Retour sur Terre de la mission spatiale Apollo 17
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
Malgré son succès sur le plan scientifique, la mission Apollo 17 constitue la dernière occasion pour des astronautes étatsuniens de marcher sur la Lune. La National Aeronautics and Space Administration (NASA) se concentrera par la suite sur d'autres moyens d'exploration spatiale.
Le retour sur Terre de la mission Apollo 17 de la NASA, le 19 décembre 1972, marque la fin de l'une des missions lunaires les plus efficaces de cette organisation. Plusieurs records de vitesse détenus précédemment par les missions Apollo 15 et 16 sont battus. De plus, l'aspect scientifique de la mission s’avère important. On découvre sur la Lune un sol de couleur orange, permettant d'émettre l'hypothèse de l'existence d'eau à l'intérieur du satellite. La mission est couverte amplement dans les médias, même dans les organes de presse soviétiques qui avaient été plus silencieux lors des précédentes missions spatiales étatsuniennes. La Pravda imprime même des photos des trois astronautes, le capitaine Eugene Cernan, le commandant Ronald Evans et le géologue Harrison Schmitt. Au cours de leurs trois journées sur la Lune, Cernan et Schmitt font trois sorties de plus de 22 heures, couvrant environ 35 km, du jamais-vu, la plupart dans un véhicule motorisé, le rover. Malgré les retombées scientifiques positives d’Apollo 17, il s’agit de la dernière mission dont l’objectif est d’envoyer des hommes sur la Lune. Avant même le retour des astronautes, le président Richard Nixon coupe court aux chances de poursuivre le programme. En effet, le contexte social des États-Unis justifie moins les voyages sur la Lune. D'une part, les dépenses engendrées par les politiques sociales de l'administration de Lyndon Johnson et celles reliées à l’intervention des États-Unis au Vietnam, qui n’est pas terminée, nécessitent un resserrement des finances publiques. D'autre part, l’objectif initial de devancer l'Union soviétique dans la course à l'espace étant considéré comme accompli à la suite d’Apollo 11 (juillet 1969), les voyages stellaires suscitent moins d'intérêt pour la population et la classe politique. La NASA poursuivra néanmoins son travail d'exploration, entre autres avec la navette Columbia.
Dans les médias...
Gilles Boyer, « Le succès d'Apollo 17 »
«...Ainsi, même ce vol Apollo 17 ,qui n'était pourtant pas la première expédition humaine sur la Lune, a dépassé ce qu'on en escomptait au plan scientifique. L'expédition n'avait pas le caractère spectaculaire du premier homme qui a foulé le sol lunaire. Toutefois, Apollo 17 apporte du neuf. A ce point qu'il obligera à réviser l'histoire de l'évolution de la Lune. A l'instar de ce qu'on a appris des autres planètes, elle est plus chaude qu'on ne le croyait et, géologiquement, elle n'est pas morte il y a trois milliards d'années [...] L'avenir démontrera les conséquences de l'explosion des connaissances résultant de l'éclatement de la Terre vers l'univers. Déjà, les "affreux" Américains ont pu rendre service à des pays moins développés à la suite de l’exploration de l'espace. Par exemple, grâce à des caméras APT (Automatic Puncture Transmission), montées sur satellites, des photos recueillies ont pu sauver des villes, telles Gomez, Palacios et Torreau, menacées d'inondations au Mexique. »
Le Soleil (Québec, Canada), 21 décembre 1972.
Dominique Verguèse, « Les trois astronautes américains ont rapporté 117 kilos de roche lunaire. Pour la dernière fois...»
«…Contrairement à ce que la NASA redoutait encore en 1968, le sixième et dernier débarquement sur la Lune se sera achevé sans mort d'hommes. Même les incidents du vol d'Apollo-13, en avril 1970, ont finalement contribué à renforcer l'impression de puissance technologique et de maîtrise opérationnelle acquise par l'industrie américaine et la NASA en moins de dix ans. Progressivement, le matériel Apollo s'est révélé plus efficace et plus fiable qu'on ne s'y attendait. La NASA arrête ses débarquements lunaires au moment où ces derniers ne paraissent plus poser de problème, et où les sélénologues commencent à comprendre l'histoire de la Lune [...] Nul ne doute que les éventuels débarquements lunaires de l'avenir se feront avec des engins fort différents, peut-être même réutilisables. La dernière mission Apollo aura coûté, comme les deux précédentes, 450 millions de dollars (2 250 millions de francs), dont 185 millions de dollars pour la seule fusée Saturne-5, 105 millions pour les opérations au sol, 65 millions pour le vaisseau Apollo et son compartiment moteur, 50 millions pour le L.M. et 45 millions pour les appareils scientifiques. »
Le Monde (France), 21 décembre 1972.
John Noble Wilford, « Apollo 17 Splashes Down Accurately In Successful Finale to Moon Project »
«...The goal was reached in July 1969, when Apollo 11 landed on the Sea of Tranquility and Neil A. Armstrong and Col. Edwin E. Aldrin Jr. of the Air Force took mans first steps on another world. In a statement today, the National Aeronautics and Space Administration said that Apollo 17 was “the last, longest and most successful of seven manned lunar landing missions” in the $25‐billion project. President Nixon, in a statement released in Washington and at the Manned Spacecraft Center here, said that Apollo 17's splashdown “marks the end of one of the most significant chapters in the history of human endeavor.” Drawing attention to the nation's future space plans, President Nixon added : “The making of space history will continue, and this nation means to play a major role in its making.” Although the Apollo program was curtailed somewhat for budgetary reasons, the United States plans to launch Skylab, its first earth‐orbiting space station, which is to be occupied by three crews of astronauts over a period of eight months. Beginning next spring, the men are scheduled to work in the vehicle for up to 56 days at a stretch, the longest test of man's endurance in space. »
New York Times (États-Unis), 20 décembre 1972.
Gouvernance et gouvernement [ 19 décembre 1972 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | Richard M. Nixon |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).