12 avril 2025
0 août 2003

Canicule meurtrière en France

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Carte des départements touchés

En Europe, l'été 2003 est marqué par des températures anormalement élevées qui entraînent de graves problèmes. La France est particulièrement affectée par une canicule qui, pendant les premières semaines d'août, aurait fait environ 15 000 morts.

Le continent européen est frappé en 2003 par un des étés les plus chauds de l'histoire. Parmi les pays les plus affectés on compte l'Italie, l'Espagne, le Portugal et l'Allemagne. Des chaleurs plus élevées que la moyenne, combinées au manque de pluie, sont à l'origine de plusieurs feux de forêt. En France, la première moitié du mois d'août est marquée par une canicule exceptionnelle. Des records sont établis au niveau des maximums atteints, tant le jour que la nuit. La canicule étonne également par sa durée : pendant près de deux semaines, le mercure atteint régulièrement la barre des 30 degrés et on enregistre même un sommet de plus de 40 degrés. Le système de santé est mis au test par cette situation unique, presque toutes les régions du pays étant éprouvées par la chaleur. Selon des estimations, environ 2 000 personnes décèdent par jour des conséquences de la canicule, accentuant la pression sur les autorités. Les femmes et les personnes âgées constituent une part importante des victimes. Plusieurs d'entre elles meurent dans l'isolement alors que des centaines de corps ne sont pas réclamés. Malgré l'adoption de mesures d'urgence - le plan Blanc - le 13 août, les critiques fusent à l'endroit du système. Le directeur général de la santé démissionne le 18 août. Pour sa part, le président Jacques Chirac, en vacances au Canada, ne rentre au pays que le 21 août. Les températures deviennent plus clémentes à la mi-août, mais le bilan approximatif de la canicule est impressionnant : des coûts importants et environ 70 000 morts en Europe, dont 15 000 en France où une Commission d'enquête sur les conséquences sanitaires et sociales de la canicule aura lieu plus tard dans l'année.

Dans les médias...

Gilles Anquetil, « Climat : le grand tournant ? »

«...La crise climatique est devenue en quelques semaines une crise de civilisation. Le réchauffement accéléré et inéluctable de la planète lance à l'humanité un défi redoutable. Comment allons-nous vivre dans un climat hostile ? Face à un dérèglement sans frontières des phénomènes climatiques, comment allons-nous réagir ? L'exemple du gouvernement Raffarin n'est pour l'instant guère rassurant tant son sens de l'anticipation a semblé anesthésié par la chaleur. À situation extrême, solution extrême ? Les communautés scientifique et politique sont divisées. Les réponses seront, bien sûr, individuelles et collectives mais les choix stratégiques, eux, sont urgents. Il faut produire et consommer autrement. Mais que d'interrogations dans cet « autrement » ! »

Le Nouvel Observateur (France), 14 au 20 août 2003, p. 40.

Patrick Le Hyaric, « Canicule : le révélateur »

«...Obnubilé par sa volonté de soumettre la France aux intérêts supérieurs de la finance, le premier ministre ne veut pas de « polémique » sur les conséquences de la canicule. Il craint sans doute qu'un débat national mette à nu un fait simple : les chaleurs exceptionnelles sont le révélateur de l'extrême fragilité dans laquelle les politiques, visant à satisfaire la rentabilité financière à tout prix, placent notre société. Tous ceux qui ont comme seul baromètre celui de la réduction des crédits publics utiles portent une lourde responsabilité dans la situation des personnels des hôpitaux et celle des malades. La situation des pompiers et le manque criant de moyens pour lutter contre les incendies sont la conséquence de la même logique. Il en est de même de l'insuffisance du Fonds de garantie des calamités agricoles, de moins en moins abondé. Il dispose à ce jour de 120 millions d'euros, alors qu'on estime déjà les dégâts dans l'agriculture à 1 milliard d'euros. Cette tentative d'échapper au débat public, que soulèvent les difficultés provoquées par la canicule, est porteuse de graves dangers pour l'avenir. Il est en effet alarmant que notre pays, parmi les plus riches et les plus modernes du monde, ne soit pas en capacité d'affronter une vague de chaleur. »

L'Humanité (France), 14 août 2003, p. 2.

Favilla, « Canicule de droite ou de gauche »

«...Le problème, pour un gouvernement, n'est pas de sortir du silence pour prononcer des discours de compassion dont le caractère artificiel apparaîtrait vite. Il est simplement d'accepter la part de responsabilité qui revient à la puissance publique. Il est clair, par exemple, que la canicule n'a fait que mettre en évidence certaines insuffisances de l'équipement hospitalier et, notamment, l'engorgement, dénoncé depuis longtemps, des services d'urgence. Il faudrait aussi reconnaître que l'on n'a sans doute pas fait grand-chose pour pallier l'isolement de nombre de personnes âgées. Un gouvernement s'honorerait, enfin, à ne pas simplement distribuer quelques subsides mais à mobiliser la solidarité des citoyens pour aider les victimes à ne pas se retrouver écrasées sous le choc qu'elles ont subi. Soyons sans illusion : sauf à sombrer dans la démagogie, aucun gouvernement n'abolira la distance entre les souffrances des individus et la froide rationalité de ses décisions. Il n'a d'autre solution que d'aider à la constitution d'une communauté capable de prendre en charge ses membres les plus vulnérables. »

Les Échos (France), 20 août 2003, p. 33.

Alain Etchegoyen, « La stratégie du prétoire »

«...Dans un pays comme le nôtre, structuré comme il l'est, c'est souvent seul le pouvoir central qui peut prendre les initiatives décisives qui entraînent les autres. Et nous avons appris une grande vérité pour les années à venir : une canicule meurtrière a de bonnes chances d'advenir pendant les vacances de tous ceux qui ont les moyens d'en prendre et de partir... Désormais, sur ce sujet, l'heure est davantage à la prévention organisée par tous et au questionnement sur les exclusions silencieuses qu'aux divisions et joutes politiciennes. Si commission d'enquête parlementaire il y a, on doit espérer que son principe en sera davantage la responsabilité morale que la responsabilité juridique. Ce serait un meilleur hommage rendu aux dix mille Françaises et Français qui ont disparu. »

Le Figaro (France), 25 août 2003, p. 8.

Gouvernance et gouvernement [ 0 août 2003 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagFranceÉlevéJacques ChiracJean-Pierre Raffarin

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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