10 mai 2025
29 avril 1991

Cyclone au Bangladesh

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Cyclone Gorky
Domaine public

Le 29 avril 1991, un cyclone tropical 02B de catégorie 4 frappe la côte du Bangladesh. Cette catastrophe climatique est la seconde qui s'abat sur le pays en 21 ans. Elle touche une grande proportion de la population, qui est majoritairement située sur la côte.

Nommé Marian ou Gorki, dépendamment des sources, le cyclone tropical 02B prit sa source dans la baie de Bengale, le 26 avril. Il se déplaça vers la côte du Bangladesh pour l'atteindre au cours de la nuit du 29 et s'éteindre le 30 au matin. Les zones touchées sont les îles côtières et le territoire se situant entre Chittagong et Cox's Bazar. Chittagong est le principal port et la seconde plus populeuse ville du pays. Le Bangladesh est un pays très propice aux catastrophes climatiques. Aussi, le gouvernement réagit rapidement en diffusant à plusieurs reprises des communiqués d'alerte au cyclone. Cela permet, selon le gouvernement, à 3 millions de personnes de prendre refuge. Près de 10 millions de personnes sont touchées et on compte près de 140 000 morts et disparus. Le total des dégâts en valeur monétaire est estimé entre 3 et 4.3 milliards de $ US, soit moins d'un tiers du produit intérieur brut (PIB) de l'État. La production agricole est atteinte avec un total de 74 000 acres détruites et 300 000 endommagées. Plusieurs États font l'envoi d'aide sous forme de ressources techniques et humaines. Dans le cas des États-Unis, l'opération Sea Angel est la première mission militaire autre que pour la guerre. La même année, au mois de février, le Bangladesh tint ses premières élections après la chute du régime militaire. La catastrophe mettra ce nouveau régime en grande difficulté. Il suscitera des critiques à cause de son incapacité à distribuer les vivres de secours aux populations les plus touchées.

Dans les médias...

Jean-Claude Pomonti, « Un pays en dérive »

«...Il est encore bien trop tôt pour mesurer tous les effets du cyclone, mais la région dévastée sera durablement menacée par la disette. A cela, il faut ajouter tous les maux qui accompagnent ce genre de catastrophe, des épidémies de dysenterie et de la propagation du paludisme aux classiques morsures de serpent. L'assistance étrangère, qui se manifeste plus lentement que par le passé, est impérative. Les autorités réclament non seulement des aides alimentaire et sanitaire, mais également des moyens de transport, notamment des hélicoptères, pour tenter de secourir les populations isolées par les eaux et sans moyen de communication avec le reste du monde. Sur le plan politique, enfin, l'épreuve est redoutable pour le jeune gouvernement de Mme Khaleda Zia, qui a pris ses fonctions le 19 mars au lendemain de sa victoire électorale. Il va falloir gérer l'aide et le faire sans prêter aux accusations de détournement et de corruption, comme ce fut souvent le cas lors des catastrophes précédentes. Des dirigeants de l'opposition ont déjà souhaité être associés à l'organisation des secours, de façon à limiter une polémique sur la distribution de l'aide. De toute façon, Mme Khaleda doit trouver un moyen d'éviter la politisation de ce débat-là. »

Le Monde (France), 4 mai 1991, p. 8.

Pierre Gravel, « « J'y pense et puis j'oublie » »

«...C'est du Bangladesh que provient cette semaine notre ration hebdomadaire d'images éprouvantes pour les âmes sensibles. Et pour toutes les bonnes volontés qui s'émeuvent non seulement de la détresse des autres mais aussi de leur propre impuissance à y apporter un soulagement significatif et durable. Hier, c'était le choléra au Pérou et la misère des Kurdes. Avant, les récents séismes en Géorgie et la guerre civile au Libéria ou en Somalie. Et, au chapitre de ce qui ressemble déjà à de l'histoire ancienne, la famine permanente au Soudan et en Éthiopie, la pauvreté endémique à Haïti et le dénuement chronique des mendiants de Calcutta. (...) C'est là une des conséquences de la médiatisation instantanée des catastrophes qui frappent la planète. Un drame chasse l'autre à la Une de l'actualité et les émotions les plus fraîches permettent aux précédentes de s'estomper. Les responsables des grandes organisations humanitaires en savent quelque chose. Ils ont souvent vérifié qu'il est relativement facile de déclencher une vague de solidarité internationale dans les jours qui suivent un désastre majeur. Mais qu'il leur est infiniment plus ardu de maintenir active cette sympathie assez longtemps pour s'attaquer sérieusement aux conséquences à long terme de ces drames. Surtout lorsqu'un autre cataclysme vient subitement détourner l'attention des médias. »

La Presse (Québec, Canada), 8 mai 1991, p. B2.

Nicholas D. Kristof, « Cyclone in Bangladesh Tests the Fragile New Democracy »

«...The destitute victims of last month's cyclone may lack food, water and shelter, but they have one asset that is often wanting in developing countries: the vote. But while Bangladesh now enjoys a democratic government, elected in February after a decade of autocratic military rule, the fragile new leadership has to confront not only the normal challenges of transition to democracy but also the immense task of reconstruction. There has been some criticism of the Government's handling of disaster relief, and a number of Bangladeshis and foreign diplomats see a risk that the public might eventually go further and blame not only the ruling party but also democracy itself. (...) « This democracy is in its infancy, » said Qazi Faruque Ahmed, executive director of Proshika, a Bangladeshi development organization. « This has to be understood, so that criticisms are not destructive of the democratic process itself. » »

New York Times (États-Unis), 19 mai 1991.

Gouvernance et gouvernement [ 29 avril 1991 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagBangladeshFaibleAbdur Rahman BiswasKhaleda Zia

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
flagflagflagflag

Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.