Décès du leader soviétique Leonid Brejnev
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Iouri Andropov
Le décès de Leonid Brejnev, à l'âge de 75 ans, est suivi par l'accession de Iouri Andropov au poste de premier secrétaire du Parti communiste (PCUS) de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Brejnev, qui succombe à une attaque cardiaque, était l'homme fort de l'URSS depuis le départ de Nikita Khrouchtchev, en 1964. Son règne a été marqué par une politique de « détente » avec les États-Unis, mais aussi par l'invasion de l'Afghanistan, en 1979. Des personnalités politiques comme le vice-président américain George Bush, le leader cubain Fidel Castro et la première ministre indienne Indira Gandhi assistent à ses funérailles. Iouri Andropov, le successeur de Brejnev à la tête du PCUS, a dirigé les services secrets (KGB) entre 1967 et 1982. Il accède à la présidence du Soviet suprême l'année suivante. Son héritage est mince puisqu'il décède à son tour le 9 février 1984. Principal rival d'Andropov en 1982, Konstantin Tchernenko lui succède dans ses fonctions. Le style de leadership de ce septuagénaire à la santé chancelante reste encore à définir au moment de sa mort, le 10 mars 1985. Après ces deux dirigeants de transition, l'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev marquera un tournant majeur à la tête du PCUS.
Dans les médias...
Branko Lazitch, «Ce qu'on sait d'Andropov»
«...Mais au-delà de la personnalité d'Andropov, on s'interroge surtout sur les conséquences de sa nomination, en U.R.S.S. et dans le monde. L'espoir suprême des Occidentaux réside dans la perspective d'une évolution -à défaut d'un écroulement- du système soviétique. Trois semaines avant la mort de Brejnev, Milovan Djilas, ancien vice-président yougoslave, accordait peu de chances à cette hypothèse. Voici sa réponse sur les possibilités de changement profond en U.R.S.S. : «A long terme, peut-être. Mais pas dans la décennie qui vient... Je pense que le système soviétique est en état de pourriture. Mais cet état peut durer parce que la classe dirigeante est relativement stable.» Sous Brejnev, cette classe dirigeante intensifiait ses activités à l'extérieur et pratiquait l'immobilisme à l'intérieur. Aujourd'hui, la population soviétique souhaite l'inverse. L'opinion occidentale aussi. Il y a trente ans, à la mort de Staline, cette attente s'exprimait par deux mots clefs : le dégel à l'intérieur de l'Union soviétique et la détente dans le monde. En trente ans, le résultat sur ce double plan n'a pas été à la hauteur des espérances - c'est le moins qu'on puisse dire.»
L'Express (France), 26 novembre 1982, p. 53.
Pierre Hassner (propos de), «Kremlin : si l'imagination revient au pouvoir»
«...pendant la vingtaine d'années qui vient de s'écouler, la diplomatie soviétique a été, dans un océan de tumultes et de confusions, un véritable roc de prévisibilité pour qui consentait à prêter attention à la logique du système au lieu de se laisser emporter par l'euphorie de la détente (...) Avec Khrouchtchev, il y avait toujours -à cause du tempérament de l'homme- des imprévisibilités possibles, comme la crise de Cuba. Mais avec Brejnev, ce fut au contraire le triomphe du «système»; ce fut le degré zéro du soviétisme, sans héros, sans facteur humain, sans impulsion inattendue. Ce fut le triomphe d'une machine autoprogrammée et, de ce fait, fiable -même pour ses adversaires. On peut saisir par là toute l'ambiguïté et tous les paradoxes du brejnévisme : d'un côté, à l'extérieur, il pouvait convenir aux Occidentaux, qui auraient dû savoir à quoi s'en tenir; d'un autre côté, à l'intérieur, il convenait à une Nomenklatura conservatrice et soucieuse, d'abord, de prévenir les audaces incontrôlées d'un premier secrétaire.»
Le Nouvel Observateur (France), 20 novembre 1982, p. 22.
Paul Lachance, «Le lourd héritage de Brejnev»
«...Durant les premières années de son mandat, Brejnev a ramené la stabilité et rassuré. Le pays en avait besoin après les horreurs de Staline et les soubresauts de l'ère Khrouchtchev. Mais cette stabilité est devenue immobilisme. L'économie continue de piétiner de plus belle et le progrès social est au neutre. Il s'avère donc évident que des changements majeurs devront survenir en URSS. Mais la notion de changement dans ce pays impose une action plus lente et plus feutrée que dans le monde capitaliste. Mais cela n'exclut pas que les hommes qui prendront la relève seront contraints, tôt ou tard, de faire sauter certains verrous et de bousculer de vieilles habitudes. C'est probablement à cet unique prix qu'ils auront quelque chance de préparer l'URSS à faire face aux phénomènes socio-économiques qui ne manqueront pas de confronter tout le système dans les très prochaines années.»
Le Soleil (Québec, Canada), 12 novembre 1982, p. A10.
Éditorial
«...Brezhnev's record thus appears mixed at best. Yet if it is compared with the performance of his predecessors, it must be adjudged at least a limited success. The reign of terror that characterized so much of the 29-year autocracy of Josef Stalin is at least far less brutal. The bombast and experimentation of Khrushchev have given way to a more orderly, albeit unsuccessful, approach to the economy. Despite the recent resurgence of bellicosity, saber-rattling, no monopoly of Moscow is less menacing and more measured than in the past. Economic and political relations with the Western world, however strained, are more temperate and predictable. And, despite all the failures, the Soviet people unquestionably are better off materially than a generation ago. What comes next will be the topic of endless speculation in Washington and other capitals.»
The Sacramento Bee (États-Unis), 12 novembre 1982.
Gouvernance et gouvernement [ 10 novembre 1982 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Faible | Vassili Kouznetsov | Nikolai Tikhonov |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).