15 mars 2025
9 avril 1976

Lancement du film « All the President’s Men »

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Deux ans après la publication du livre du même nom, le film « Les hommes du président » (« All the President’s Men ») d’Alan J. Pakula est lancé le 9 avril 1976. Il retrace l’enquête de deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, qui a mené au dévoilement du scandale du Watergate entraînant la démission du président Richard Nixon.

Le climat propice à la critique des institutions, particulièrement politiques, que l’on observe aux États-Unis à la fin des années 1960 et au cours des années 1970 sert de toile de fond à plusieurs longs métrages : « Complot à Dallas » (1973) de David Miller, « Nashville » (1973) de Robert Altman, « Conversation secrète » (1974) de Francis Ford Coppola, « À cause d’un assassinat » (1974) d’Alan J. Pakula ou « Les 3 jours du Condor » (1975) de Sydney Pollack. En juin 1974, deux jeunes journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, publient le livre « Les hommes du président ». Ils y retracent le fil de l’enquête qui leur a permis d’établir des liens entre un cambriolage survenu en juin 1972 dans les bureaux du Parti démocrate à Washington et le Comité pour la réélection du président des États-Unis, Richard Nixon. C’est cette investigation qui a entraîné le dévoilement du scandale du Watergate puis, en août 1974, la démission de Nixon, un fait sans précédent dans l’histoire politique des États-Unis. Les droits du livre sont achetés par l’acteur Robert Redford qui en fait un film lancé le 9 avril 1976. Redford y joue le rôle de Woodward alors qu’un autre acteur populaire, Dustin Hoffman, interprète celui de Bernstein. Ce thriller politique d’Alan J. Pakula connaît un énorme succès avec plus de 70 millions de dollars au box-office et 8 nominations aux Oscars, en récoltant 4. D’autres longs métrages, de fiction cette fois, sont également centrés sur la critique des institutions américaines comme « Network » (1976) de Sidney Lumet, sur le monde des médias, ou « La théorie des dominos » (1977) de Stanley Kramer.

Dans les médias...

Claude Michel Cluny, « Les hommes du président : une immense bagarre abstraite »

«...Dialogué avec la banalité, la verdeur et l’humour ou le cynisme du quotidien, l’affrontement des deux monstres qui habitent la démocratie américaine, c’est-à-dire le pouvoir et l’information, n’est pas qu’un film de plus sur la presse, pas davantage qu’il n’est la mise au goût du jour de Tempête sur Washington (Advise and Consent, 1962) dans lequel [Otto] Preminger refuse de préjuger le futur en se fondant sur le passé. On serait même autorisé à dire que c’est grâce à ses pratiques d’hier que Nixon est arrivé au seuil de Watergate. Dès lors, les fiches, les chèques photocopiés, les listes subtilisées, les appels téléphoniques, le harcèlement des témoins, des inculpés, des suspects, tout cela apparait comme la sécrétion logique, possible et nécessaire d’anti-corps par la démocratie… L’immense bagarre abstraite a laissé loin derrière elle le scoop scandaleux pressenti par des journalistes en mal de copie et de sensation pour aboutir à la mise à mort (relative) du président des États-Unis d’Amérique. De séparés qu’ils étaient, les deux plans se trouvent liés l’un à l’autre comme deux galères qui se seraient abordées. »

Cinéma (France), no. 215, 1976, p. 111.

Serge Toubiana, « Les hommes du président (Alan J. Pakula) »

«...L’Amérique change et l’Amérique digère le changement. L’Amérique se critique et digère la (sa) critique. L’Amérique à ses défauts, qu’elle produit presque innocemment, mais elle a aussi ses anticorps, qu’elle produit et met en scène avec bonne conscience. Le système est bien mis au point, comme en témoigne le dernier film d’A. Pakula sur l’affaire du Watergate. [...] Le cinéma était sommé de faire jouer à plein la grande machine à scénarios qu’est – à travers Hollywood – la société américaine toute entière. Il ne doit pas se passer une chose importante dans le réel qui ne soit identifiable par les média, qu’il ne soit possible de mettre en image, en message dans les codes de la communication filmique. Et sur cette affaire précise, la presse avait une longueur d’avance : elle avait été à l’initiative de la recherche de la vérité, et mis à la disposition de cette recherche tous ses moyens. Et obtenu, avec la tête de Nixon, gain de cause, donc prestige. Pour ne pas être en reste, le cinéma a fait alliance avec la presse. »

Les Cahiers du cinéma (France), no. 272, décembre 1976, p. 60.

Jack Kroll, « Behind the Front Page »

«...Bernstein and Woodward may have tried their damnedest to present themselves as dogfaced reporters digging out a story in the most prosaic way, but the myth – the true reality – is that they were heroes bringing villainy to light. This is why the movie gets under your skin and excites you – behind the scrabbling style of the reporters lies a world of moral meaning. This world, implicit in the book, becomes explicit in the film. If you knew nothing about Watergate, reading Bernstein and Woodward would tell you a great deal. But if the film were your only source of pure information about Watergate, you wouldn’t have a real grasp of what happened. The film is not a documentary or a semi-documentary, it’s a powerful, intelligent work of popular art that aims to get your emotional as well as your intellectual assent. Like Costa-Gavras in « Z, » Pakula drives moral and ideological meanings straight to your nervous system by the rhythms of his imagery and editing. But Pakula is subtler, less melodramatic. »

Newsweek (États-Unis), 5 avril 1976, p. 85.

Gouvernance et gouvernement [ 9 avril 1976 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéGerald R. Ford

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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