16 avril 2025
2 avril 1982

Invasion des îles Malouines/Falkland par l'Argentine

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Leopoldo Galtieri

L'Argentine décide de prendre possession par la force des îles Malouines (Falkland pour le gouvernement britannique), un archipel situé dans l'océan Atlantique qu'occupe le Royaume-Uni depuis 1832. L'intervention entraînera un conflit armé entre les deux pays.

Une situation intérieure peu reluisante joue un rôle déterminant dans la décision du général Leopoldo Galtieri, à la tête de l'Argentine depuis novembre 1981, d'ordonner l'invasion des îles situées à moins de 500 km du continent sud-américain. Les geste est dénoncé par l'Organisation des Nations unies (ONU). Le gouvernement britannique dirigé par Margaret Thatcher relève le gant et envoie sa flotte afin de déloger les Argentins. Pendant la traversée de l'Atlantique, des initiatives sont entreprises afin de trouver une solution diplomatique à la crise. Elles sont impuissantes à empêcher l'éclatement de combats entre Argentins et Britanniques qui tournent rapidement à l'avantage de ces derniers. La reddition de l'armée argentine à Port-Stanley, le 14 juin 1982, entraîne son retrait des îles. Elle pave aussi la voie à la démission de Galtieri et à un éventuel retour des civils au pouvoir, à l'automne 1983. Malgré une facture élevée et quelques centaines de morts et blessés, le conflit a un impact positif sur la popularité la première ministre Thatcher qui sera facilement réélue lors des élections de juin 1983.

Dans les médias...

P.Th., «Amériques latines»

«...La junte militaire argentine a tenté un coup de démagogie nationaliste face à une opposition renaissante. Ce n'est pourtant pas le fascisme argentin que combat la Royal Navy, mais un nationalisme du tiers-monde. C'est d'ailleurs aussi une opération de prestige que conduit Margaret Thatcher, mue par une sorte d'orgueil du pouvoir dont on a déjà vu les effets en Irlande. Les enjeux matériels sont ici sans importance, c'est humilier l'autre qui compte et à travers le succès, se maintenir dans l'échelle du prestige international (...) Cette triste affaire montre évidemment le déclin de la vie politique non seulement dans une Amérique latine secouée par une énorme crise morale, affectée par le déclin des élites européanisées, mais aussi dans les plus grandes démocraties. Que sont une Thatcher, un Reagan, sinon des sortes de placebos pour nations en crise, où à défaut d'idées d'avenir les gouvernements vivent d'attitudes, fournissent au moins des consolations symboliques ?»

Esprit (France), juin 1982, p. 163-164.

Raymond Aron, «La logique déraisonnable»

«...Cette guerre, logique à partir de la situation créée par l'aveuglement de Londres et le coup de poker de Buenos Aires, n'en est pas moins absurde dans le cadre de la politique planétaire. Tous les belligérants y perdent plus qu'ils n'y gagnent, même la Grande-Bretagne (...) En dehors même de la Grande-Bretagne, les questions vont fuser. La proportion est-elle maintenue entre la faute et le châtiment ? Jusqu'où l'armada britannique doit-elle aller pour laver l'outrage avant de reprendre le dialogue ? Ni l'Argentine ni la plupart des États latino-américains, en dehors de Cuba et du Nicaragua, ne se situent, dans la grande partie qui se joue depuis la dernière guerre, parmi les ennemis de l'Occident. Une des conséquences les plus lamentables de ce conflit, chacun le perçoit ou, du moins, le pressent. Les Argentins ne seront pas les seuls, en Amérique du Sud, à ressentir l'humiliation infligée à un pays et peut-être à un continent. Les relations entre les États-Unis et le monde latino-américain risquent de se dégrader.»

L'Express (France), 14 mai 1982, p. 53.

Guy Cormier, «Une Angleterre humiliée cherche sa revanche»

«...Trois choix s'offraient à Londres : céder, négocier, prendre les dispositions pour défendre l'archipel. Effectivement, il y eut des négociations. Elles n'ont jamais abouti. Avec le résultat que l'univers se voit offrir aujourd'hui un spectacle d'un autre âge, celui d'une Angleterre qui pousse sur les flots une armada de 36 navires, partis libérer les quelques Britanniques et moutons tombés sous le joug du conquérant argentin. Il faudra près de deux semaines à la flotte anglaise pour atteindre les îles. À l'heure des voyages interstellaires le spectacle est touchant. Mais il est absurde, si on remarque que les îles sont situées à 7,000 milles des côtes anglaises. En outre, la Grande-Bretagne n'a pas les moyens d'une mise en scène coûteuse dont elle attend surtout, dans l'immédiat, quelque baume pour son amour-propre blessé.»

La Presse (Québec, Canada), 6 avril 1982, p. A6.

Anthony Sampson, «Of Principle - And Power»

«...The first instinctive British response has been inevitably nationalistic, with British warships sailing to defend British people. But the Falklands issue needs an international response. The only sensible solution must involve Britain's allies. And the Falkland crisis is rare among recent disputes in having provoked a real sense of solidarity among the allies, including arms embargos by Germany and even by France. The crisis for which the diplomats have been blamed can only be solved properly in the end by the diplomats. And however emphatic and salutary Britain's show of strength may be, it cannot provide any lasting solution for Britain in such a distant outpost. If this explosive incident were to reveal that the Western allies can effectively stand together to counter illegal aggression and to show their common determination, then the humiliations and high emotions of the last two weeks could yet prove worthwhile.»

Newsweek (États-Unis), 19 avril 1982, p. 47.

Gouvernance et gouvernement [ 2 avril 1982 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagArgentineFaibleReynaldo Benito Bignone Ramayón
flagRoyaume-UniÉlevéÉlisabeth IIMargaret Thatcher

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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