23 avril 2025
19 octobre 1986

Décès du président mozambicain Samora Moisés Machel dans un crash d'avion

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Samora Moisés Machel

Né au Mozambique le 29 septembre 1933 de parents paysans, Samora Moisés Machel est le premier président du Mozambique. Il dirige le pays jusqu'à sa mort dans un accident d'avion alors qu'il rentre d'une conférence qui s'est déroulée à Lusaka, en Zambie.


Pour en savoir plus: Hommage posthume au président du Mozambique, Samora Machel

Infirmier de formation, Samora Moisés Machel rejoint les rangs du Front de Libération du Mozambique (Frelimo) au début des années 1960 pour s'opposer à l'occupation portugaise. Il gravit rapidement les échelons, devenant secrétaire du département de la défense avant d'entrer au comité central du Frelimo. Par la suite, il prend les rênes de l'organisation après la réorganisation du mouvement. C'est dans les maquis que ce leader de tendance marxiste et ses compagnons de lutte organisent la résistance armée. Lorsque le pays accède à l'indépendance, le 25 juin 1975, Samora Machel devient le premier président et instaure un État socialiste. Au soir du 19 octobre 1986, Samora Machel rentre de la Zambie où il prenait part au sommet des chefs d'État sur la guerre civile en Angola. Son avion, un Tupolev piloté par des militaires russes, s'écrase en territoire sud-africain à quelques centaines de mètres de la frontière mozambicaine. Il voyageait en compagnie d'une trentaine de hauts responsables dont des ministres. Le président et 34 autres personnes perdent la vie. Les circonstances de cet accident restent nébuleuses et laissent planer un doute parce que les conditions météorologiques semblaient bonnes. Les autorités mozambicaines suspectent l'Afrique du Sud d'être impliquée dans ce crash, car le Mozambique soutient le Congrès national africain (ANC) qui s'oppose au régime d'apartheid en vigueur dans ce pays. Cette relation n'est pas appréciée par le régime sud-africain et par le Malawi qui sont des alliés de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), un mouvement d'opposition armée. Cependant, les enquêtes préliminaires et plusieurs techniciens de l'aéronautique attribuent l'accident à une erreur humaine.

Dans les médias...

François Soudan, « Le Mozambique orphelin de Machel »

«...Cet homme chaleureux et imprudent, coutumier des foucades à la Castro, aux colères homériques et au langage enflammé, était resté populaire et écouté dans les campagnes. Après la mort d'Amilcar Cabral et celle d'Agostinho Neto, il était en fait le dernier survivant des « historiques » lusophones. L'une et l'autre de ces caractéristiques expliquent sans doute pourquoi Machel, après tant de chausse-trapes, avait réussi à se maintenir au pouvoir, utilisant en expert la technique de la navigation à vue. Cela explique aussi pourquoi sa succession, à la tête de ce pays dévasté, a toutes les allures d'une tâche impossible. Personne au sein du pouvoir (...) ne (réunit) les atouts qui avaient permis à Machel de survivre. D'autant que les clivages entre pro-soviétiques et partisans de l'ouverture à l'Ouest, entre officiers supérieurs formés par les Soviétiques à l'académie militaire de Nampula et troupes anti-guérilla entraînées à Manhica, risquent fort de réapparaître au grand jour. »

Jeune Afrique (France), 29 octobre 1986, p. 53.

A.L., « Mozambique : le deuil et le chaos »

«...Idéologue marxiste, mais dirigeant pragmatique, le président Samora Machel avait, en effet, compris la nécessité de maintenir, en dépit des critiques de l'aile dure du Frelimo (Front de libération du Mozambique), le parti unique au pouvoir depuis l'indépendance, un équilibre entre l'Est et l'Ouest. Refusant de faire appel à une aide militaire massive du bloc communiste pour affronter la guérilla, il avait signé, le 16 mars 1984, un accord de non-agression avec Pretoria. Celui-ci, hélas ! restera lettre morte. Pour tenter de sortir son pays du naufrage économique, Samora Mchel n'hésitera pas, également, à frapper à la porte de la C.e.e., du F.m.i. et même de la Maison-Blanche. Aujourd'hui, la survie du régime mozambicain et, dans une certaine mesure, l'avenir de l'Afrique australe dépendent de la succession du président Machel. Le M.n.r. (Mouvement national de résistance) profitera-t-il de l'occasion pour essayer de s'emparer du pouvoir à Maputo ? »

L'Express (France), 31 octobre 1986, p. 25.

Mark Whitaker et al., « Mozambique : after Machel »

«...What path the new president takes may depend partly on South Africa. Officials in several of the black « frontline » charges that Pretoria or the Mozambique National Resistance (MNR), the right-wing rebel force it supports, shot down Machel's plane. But persuasive evidence suggested that stormy weather, pilot error - or both - caused the crash. Even if Pretoria didn't go gunning for Machel, it could take advantage of his death to step up support for the MNR. The rebels have recently made inroads in the north, leading South African officials to predict that Frelimo will be forced to invite them into the government. But that seems unlikely - and intensifying the rebel campaign might well make the new government more radical. (...) Perhaps Washington's best hope for maintaining good relations lies in more aid for Maputo. But the latest U.S. foreign-aid bill contains little money for Africa. U.S. officials are hoping that Western Europe and Japan will help out. If they don't, Washington may find that the prospects for stronger ties with Mozambique went down with Machel. »

Newsweek (États-Unis), 3 novembre 1986, p. 42.

Gouvernance et gouvernement [ 19 octobre 1986 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagMozambiqueFaibleJoaquim Alberto ChissanoMário Fernandes da Graça Machungo

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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