Réélection de Barack Obama à la présidence des États-Unis
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Barack Obama
Le président sortant, le démocrate Barack Obama, remporte la victoire contre le candidat républicain Mitt Romney. Obama obtient 65 915 795 votes (51,1%), contre 60 933 504 (47,2%) pour Romney. Il devance ce dernier au chapitre des grands électeurs avec 332 contre 206.
Résultats du scrutin
Premier Afro-Américain à accéder à la présidence des États-Unis en janvier 2009, Barack Obama connaît un mandat difficile. La crise économique plombe ses initiatives et même sa réforme du système de santé, sa plus grande réalisation, est chaudement contestée par l'opposition républicaine qui triomphe aux élections de mi-mandat de 2010. La situation s'améliore quelque peu par la suite avec la reprise de l'industrie automobile, de meilleures statistiques économiques et la mort d'Oussama Ben Laden, le chef présumé d'Al-Qaida, aux mains d'un commando américain. L'insatisfaction des électeurs reste toutefois palpable. Pour faire face à Obama, les républicains misent sur Mitt Romney, un homme d'affaires aguerri qui a été gouverneur de l'État du Massachusetts. Fort de son expérience, celui-ci se dit capable de faire redémarrer l'économie, notamment par la création de 12 millions d'emplois au cours de son mandat. Une fois la candidature de Romney confirmée, une coûteuse campagne, marquée par une recrudescence de publicités négatives, se met en marche. Obama détient un léger avantage dans les sondages, mais une mauvaise prestation lors du premier débat télévisé, le 3 octobre, est suivie par une remontée de Romney. Au coude-à-coude dans le dernier droit, les deux hommes concentrent leur activités dans les États les plus susceptibles de basculer - swing states - d'un bord ou de l'autre (Caroline du Nord, Colorado, Floride, Iowa, Nevada, New Hampshire, Ohio, Virginie, Wisconsin, etc.). Grâce à un fort appui des Afro-Américains, des hispaniques et des femmes, c'est finalement Obama qui obtient la faveur de l'électorat le 6 novembre avec 51,1 % des voix et une nette majorité au Collège électoral. Avec Bill Clinton, il devient le seul démocrate à être réélu pour un deuxième mandat depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les démocrates conservent aussi la majorité au Sénat, mais ils devront tenir compte de la majorité républicaine qui persiste à la Chambre des représentants. Le vice-président sera encore Joe Biden.
Dans les médias...
Sylvie Kauffman, « Obama, le miraculé de la crise »
«...La réélection de Barack Obama, le 6 novembre, pour un deuxième mandat à la Maison Blanche, contredit de manière spectaculaire la tendance qui s'est installée en politique dans les pays occidentaux depuis le début de la crise économique actuelle : les uns après les autres, les dirigeants de ces pays ont été laminés par les électeurs qui leur ont fait payer les effets de la crise et les mesures d'austérité qu'elle a imposée. Pour mesurer la sévérité du jugement des électeurs, il suffit de comparer les photos de sommets du G20 à trois ans de différence, entre 2009 et 2012 : seule Angela Merkel, la chancelière allemande, qui retournera devant les urnes en 2013, est toujours là. Le désaveu électoral a été particulièrement clair en Europe, mais il n'a épargné ni le Japon, ni l'Australie ni la Nouvelle-Zélande. Le président Obama constitue donc une exception de taille, d'autant plus remarquable que c'est des Etats-Unis que la crise est partie, avec la faillite de Lehman Brothers, en 2008. »
Le Monde (France), 8 novembre 2012, p. 8.
Stéphane Bussard, « Le meilleur est devant nous »
«...L'euphorie de la victoire va toutefois vite retomber et l'administration démocrate ne va pas tarder à devoir affronter plusieurs défis. Mardi, républicains et démocrates ont conservé leur majorité respective à la Chambre des représentants et au Sénat, laissant un Capitole aussi divisé que depuis la percée du Tea Party à l'automne 2010. Rien n'indique que la polarisation idéologique entre les deux partis va diminuer. Mardi soir, au quartier général de la campagne Obama, où la foule s'enflammait à l'annonce des victoires successives du président dans la plupart des États indécis, Barack Obama l'a d'emblée martelé: « Dans les semaines et mois à venir, je me réjouis de collaborer avec les leaders des deux partis pour être à la hauteur des défis que nous ne pouvons relever qu'ensemble: réduire le déficit, réformer notre fiscalité, restaurer notre système d'immigration et nous affranchir du pétrole de l'étranger. Nous avons encore du travail. » La politique partisane menée ces deux dernières années mène droit dans le mur. La Maison-Blanche devra faire un plus grand usage d'une arme qu'elle a très peu utilisée: le pouvoir de persuasion. »
Le Temps (Suisse), 8 novembre 2012.
Rima Elkouri, « La promesse d'un rêve »
«...La campagne présidentielle américaine a mis en lumière la conception très différente qu'ont Obama et Romney du rêve américain. L'un et l'autre se sont posés en défenseurs de ce rêve. Mais ils ne parlaient pas du même rêve. Celui d'Obama repose sur une vision collective, où tous ont des obligations les uns envers les autres et où l'État a une plus grande responsabilité pour combattre les inégalités sociales. Celui de Romney repose sur une vision individualiste, où chacun a le succès qu'il mérite. Et tant pis pour les laissés-pour-compte du capitalisme. Pour les partisans du bien commun, c'est le genre de rêve qui ressemble à un cauchemar. « J'aurais tant voulu réaliser ce rêve », a dit Mitt Romney dans son discours de défaite. On aura compris que son rêve est à mille lieues de celui d'Obama. Il aurait aimé, selon ses propres mots, mener les États-Unis dans une « direction différente ». Dans sa vision des choses, 47% des Américains, qui attendraient simplement que l'État s'occupe d'eux, n'auraient pas le droit à leur part de rêve. La vision d'Obama est autrement plus inspirante. »
La Presse (Québec, Canada), 8 novembre 2012, p. A7.
Ron Suskind, « Can Obama Give Us Confidence ? »
«...He now has won a new first 100 days. In hopes of harvesting a few lessons, it's worthwhile to note what he did the first time, with all that political capital. Thinking of his legacy -- the passage of health care reform -- he missed opportunities presented by the twin crises of a collapsing economy and the banking meltdown to restructure the American financial system. He did not push for the creation of a sound and sustainable foundation for investing, in place of speculative trading. Then, by failing to use Obama's Army to drive the health care debate, he ceded ground to the Tea Party and had to limp across the finish line, a year later, with only a starting point for comprehensive health care reform -- really, a widened coverage mandate by government. Maybe Mr. Obama will feel the valuable bite of those early, missed opportunities in the weeks to come, as he has to negotiate terms to avoid the looming « fiscal cliff » and the demands of Tea Party representatives. We have, indisputably, entered an age of wild participatory energies, bubbling up and driving a kind of relentless direct democracy. These voices will write the narrative for the coming days. And they're looking for a lead actor. »
The New York Times (États-Unis), 8 novembre 2012, p. A23.
Gouvernance et gouvernement [ 6 novembre 2012 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | Barack H. Obama |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).