8 mai 2025
17 juin 1991

Abolition des dernières lois ségrégationnistes en Afrique du Sud

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Frederik de Klerk, président de l'Afrique du Sud, 1989-1994
The Nobel Foundation

Le gouvernement sud-africain poursuit dans la foulée des réformes entreprises depuis quelques années et procède à l'abolition des dernières lois discriminantes sur des caractéristiques raciales.

Des pressions intérieures et extérieures entraînent la remise en question de la politique de ségrégation raciale (apartheid), pratiquée en Afrique du Sud depuis le début du XXe siècle qui survient à la fin des années 80. La présidence de Frederik de Klerk, en fonction depuis 1989, est marquée par l'abolition de la ségrégation dans les lieux publics et par des ouvertures à l'endroit des mouvements d'opposition, notamment la libération du leader du Congrès national africain, Nelson Mandela. En juin 1991, les élus s'attaquent aux derniers pans de la politique d'apartheid. Ils se prononcent pour l'abolition des lois ne permettant aux Noirs que l'accès à un petit pourcentage des terres. Le Parti national, appuyé par le Parti démocratique libéral, vote également l'abolition de la loi sur le classement à la naissance des Sud-Africains à partir de leurs origines raciales. Ces lois ne s'appliqueront plus à partir du 30 juin 1991. Ces réformes reçoivent l'approbation des États-Unis qui, en juillet, mettront un terme aux sanctions économiques prises contre l'Afrique du Sud.

Dans les médias...

Jean Lesieur, « La force tranquille de l'Afrique du Sud »

«...Quel rôle jouera ce Blanc, le « premier des justes » dans la nouvelle Afrique du Sud ? Il serait tentant de penser que l'artisan de la transformation ait alors envie de se retirer pour se livrer au plaisir des feux de camp, des parties de golf et des romans policiers à bon marché. À moins que, songeant à l'Histoire, il ne rêve d'un partenariat avec Nelson Mandela afin d'assurer le meilleur avenir possible au pays. Ce serait oublier la réalité profonde du personnage. De Klerk n'est ni moraliste ni visionnaire. C'est avant tout un passionné de politique qui, à 12 ans, collectionnait des résultats électoraux. Comme les enfants de son âge, les scores des matchs de cricket ou de rugby. Aujourd'hui, il se préoccupe surtout des prochaines élections. Dans trois ans, au plus tard. D'ici là, il compte bien avoir pu bâtir une alliance multiraciale de modérés, libéraux en économie et capables de convaincre le peuple qu'ils seront les seuls en mesure de préserver au continent africain un niveau de vie élevé. Pour repousser, donc, à nouveau, les assauts de l'ANC. Mais, cette fois, en démocrates. »

L'Express (France), 28 juin 1991, p. 27.

Frédéric Wagnière, « Afrique du Sud : des sanctions de plus en plus absurdes »

«...Avec la disparition de ce fondement de l'apartheid, la ségrégation raciale n'est plus reconnue par la loi et, en théorie, plus rien ne devrait s'opposer à une réforme de la constitution qui ouvre la vie politique à tous. En réalité cependant, tout reste encore à faire, car la discrimination qui persiste dans les esprits, de même que les disparités de niveau de vie ne peuvent être changées d'un trait de plume. Néanmoins, la voie est ouverte au dialogue...ou devrait l'être. L'opposition du parti conservateur, fidèle à l'apartheid, n'est plus une menace. Les prochaines élections seront sans doute multiraciales et les conservateurs seront marginalisés par le poids des électeurs d'autres groupes ethniques. L'obstacle à la tenue de négociations substantielles sur la réforme de la constitution vient davantage du Congrès national africain (ANC) qui semble avoir été pris de vitesse par le parti national du président Frederik de Klerk. L'ANC éprouve beaucoup de peine à transformer une organisation semi-clandestine, dont les activités étaient partagées entre l'intérieur et l'étranger, en un parti politique dont le but est de gagner des élections. »

La Presse (Québec, Canada), 20 juin 1991, p. B2.

Éditorial

«...The Population Registration Act and other statutory props of apartheid may have been erased from the books, but it will be years before they are erased from the minds and hearts of South Africa's people. Likewise, the economic and social distortions engendered by this pernicious adventure in social engineering will persist, confronting South Africans with the kind of dilemmas of racial equity already familiar in the United States and other multiracial societies. For the moment, however, De Klerk's actions present the United States with a dilemma : Whether to maintain economic sanctions or lift them. Those who are genuinely interested in fostering progress in South Africa ought to favor lifting them. (...) Black South Africans insisted that they were willing to bear the burden of sanctions to eliminate apartheid. But now, with the legal structure of apartheid dismantled and the white government committed, apparently irreversibly, to genuine democracy, the justification for sanctions would seem to have disappeared. Perhaps more important, political conditions within South Africa are more critical to investors now than a sanctions law. Investors demand stability; a reversal of course by De Klerk would trigger cataclysmic instability. He has no real choice except to move forward. »

Chicago Tribune (États-Unis), 20 juin 1991.

E.L., « Sanctions : le choix de la raison »

«...Finalement, le pragmatisme l'a emporté. Conscient de défendre une cause perdue, Nelson Mandela a opté pour une « levée graduelle des sanctions » contre le régime de Pretoria. (...) ...la levée des sanctions économiques, n'interviendra que lorsque les négociations avec le pouvoir auront abouti à un accord intérimaire sur un gouvernement de transition et l'élection d'une Constituante. Enfin, l'embargo sur les armes et le pétrole devra rester en vigueur jusqu'à la proclamation d'une nouvelle loi fondamentale fondée sur le principe « un homme, une voix ». Pour autant, le mouvement de Mandela n'a toujours pas défini une ligne politique claire. Signe, sans doute, de divergences persistantes, les sanctions n'ont pas fait l'objet d'une résolution. Et tout en prônant la souplesse, Mandela a déclaré dans son discours final que « la communauté internationale doit continuer à appliquer les sanctions ». Est-il encore temps ? Le président américain George Bush n'a pas tardé à annoncer son intention d'en finir au plus vite avec le Comprehensive antiapartheid Act de 1986. Et rares sont les pays qui n'ont pas déjà renoué des liens économiques avec Pretoria. Pour audacieux qu'il paraisse par rapport aux positions antérieures de l'ANC, le nouveau cours s'apparente un peu à un combat d'arrière-garde. »

Jeune Afrique (France), 17 au 23 juillet 1991, p. 36.

Gouvernance et gouvernement [ 17 juin 1991 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagAfrique du SudIntermédiaireFrederik Willem de Klerk

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

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