14 avril 2025
17 avril 1975

Entrée des Khmers rouges à Phnom Penh

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Pol Pot

La chute du gouvernement dirigé par le maréchal Lon Nol est suivie par la prise de contrôle du Cambodge par les communistes (Khmers rouges). Ils instaureront un régime autoritaire dont la répression entraînera la mort de centaines de milliers de personnes.

Le renversement de Norodom Sihanouk et la prise du pouvoir par le maréchal Lon Nol, en 1970, sont suivis par une lutte sanglante contre l'opposition communiste. Le régime profite du support des Américains. Mais les accords de Paris, conclus avec les négociateurs nord-vietnamiens en janvier 1973, entraînent leur désengagement progressif. Les communistes (Khmers rouges) continuent de gagner du terrain par la suite, forçant Lon Nol à prendre la voie de l'exil en avril 1975. Leur entrée dans la capitale Phnom Penh, le 17 avril, est suivie par l'élimination brutale des partisans de l'ancien gouvernement. L'évacuation des villes et l'instauration d'un régime répressif par les nouveaux dirigeants -collectivisation, travaux forcés- provoquera des centaines de milliers de morts. Le premier ministre Pol Pot (Saloth Sar) devient la figure la plus connue du Kampuchea démocratique, nom que porte ce pays de 7,9 millions d'habitants à partir de 1976. Une guerre avec le Vietnam et une situation intérieure de plus en plus chaotique entraîneront sa défaite en 1979.

Dans les médias...

S.A., « Phnom Penh, ville ouverte aux Khmers rouges »

«...Certes, l'installation des « sihanoukistes » à Phnom Penh aurait pu permettre aux États-Unis d'envisager tranquillement l'avenir dans un Cambodge non aligné. Ils auraient pu alors tenter de s'occuper exclusivement du Vietnam où, dans l'immédiat, le GRP, qui réclame l'ouverture des négociations, leur laisse une porte de sortie presque honorable. C'est oublier que le prince Sihanouk avait sa revanche à prendre après cinq ans d'une guerre où il avait été traité avec le plus grand mépris par ses solliciteurs d'aujourd'hui. Qu'on se souvienne qu'il avait offert, avant les négociations de Paris, par l'intermédiaire de Chou En-lai et de Pham Van Dong, d'entrer en contact avec Nixon et Kissinger. Ceux-ci avaient fait la sourde oreille. Cette fois, grand seigneur, Sihanouk s'est donné vingt-quatre heures pour rejeter l'offre américaine et déclarer que ce n'était pas son heure mais celle des Khmers rouges. »

Jeune Afrique (France), 25 avril 1975, p. 71.

Jean Lacouture, « Le retour de Norodom Sihanouk »

«...Les maquisards sont entrés dans la ville. Le gouvernement républicain a capitulé. Le pouvoir était bien au bout du fusil, conformément au précepte chinois. Mais, pour citer un autre commandement maoïste, peut-on dire qu'encerclée par les masses rurales la cité soit tombée « comme un fruit mûr » ? Mûr, Phnom Penh ? Ou abîmé, souillé, avarié par cinq années de guerre civile, d'interventions étrangères et d'intrigues menées par un quarteron d'aventuriers ? Ainsi le Cambodge entre-t-il, au son des roquettes et du canon, dans l'ère du socialisme. La tâche militaire que s'étaient assignés les alliés du 23 mars 1970, sihanoukistes et Khmers rouges réconciliés et rassemblés par l'opération de Lon Nol et Sirik Matak, tentant d'entraîner le Cambodge dans la croisade américaine contre les mouvements révolutionnaires indochinois, est remplie. Il ne leur incombe plus que de faire « le reste », c'est-à-dire d'instaurer le régime pur et dur qui peuple leur rêve dans un pays que ses inclinations ne portent apparemment ni vers la pureté ni vers la dureté. »

Le Nouvel Observateur (France), 21 avril 1975, p. 53.

Georges Vigny, « À la manière de Phnom Penh »

«...Par le jeu intelligent des alliances, les anciens adversaires du maquis khmer de Sihanouk se préparent à ramener le prince au pouvoir dont il a été chassé il y a cinq ans, s'octroyant du fait même la légitimité que représente le revenant. « Chef d'État », l'ancien roi puis prince rentrera à Phnom Penh comme un « symbole » - le mot est de lui. Un indispensable symbole destiné à rallier toutes les forces vives du pays afin de les atteler à la reconstruction d'un Cambodge dévasté. On a beau vouloir faire croire que Sihanouk anti-communiste est l'otage des Khmers rouges, ces derniers sont également, et pour un temps indéterminé, prisonniers de leur alliance avec Sihanouk. C'est dire que si la guerre de libération a été gagnée, c'est parce que Sihanouk a su rendre crédible à travers le monde son Gouvernement royal d'union nationale du Kampuchea, par une inlassable mission de relations publiques, au moment où les Khmers rouges, eux, menaient l'offensive militaire contre la « république » de Lon Nol. Dans la phase immédiate, il est évident que l'un ne peut se passer de l'autre...»

Le Devoir (Québec, Canada), 18 avril 1975, p. 4.

Éditorial

«...The new Cambodian government, dominated by communists, pledged that it would establish a policy of neutrality and nonalignment. How non-aligned it will be will be seen, but it is indisputable, we believe, that it was America's policy that drove a basically nationalistic neutral Cambodia further toward communism. It would be folly to predict the future there. But it would be worse folly to ignore the past and its lessons. Those lessons are complex, and there is potent danger in the temptations to oversimplify them. But one lesson is clear : America's five-year adventure in Cambodia served no one's interests; certainly not a single Cambodian's except perhaps for a few opportunists; certainly not America's. It yielded only misery and pain and death. The basic error was that America was on a wrong path - as it had been from 1954 and earlier. That wrong path could never lead to a just conclusion. The reality of Indochina was that it had come to a time in which it was destined to emerge from a colonialist subservience into nationalism. »

The Philadelphia Inquirer (États-Unis), 20 avril 1975.

Gouvernance et gouvernement [ 17 avril 1975 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagCambodgeFaiblePrince Norodom SihanoukPenn Nouth

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

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