Protestations et violences meurtrières à Taïwan
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Tchang Kaï-chek
Des tensions entre la population taïwanaise et l'administration chinoise dégénèrent en contestation populaire en février 1947. Les autorités répliquent en décrétant la loi martiale et en exerçant sur les protestataires une répression brutale qui fera, selon les estimations, entre 10 000 et 30 000 morts.
Obtenue par le Japon à la suite de la guerre sino-japonaise de 1895, Taïwan passe sous contrôle administratif chinois après la capitulation de l'empire du Soleil-Levant, en 1945. En Chine, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek est alors en lutte avec les forces communistes de Mao Zedong. Initialement, la présence de troupes chinoises est bien perçue à Taïwan. Cependant, des accusations de vandalisme et de corruption ainsi que le transfert de produits taïwanais en Chine accentuent les tensions. Elles éclatent le 27 février 1947 alors que des Chinois du Tobacco Monopoly Bureau tabassent une vendeuse de cigarettes illégales dans le quartier Tataocheng, à Taipei. Un homme est tué pendant l'incident, provoquant une forte réaction. Le lendemain, une foule venue protester devant le bureau du gouverneur Chen Yi est accueilli par des balles. Les soulèvements se répandent à travers le pays, les revendications prenant un caractère autonomiste face à l'administration chinoise. La loi martiale est décrétée et l'arrivée de troupes chinoises, dirigées par le général Liu Yu-chiang, est suivie par une sévère répression, notamment contre les élites taïwanaises. Sur une population de 6 millions d'habitants, on compterait 10 000 à 30 000 victimes. Cette « terreur blanche » est également marquée par le début de dizaines de milliers d'arrestations visant à mâter ce que les autorités perçoivent comme une menace communiste. En 1949, les relations entre Taïwanais et Chinois se compliquent encore plus alors que Tchang Kaï-chek et 2 millions de ses partisans, fuyant la prise du pouvoir par les communistes, se réfugient à Taïwan. Ce dernier restera au pouvoir jusqu'à sa mort, en 1975. Après un long silence, et la levée de la loi martiale en 1987, les Taïwanais commenceront à se remémorer ce que l'on appelle « l'incident 228 ». En 1995, le président Lee Teng-hui s'excusera même officiellement et fera du 28 février un jour de commémoration nationale.
Gouvernance et gouvernement [ 28 février 1947 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | Tsai Ing-wen | Chang Chung |
![]() | Faible | Situation révolutionnaire | Situation révolutionnaire |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).