Rencontre entre le pape Jean Paul II et le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev

Mikhaïl Gorbatchev

Trois semaines après la chute du mur de Berlin, un autre moment historique survient alors que le pape Jean Paul II accueille au Vatican le secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (URSS), Mikhaïl Gorbatchev. Cette rencontre reflète la volonté de changements observée en URSS depuis l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev.

L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au poste de secrétaire général de l’URSS, en 1985, est suivie par l’adoption de réformes majeures (glasnost, perestroïka). Elles reflètent une volonté d’ouverture du régime, tant sur le plan domestique qu’à l’international. En juin 1988, une importante délégation de cardinaux est de passage en URSS pour le 1000e anniversaire du christianisme en Russie. Le cardinal Agostino Casaroli, qui est secrétaire d’État, transmet à Gorbatchev une lettre du pape Jean Paul II. L’année suivante, le leader soviétique se rend en Italie, puis rencontre le pape à Rome le 1er décembre 1989, quelques semaines après la chute du mur de Berlin. L’événement a une grande portée historique. Les relations entre le Vatican et la Russie avaient été rompues à la suite de la Révolution russe, en 1917. Le président Nikolaï Podgorny avait rencontré le pape Paul VI en 1967, mais sa fonction était essentiellement honorifique. Lors de la visite de Gorbatchev, qui est accompagné de son épouse Raïssa, le pape sort de son appartement pour l’accueillir, un geste inusité. Une partie de leur discussion de 80 minutes, qui a lieu dans la bibliothèque privée du pape, se déroule en russe. Peu de temps avant la rencontre, une pierre d’achoppement avait été levée avec l’annonce de la légalisation de l’Église catholique ukrainienne (uniate). Le leader soviétique s’engage également à rétablir la liberté de conscience dans son pays, notamment la liberté religieuse. Pour sa part, le pape, qui a été fort critique du communique, rappelle aussi sa dénonciation des abus du capitalisme et son vœu pour une Europe unie et pacifiée. Il en profite pour louer les efforts de Gorbatchev vers cet objectif. Un éventuel rétablissement des liens diplomatiques entre le Vatican et l’URSS est également discuté, tout comme une possible visite du pape à Moscou. Elle n’aura toutefois jamais lieu.