Élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Barack Obama
Le sénateur de l'État de l'Illinois, le démocrate Barack Obama, remporte la victoire sur le candidat républicain John McCain. Obama, le premier Africain-Américain à accéder à la présidence des États-Unis, obtient 69 498 516 (52,9 %) votes contre 59 948 323 (45,7 %) pour McCain. Il devance ce dernier au chapitre des grands électeurs, 365 contre 173.
Pour en savoir plus: La question raciale, la Convention et la victoire
Résultats du scrutin
Obama devient officiellement le candidat démocrate après une lutte corsée qui l'oppose à la sénatrice de l'État de New York, l'ex-première dame des États-Unis, Hillary Clinton. Il faut attendre l'été 2008 avant que sa victoire ne se confirme, alors que John McCain, un vétéran de la guerre du Viêt-nam qui est sénateur de l'Arizona, remporte facilement l'investiture républicaine. Premier Africain-Américain à représenter un parti lors de l'élection présidentielle, Obama, 47 ans, s'est fait remarquer sur la scène nationale en 2004, année de son élection au Sénat. Il avait alors prononcé un discours remarqué dans le cadre de la convention démocrate. Opposant à l'intervention américaine en Irak, il canalise une bonne part du mécontentement qui marque la fin du mandat de George W. Bush, un des présidents les plus impopulaires de l'histoire du pays. Puisque McCain est favorable à cette intervention, la question irakienne s'annonce comme un thème majeur de la campagne présidentielle. En plus de la volonté de changement exprimée par l'électorat, la sévère crise économique qui prend forme en 2008 devient cependant un enjeu déterminant de ce scrutin auquel participent 125 millions d'électeurs, un record. Obama s'assure la victoire en remportant plusieurs États -Floride, Ohio, etc.- qui ont appuyé les républicains en 2004. Le 4 novembre, le président élu prononce un discours historique devant une foule immense réunie à Chicago. Vu par des millions de téléspectateurs à travers le monde, l'événement est perçu par plusieurs comme un nouveau départ pour les États-Unis. Il s'agit d'ailleurs d'une importante victoire pour les démocrates qui obtiennent la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat. Le vice-président de Barack Obama sera le sénateur du Delaware, Joseph Biden.
Dans les médias...
Nicolas Baverez, « Le plus difficile commence pour le président Obama »
«...Le ressort décisif de la victoire, qui a joué dès son succès inattendu face à Hillary Clinton lors des primaires et qui le rapproche de Roosevelt et Reagan, c'est la capacité de prendre acte de la fin d'un monde et d'incarner l'avènement d'une nouvelle donne. Sous la défaite de John McCain et l'élection de Barack Obama pointe le terme de trois cycles. Le cycle économique né en 1980 autour de l'extension du champ du marché, des baisses d'impôt, de la déréglementation, de l'ouverture des échanges, de la domination des revenus du capital sur ceux du travail, du primat de la politique monétaire, associé à un modèle de croissance à crédit. Le cycle politique et idéologique du néoconservatisme, qui a volé en éclats autour des échecs militaires enregistrés en Irak et en Afghanistan, de la catastrophe de Katrina, de la crise financière enfin. Le cycle historique de la suprématie absolue des États-Unis dans le monde depuis le début du XXe siècle, qui s'efface devant un monde multipolaire où l'Amérique reste la première des puissances mais où sa puissance devient relative. Tout le défi de la présidence Obama consistera, une fois enregistré l'épuisement de ces dynamiques, à refonder le rêve américain dans la société ouverte en imaginant un nouveau contrat social et en repositionnant l'Amérique dans la configuration multipolaire du XXIe siècle. »
Le Figaro (France) 6 novembre 2008, p. 22.
Pierre de Gasquet, « Barack Obama, un président pour l'Histoire »
«...Aujourd'hui, aux yeux de ses électeurs, Barack Obama, quarante-sept ans, n'est pas seulement le « premier président afro-américain élu à la Maison-Blanche », comme le veut la litanie médiatique. Il est désormais le « nouveau Kennedy », celui qui incarne une version moderne et postraciale de l'« american dream » défiant les stéréotypes. Obama l'inclassable, Obama l'éloquent a défié et vaincu le héros du Vietnam par la force du verbe et son pouvoir de persuasion. Il appartiendra à l'Histoire et aux experts en tout genre d'évaluer quelle part ont joué l'Irak, la crise financière ou le rejet des années Bush dans sa victoire. Un de ses principaux mérites est d'avoir su démontrer, tout au long de la campagne, ses qualités de rassembleur. Jamais sectaire ni agressif, démocrate mais courtois et « bien élevé » comme un républicain. »
Les Échos (France), 6 novembre 2008, p. 14.
Charles-Philippe David, « Obama cassera-t-il la baraque ? »
«...en refusant le financement public, Obama s'est permis d'opérer la plus dispendieuse campagne présidentielle de l'histoire. Plus de 600 millions contre à peine 250 pour McCain -, à eux deux ils font de la campagne de 2008 celle qui aura surpassé le milliard. La machine Obama, à cet égard, a été extraordinairement performante. En revanche, et c'est là que se situe le gros bémol de l'élection d'Obama, il ne recueille toujours pas le vote majoritaire des Blancs américains. Par conséquent, à l'instar de ses prédécesseurs Jimmy Carter et Bill Clinton, si ce n'était du vote unanime des Noirs et fortement majoritaire des Hispaniques et des Asiatiques américains en sa faveur, Obama n'aurait pas été élu 44e président des États-Unis. Le vote blanc est ainsi toujours divisé (plus de 50 % favorable à McCain, moins de 45 % pour Obama) et le futur président aura fort à faire pour conquérir la majorité de ce vote d'ici 2012. Encore là se jouera la grande partie électorale, qui au demeurant explique les résultats très serrés en Indiana, au Missouri, au Montana, en Caroline du nord, en Floride. »
Le Devoir (Québec, Canada), 6 novembre 2008, p. a9.
Éditorial
«...By radiating hope and resonating competence, the freshman senator from Illinois shattered a barrier that would have been unimaginable to a black American when he was born in Honolulu, Hawaii, on Aug. 4, 1961, at a time when segregation remained the law of the land in a large swath of the South. In the last 21 months, Obama identified and reinvigorated a sense of American idealism that had been all but choked off by the ideological divisions that had paralyzed Washington and polarized the electorate in recent times. Obama's campaign inspired new voters, especially younger American adults, and reinvented the way elections are funded by using the Internet to sweep up contributions small and large. (...) Obama is going to need every ounce of his leadership skills to deal with the daunting problems he will inherit on Jan. 20. The economic crisis that unquestionably buoyed his candidacy, and raised the tide for all Democrats, will narrow the possibilities for new initiatives. Americans who were worried about their jobs, their homes and their retirements voted for Obama in disproportionate numbers. Now the burden will turn to his administration for solutions. »
The San Francisco Chronicle (États-Unis), 5 novembre 2008.
Gouvernance et gouvernement [ 4 novembre 2008 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | George W. Bush |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).