Assassinat du musicien John Lennon à New York
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
Alors qu’il s’apprête à entrer dans l’immeuble à appartements qu’il habite à New York avec sa femme Yoko Ono, le musicien John Lennon est abattu par un inconnu du nom de Mark David Chapman. La mort de l’ex-membre du groupe mythique les Beatles, qui était âgé de 40 ans, suscite de fortes réactions à travers le monde.
John Lennon est, avec Paul McCartney, le personnage le plus connu du groupe britannique les Beatles qui a vendu des centaines de millions de disques dans le monde entier. Après la dissolution de cette formation, en 1970, Lennon poursuit une carrière solo, produisant notamment le succès Imagine qui deviendra un standard et un hymne à la paix. Celui-ci est d’ailleurs un activiste controversé au cours de sa carrière. Sa comparaison entre la popularité des Beatles et celle de Jésus, au milieu des années 1960, et ses prises de position contre la présence américaine au Vietnam l'ont placé au centre de l’actualité. L’administration du président Richard Nixon considère même la possibilité de le faire déporter des États-Unis où il habite au cours des années 1970. Lennon est moins dans l’œil du public pendant cette période, alors que son activité musicale diminue considérablement. Il effectue un retour en novembre 1980 avec l’album Double Fantasy. Toutefois, le 8 décembre 1980, le musicien est abattu alors qu’il s’apprête à entrer dans l’immeubles à appartements Dakota de New York où il habite avec sa femme, Yoko Ono. Les quatre balles qui l’atteignent ont été tirées par Mark David Chapman, un homme de 25 ans au passé trouble qui est venu de Hawaii avec l’intention de tuer Lennon. Il avait une fixation sur ce dernier et sur le roman L’attrape-cœurs de J.D. Salinger qu’il est en train de lire lorsqu’on l’arrête sans résistance. Chapman plaidera coupable et recevra une sentence d’emprisonnement qui se poursuit au XXIe siècle. L’annonce du décès de John Lennon provoque une vigie le soir même devant l’immeuble Dakota et suscite une vague de réactions à travers le monde. D’ailleurs, les ventes de Double Fantasy explosent. Les cendres de Lennon, une des figures les plus célèbres de la contre-culture au cours des années 1960, seront répandues dans Central Park.
Dans les médias...
Michel Crépu, « A day in the life »
«...Disons simplement les premières notes de Sgt Peppers : tout est là. L’écho indélébile de ce microcosme musical qui est venu se loger dans nos têtes par petites fulgurances, souvenirs, instants; qui est resté. Les Beatles, avant tout, c’est ça : un merveilleux jardin de leitmotivs, plus encore : le jardin de deux générations au moins, le domaine fabuleux de tous ceux qui ne comptent plus les heureuses insomnies près de Help !, de Fixing a hole, et de tout le reste. Alors voilà, Lennon a quitté la route : le plus bel imaginaire du rock vient de s’écrouler, et comme d’habitude dans ces moments-là, un petit gouffre de mémoire s’ouvre d’un seul coup; un léger tremblement essentiel : une voix qui a littéralement chauffé des générations, qui a accompagné les nuits et les jours les plus ordinaires, une voix pareille à cette silhouette de jeune homme dans la rue accoudé au mur, regardant passer les voitures, le regard non pas absent mais « à côté ». »
Esprit (France), janvier 1981, p. 162-163.
Claude Fléouter, « Le rêve est fini »
«...Le nom de John Lennon est d’abord indissociablement lié aux Beatles, quatre petits « prolos » de Liverpool qui allaient révolutionner la musique populaire dans les années 60. Ils allaient devenir les héros d’un immense phénomène social, les catalyseurs et les vulgarisateurs du rock et d’un mouvement, les chroniqueurs sensibles de leur époque et les représentants de l’anticonformisme d’alors et de l’irrévérence, soucieux de leur liberté et de leur insolence [...] Incontestablement, les chansons de Lennon et de McCartney sont, avec celles de Dylan, les plus importantes du mouvement rock, celles qui ont modifié le comportement, les mentalités, les gestes et les apparences d’une génération de jeunes dans le monde entier. En 1968, leurs albums riches, imaginatifs et aux harmonies sophistiquées avaient déjà été vendus à deux cent vingt millions d’exemplaires. Bien sûr, ce succès sans précédent n’allait pas sans quelques incidents, d’autant plus que Lennon ne se gênait pas pour lancer de temps à autre des phrases à la manière de Groucho Marx, notamment ce fameux « Les Beatles sont devenus plus célèbres que Jésus-Christ », qui valut au groupe de voir son portrait et ses disques brûlés par le Ku Klux Klan, au Tennessee. »
Le Monde (France), 10 décembre 1980, p. 1 et 24.
Jean-Guy Dubuc, « La vie de John Lennon : l’histoire d’une décennie »
«...John Lennon, ex-Beatle, est mort. Détrompez-vous si vous n’y voyez qu’un fait divers ou la simple disparition d’un musicien de rock. C’est bien davantage : la mort de Lennon signifie celle des Beatles. Le groupe musical le plus influent de notre époque et peut-être de l’histoire de la musique. Qu’on l’admette ou pas, les Beatles ont influencé notre vie à tous. Ce qu’ils ont été représente nécessairement un peu de ce que nous sommes. [...] Les Beatles avaient apporté à la musique le rythme nouveau qui exprimait la jeunesse nouvelle. Ce n’était pas le rock brutal d’Elvis Presley; c’était un rythme mélodieux, aux paroles vivantes, souvent douces ou même profondes. C’était une expression totale d’un monde qui cherchait le moyen de se dire. Bien des parents reprochaient à leurs adolescents leur engouement pour les Beatles. C’est qu’ils ne comprenaient pas que ce groupe de chanteurs anglais représentait l’expression dont avaient besoin des millions de jeunes du monde entier. »
La Presse (Québec, Canada), 10 décembre 1980, p. A6.
Jay Cocks, « The Last Day in the Life »
«...for much of an entire generation that is passing, as Lennon was, at age 40, into middle age, and coming suddenly up against its own mortality – the murder was something else. It was an assassination, a ritual slaying of something that could hardly be named. Hope, perhaps; or idealism. Or time. Not only lost, but suddenly dislocated, fractured. [...] The outpouring of grief, wonder and shared devastation that followed Lennon’s death had the same breadth and intensity as the reaction to the killing of a world figure : some bold and popular politician, like John or Robert Kennedy, or a spiritual leader, like Martin Luther King Jr. But Lennon was a creature of poetic political metaphor, and his spiritual consciousness was directed inward; as a way of nurturing and widening his creative force. That was what made the impact, and the difference – the stock of his imagination, the penetrating and pervasive traces of his genius – and it was the loss of all that, in so abrupt and awful a way, that was mourned last week, all over the world. The last Day in the Life, « I read the news today, oh boy...» »
Time (États-Unis), 22 décembre 1980, p. 20.
Gouvernance et gouvernement [ 8 décembre 1980 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
---|---|---|---|
![]() | Élevé | Jimmy Carter | |
![]() | Élevé | Élisabeth II | Margaret Thatcher |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).