17 mars 2025
4 décembre 1969

Première du film « Patton » de Franklin J. Schaffner

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Alors que l’intervention des États-Unis au Vietnam fait l’objet d’une forte contestation, Franklin J. Schaffner réalise « Patton », le récit biographique du général George S. Patton, un héros de la Seconde Guerre mondiale. Le film mettant en vedette George C. Scott dans le rôle-titre remporte un succès critique et commercial.

Ce film retrace le parcours du général étatsunien George S. Patton, incarné par George C. Scott, de son commandement pendant la campagne d'Afrique du Nord jusqu'à son renvoi dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le réalisateur Franklin J. Schaffner met l'accent sur le tempérament colérique de Patton ainsi que sur ses succès militaires, notamment l'invasion de la Sicile et ses actions décisives lors des batailles de la Normandie et des Ardennes. Succès commercial et critique, le film est nominé pour 10 oscars et en remporte 7, dont meilleur film et meilleur acteur principal. Scott refuse la récompense, ne croyant pas à la pertinence de la compétition entre les acteurs. Parmi les séquences cultes du long métrage, l'introduction voit Patton briser le quatrième mur en s'adressant directement aux spectateurs comme s'ils étaient des soldats de la IIIe armée. Avec un énorme drapeau des États-Unis en arrière-plan, il discourt pendant plusieurs minutes sur la nécessité de l'effort de guerre, le patriotisme des Étatsuniens et la puissance de l'armée. Le pays étant toujours embourbé au Vietnam, plusieurs interprètent cette séquence comme une volonté de rappeler à la population l'obligation de la victoire. La motivation derrière le film n'est toutefois pas le militarisme, mais de faire le portrait d'un militariste. Selon les journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein, Patton est le film préféré du président Richard Nixon, qui s’en serait inspiré pour des discours ou des prises de décision. Le premier ministre de la Chine populaire, Zhou Enlai, aurait aussi regardé le film en préparation à la visite de Nixon en 1972. Selon les professeurs Paul Musgrave et J. Furman Daniel, le message et la prestance du général auraient même contribué à la décision de ce dernier d'attaquer les Viêt-Congs au Cambodge, mais ce lien causal ne peut être démontré avec certitude.

Dans les médias...

Jean De Baroncelli, « Patton »

«...Violent, vaniteux, mal embouché, gaffeur homérique, mais stratège et tacticien génial : tel fut le général George S. Patton, dont le film de Franklin J. Schaffner (le réalisateur de la Planète des Singes) retrace le portrait [...] Le film suit à la trace Patton le Magnifique au cours de ces divers combats. Mais, tandis que nous pénétrons ainsi dans les coulisses de l'état-major, l'imagerie d'Épinal cède la place à un réalisme psychologique fort peu flatteur pour le héros... Patton se qualifiait lui-même de " prima donna ", reconnaissant ainsi l'importance qu'il accordait à sa gloire personnelle. Cette fatuité et la certitude qu'il avait d'avoir toujours raison expliquent ses démêlés avec ses supérieurs hiérarchiques [...] Le mérite de Franklin J. Schaffner est d'avoir montré sans complaisance la grandeur et les petitesses de cette figure de proue. Les scènes de bataille sont parfaitement reconstituées et, dans le rôle de Patton, malgré la truculence du personnage, George S. Scott sait éviter tout excès caricatural. Bref, ce film, qui est moins un film de guerre que le portrait d'un guerrier, ne manque ni de force, ni d'intérêt. Patton le Magnifique, Patton le Monstrueux : à vous de choisir l'avers ou le revers de la médaille.»

Le Monde (France), 29 avril 1970.

Max Tessier, « Patton : portrait d’un faucon »

«...Devant un drapeau américain est planté un général revêtu de sa tenue d’apparat, casqué, botté, enrubanné, décoré, galonné, armé et cravaché de telle sorte qu’il ressemble furieusement à Mussolini. Pendant près de dix minutes, il expose avec autorité ses conceptions de l’armée, de la nation, de la morale, ses opinions sur les militaires, les civils, les journalistes [...], et un certain nombre de sujets importants. [...] Présenter Patton, l’une des institutions les plus solidement établies parmi les héros-proues de l’Histoire américaine, de cette façon, c’est pratiquement un acte politique, et la preuve réitérée que toute œuvre, qu’elle l’aborde ou non directement, est politique dans son esthétique comme dans son éthique. Avec Patton, gros budget parmi les gros budgets de la Fox, et sujet « héroïque » s’il en est, on pouvait craindre le pire, et deux fois : cinématographiquement et politiquement. Fallait-il faire confiance à Franklin Schaffner, abordant la grosse production hollywoodienne? En voyant cette version « réaliste » de Docteur Folamour, en découvrant ce film extrêmement pensé et maîtrisé, on peut être doublement soulagé. Schaffner, dont l’intelligence nous était déjà évidente lors de ses précédents films, a en effet misé sur la meilleure façon de traiter pareil sujet dans le contexte d’une superproduction hollywoodienne : le faux « documentaire objectif ». »

Cinéma (France), juin 1970, p. 109-110.

Vincent Canby, « Patton: He Loved War »

«...The fact that a supposedly sympathetic character, in a superspectacle such as this, will admit to loving war is, in a negative way, a refreshing change from the sort of conventional big budget movie claptrap that keeps saying that war is hell, while simultaneously showing how much fun it really is. I don't think that the fact of the existence of a movie like “Patton” necessarily marks an advance in the civilizing processes of our culture, but it's a good deal less hypocritical than most patriotic American war movies [...] [The] film presents what could be called an intimate portrait of a public figure. The portrait does not really change in the course of the film; it is simply filled in with additional details. Depending on your point of view, these details” show Patton as the embodiment of all of one's fears about the rich, white, Protestant military establishment, a man who confidently believed that America and England should rule the world, or, as a ruthlessly dedicated, eccentric genius, described with great affection as “a 16th century man lost in the 20th century.”»

New York Times (États-Unis), 8 février 1970.

Gouvernance et gouvernement [ 4 décembre 1969 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéRichard M. Nixon

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.

Chronologie 1964 - 1974

















































janvier 1964








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