Ouverture du dix-huitième Sommet de la Francophonie
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
Des représentants de 88 pays membres, dont une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, sont réunis sur l’île de Djerba, en Tunisie, pour le XVIIIe sommet de la Francophonie. Plusieurs priorités sont abordées lors de cette rencontre dont le thème central est « Connectivité dans la diversité ».
Après le Sommet d’Everan en Arménie, en octobre 2018, le rendez-vous prévu pour Djerba, en 2020, est remis à cause de la pandémie de la covid-19. Après un autre report, c’est finalement en novembre 2022 que les pays ayant le français en partage se réunissent en Tunisie, coïncidant avec le 50e anniversaire de la Francophonie. Ce pays est à ce moment au cœur d’une crise politique, nourrie par la concentration des pouvoirs entre les mains du président Kaïs Saied et une situation économique difficile. Le Sommet de 2022 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’ouvre néanmoins le 19 novembre en présence, entre autres, de Saied, du président français Emmanuel Macron et du premier ministre canadien Justin Trudeau. Le premier mandat de la secrétaire générale rwandaise Louise Mushikiwabo a été mouvementé. Trois pays maintenant gouvernés par des militaires, soit le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, ont été suspendus, alors que le Tchad et Haïti vivent des situations instables. Sur le plan de la gouvernance interne, l’OIF a cherché à améliorer ses pratiques de gestion. Parmi les priorités de ce XVIIIe Sommet, on compte le thème central : « Connectivité dans la diversité ». L’action pour les jeunes et les femmes, l’éducation et le rayonnement diplomatique de l’OIF sont également au cœur des discussions, qui sont entourées de rencontres bilatérales. Deux documents sont produits au terme du sommet, le 20 novembre : la Déclaration de Djerba et une Résolution sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone. Sans opposant, Louise Mushikiwabo est réélue à la tête de l’OIF. L’édition de 2022 est suivie par un Forum économique au même endroit, les 20 et 21 novembre. Prévu pour 2024, le prochain sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie se déroulera à Villers-Cotterêts, en France.
Dans les médias...
S.A., « Sommet de Djerba : une francophonie « décomplexée »»
«...Chacun vivra sa francophonie comme il l’entend. Le sommet de Djerba en a offert une belle illustration lors de sa première journée, la plus importante, ce samedi. Les codes et formats ont été changés. Ni une grande table rectangulaire avec noms et drapeaux des 88 États et gouvernements participants, ni des discours fleuves. Les chefs de délégation ont été placés autour de tables rondes. Les discours lors de la séance inaugurale ont été limités à ceux du président tunisien, Kais Saïed, de Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, son pays ayant abrité la session précédente en 2018, et de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. Les travaux se poursuivront en huis clos. [...] « Si on réussit d’appréhender nos problèmes avec plus d’humanité, nous serons tous vainqueurs », dira Saïed appelant à une diversité enrichissante. Quant à Mme Mushikiwabo, elle plaidera en faveur d’une francophonie décomplexée qui s’assume par tous, dans la pluralité. Elle insistera particulièrement sur les réponses nécessaires à apporter à la jeunesse. »
Leaders (Tunisie), 19 novembre 2022.
Paul Ackermann, « La francophonie est-elle en train de perdre le Maghreb ? »
«...il y a la multiplication de signes de désintérêt pour le français en Europe et au Maghreb, comme nous le montrons dans notre enquête du jour à l'occasion du 18e Sommet de la francophonie qui se tient à Djerba. Un désintérêt qui ne serait pas sans lien avec une certaine perte d'influence de la France dans le paysage international, particulièrement en Afrique. S'il devait se confirmer dans les prochaines années que la progression du français s'affaiblit malgré la forte croissance démographique des bassins les plus porteurs de la francophonie, notamment en Afrique, ce signe ne serait pas qu'inquiétant pour la France. Il le serait aussi pour la Suisse romande. Un ralentissement pourrait se transformer en stagnation, voire en diminution selon certaines projections, ce qui pourrait rendre un peu anecdotique notre langue maternelle à nous aussi. D'autant que les raisons de ce désamour, outre le malaise postcolonial, sont souvent pratiques, l'anglais s'imposant de plus en plus dans les échanges commerciaux et diplomatiques - y compris à l'interne de pays traditionnellement sous influence française, particulièrement au Maghreb selon les témoignages que nous avons pu recueillir et les projections faites sur les jeunes générations. »
Le Temps (Suisse), 19 novembre 2022, p. 4.
Tirthankar Chanda, « Fin du sommet de Djerba : la Francophonie invisible? »
«...« Ces évolutions nous rappellent la nécessité de refonder la Francophonie autour des axes de l’éducation, le co-développement et le respect de la diversité qui constituent à mon avis les conditions sine qua non de l’avènement d’un avenir francophone pacifique et prospère », souligne le Mauricien Jean-Claude de L’Estrac. Est-ce que c’est cette prise de conscience de l’importance de la Francophonie économique qui a conduit l’OIF à prolonger d’une journée son sommet 2022 à Djerba par un Forum économique, avec pour thèmes la connectivité et le numérique comme moteurs de développement ? Il se trouve que le développement du numérique avec davantage de contenus est aussi l’un des projets phares de la Secrétaire générale Louise Mushikiwabo, qui vient d’être reconduite à la tête de l’OIF pour un second mandat par les chefs d'Etat de la Francophonie. Or, le mouvement francophone pourrait-il retrouver sa visibilité perdue en recentrant son action sur le numérique et l'économique, oubliant ses objectifs de défense des valeurs de la démocratie et de la liberté sur lesquels elle s'est fondée dès les années 1970 parallèlement à promotion de la langue? »
RFI (France), 21 novembre 2022.
Christian Rioux, « Djerba n’a pas déçu »
«...« Djerba n’a pas déçu... La Tunisie n’a pas déçu », a répété la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, à la clôture du sommet. [...] Pour les Tunisiens, qui se sont présentés en masse au village de la Francophonie, le seul fait que ce sommet se soit tenu apparaît déjà comme une victoire et un élément de fierté. « La Tunisie s’est battue pour l’organisation de ce XVIIIe Sommet de la Francophonie et a gagné », titrait le journal tunisien La Presse, proche du gouvernement. Une allusion évidente à ceux qui, comme le Canada, avaient suggéré de le reporter. « Le processus de l’OIF pour organiser un sommet dans un pays ne consiste pas à vérifier si tous les éléments démocratiques sont réunis. Et par ailleurs, tout le monde comprend aussi qu’aujourd’hui la démocratie ne va pas bien dans le monde », a déclaré au journal Le Monde la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, elle-même issue d’un pays qui n’est pas un exemple de démocratie, le Rwanda. Notons néanmoins que le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui ont récemment subi des coups d’État, n’ont pas été invités à Djerba. »
Le Devoir (Québec, Canada), 21 novembre 2022, p. 3.
Gouvernance et gouvernement [ 19 novembre 2022 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Intermédiaire | Kaïs Saïed | Najla Bouden |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).