. [...] L'hommage que lui rend l'Amérique libérale est amical. Des millions de femmes se sont mieux comprises grâce à elle. Mais les notices nécrologiques, basées sur la biographie agréée, omettent l'origine spirituelle et politique de son combat: gauchiste proche du Parti communiste, elle est dans les années 40 une militante syndicale, une pacifiste (jusqu'à l'attaque japonaise sur Pearl Harbour), une pro-soviétique juste après la guerre, et bien sûr une partisane de l'émancipation des Noirs et de l'organisation des pauvres. Pourquoi les féministes d'aujourd'hui ne le savent-elles pas? Craignant les foudres inquisitoriales du sénateur McCarthy dans les années 60, et l'impact négatif probable sur le mouvement féministe qu'elle fondait, Betty Friedan avait effacé ce passé de sa biographie. Elle avait voulu de toutes ses forces survivre à la Bettye Goldstein, juive communiste d'origine russe qui s'était battue pour une place en Amérique. »

S.A., « Betty Friedan est morte », NouvelObs.com (France), 6 février 2006.

«...C'est une géante du 20e siècle pour les femmes et, plus important encore, elle a eu un rôle catalyseur pour changer la culture américaine", a dit pour sa part Eleanor Smeal, présidente de la Fondation pour la majorité féministe. "Elle a posé le problème et a eu le courage de faire quelque chose pour s'y attaquer", a-t-elle ajouté dans un communiqué. [...] Avec un ego très fort qui lui faisait goûter la célébrité, Betty Friedan n'était pas toujours populaire y compris dans le mouvement féministe. Elle s'opposa à une radicalisation du mouvement féministe, refusant de voir dans la conquête des droits de la femme une guerre contre les mâles et trouvant excessives les manifestations de féministes brûlant leurs soutiens-gorge. Si Betty Friedan avait pris ses distances depuis les années 90 avec les féministes, s'intéressant de plus en plus aux problèmes de la vieillesse, elle est restée une voix influente dans le mouvement des droits de la femme. "J'ai consacré ma vie à ouvrir des voies pour celles qui sont venues après moi". »

Nathalie Collard, « Betty et nous », La Presse (Québec, Canada), 8 février 2006, p. A22.

«...En 1963, alors qu'on répétait aux femmes que l'accomplissement personnel passait par l'achat du plus récent modèle d'électroménager, Betty Friedan publiait un texte révolutionnaire qui décrivait la solitude des femmes prisonnières de l'espace domestique. Dans cet essai fondateur, Friedan comparait la situation des mères à la maison à la vie animale, et lançait cette fameuse boutade: " Aucune femme n'a ressenti un orgasme en faisant reluire un plancher... " Plus sérieusement, elle a été la première à affirmer que les femmes avaient d'autres ambitions que celles d'être épouse et mère de famille et qu'elles souhaitaient, elles aussi, se réaliser en tant qu'individu. En nommant " ce problème qui n'a pas de nom ", c'est-à-dire l'état de dépression dans lequel se trouvaient bon nombre de " reines au foyer ", Friedan initia ce qu'on appelle aujourd'hui la seconde vague féministe. »

Margalit Fox, « Betty Friedan, Who Ignited a Movement With ‘The Feminine Mystique,’ Dies at 85 », The New York Times (États-Unis), 6 février 2006, p. A20.

«...Though widely respected as a modern-day heroine, Ms. Friedan was by no means universally beloved, even -- or perhaps especially -- by members of the women's movement. She was famously abrasive. She could be thin-skinned and imperious, subject to screaming fits of temperament. In the 1970's and afterward, some feminists criticized Ms. Friedan for focusing almost exclusively on the concerns of middle-class married white women and ignoring those of minorities, lesbians and the poor. Some called her retrograde for insisting that women could, and should, live in collaborative partnership with men. [...] Despite all of her later achievements, Ms. Friedan would be forever known as the suburban housewife who started a revolution with "The Feminine Mystique." Rarely has a single book been responsible for such sweeping, tumultuous and continuing social transformation. The new society Ms. Friedan proposed, founded on the notion that men and women were created equal, represented such a drastic upending of the prevailing social norms that over the years to come, she would be forced to explain her position again and again. "Some people think I'm saying, 'Women of the world unite -- you have nothing to lose but your men,' " she told Life magazine in 1963. "It's not true. You have nothing to lose but your vacuum cleaners." »