13 avril 2025
13 décembre 2023

Assermentation de Donald Tusk comme président du Conseil en Pologne

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Donald Tusk

La coalition Droite unie du président du Conseil en poste, Mateusz Morawiecki, arrive en tête des élections législatives du 15 octobre 2023 avec 35,4 % des votes et 194 sièges. Il ne peut toutefois obtenir une majorité, ce qui permet à la Coalition civique de l’ex-président du Conseil, Donald Tusk, de former le nouveau gouvernement le 13 décembre 2023.


Résultats du scrutin

Au pouvoir depuis 2015, la formation conservatrice Droit et Justice obtient une autre majorité en 2019 au sein de la coalition Droite unie (DU). Le président du Conseil est Mateusz Morawiecki, alors que celui du parti, Jaroslaw Kaczynski, est considéré comme son leader le plus influent. Un autre membre de cette formation, Andrzej Duda, occupe la présidence depuis 2015. La polarisation est forte entre DU, un parti socialement conservateur et critique à l’endroit de l’Union européenne (UE), et la Plate-forme civique. Principale formation de la Coalition civique (CC) dirigée par l’ex-président du Conseil Donald Tusk (2007-2014), celle-ci est plus libérale sur le plan social et favorable à l’UE. Lors de la campagne pour les législatives du 15 octobre 2023, les accusations sont sévères, certaines remettant même en cause le patriotisme des leaders. La DU arrive en tête avec 35,4 % des votes et 194 sièges, devant la CC, avec 30,7 % des voix et 157 députés sur un total de 460. La DU veut former le gouvernement, mais ne rallie pas assez d’élus d’autres formations. Alors que la CC, appuyée par La Gauche et Troisième voie, y parvient en décembre. Elle récolte 248 voix contre 201, une situation que les analystes prévoyaient déjà au lendemain du scrutin. Tusk est assermenté à la présidence du Conseil le 13 décembre. Le taux de participation de 74,4 %, le plus élevé depuis la fin du régime communiste, atteste de l’intérêt des Polonais. En revanche, seulement 40,9 % d’entre eux prennent part au référendum tenu le 15 octobre sur quatre thèmes : la vente de compagnies publiques à des entités étrangères, le passage de l’âge de la retraite à 67 ans, la situation frontalière avec la Biélorussie et le mécanisme d’accueil des réfugiés de l’UE. Cette tentative du gouvernement d’influencer la population en la consultant sur des thèmes susceptibles de nuire à l’opposition s’avère donc peu rentable.

Dans les médias...

Laure Mandeville, « La Pologne choisit l’Europe, la démocratie et la modération »

«...Donald Tusk devrait très vite se rendre à Bruxelles pour y rencontrer Ursula von der Leyen et permettre la levée des sanctions instaurées contre la Pologne à propos de l'État de droit. On s'attend aussi à un réchauffement rapide des relations avec l'Allemagne, que Varsovie boycottait diplomatiquement de manière ouverte, refusant carrément d'envoyer ses ministres aux réunions organisées par l'ambassade allemande. Les contacts devraient aussi se réchauffer avec Kiev, qui s'était brouillé avec le gouvernement de Mateusz Morawiecki à propos de l'exportation des céréales ukrainiennes et, en arrière-plan, du douloureux passé ukraino-polonais. Les observateurs avertissent néanmoins que s'imaginer une lune de miel totale, malgré ces bonnes nouvelles, serait une erreur. Les tensions devraient persister sur les céréales et aussi la question migratoire : Tusk a promis à son électorat de ne pas céder sur la relocalisation des migrants européens, l'électorat polonais y restant opposé à 80 %. »

Le Figaro (France), 17 octobre 2023, p. 12.

Éric Maurice, « La victoire de Tusk en Pologne ne règle pas tout »

«...le PiS est vaincu mais pas défait, et son leader Jaroslaw Kaczynski fera tout pour compliquer la tâche de son ennemi juré Donald Tusk. L'État mis en place par le PiS depuis 2015 lui laisse de nombreux leviers, en particulier dans la justice, les services de sécurité et les médias publics, pour entraver ou ralentir l'action du prochain gouvernement. Surtout, le PiS dispose d'une carte maîtresse en la personne du président de la République, Andrzej Duda, qui dispose d'un droit de veto sur les lois votées. Une majorité de trois cinquièmes à la Diète, la Chambre basse, étant nécessaire pour contourner le veto présidentiel, le PiS dispose d'une minorité de blocage sur les textes essentiels. Tusk n'aura donc pas les mains libres pour répondre à l'attente principale de l'Union européenne, celle d'un retour à un État de droit conforme aux valeurs et aux règles communes [...] Le futur gouvernement va devoir gérer cette cohabitation jusqu'à l'été 2025, terme du mandat de Duda. La nouvelle majorité devra donc remporter la présidentielle à ce moment-là pour avoir les mains plus libres. Dans l'intervalle, elle devra également confirmer sa victoire de dimanche lors des élections européennes de juin prochain. Enjeux nationaux et européens vont donc s'entremêler dans les années à venir, d'autant que la Pologne assurera, de janvier à juin 2025, la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. »

Le Temps (Suisse), 18 octobre 2023, p. 2.

Lina Sankari, « La Pologne tourne la page du nationalisme »

«...L'agenda de restauration démocratique suffira-t-il à faire tenir l'entente entre la Plateforme civique, Troisième Voie et la gauche ? Bien avant le scrutin, cette dernière s'attendait à des discussions complexes sur le plan social avec le très libéral Donald Tusk. Dimanche soir, elle réaffirmait ses priorités : « Nous sommes ici pour réduire le temps de travail, augmenter les salaires dans le public, construire des appartements, assouplir la loi sur l'avortement et construire un État laïque », insistait le député Adrian Zandberg (Lewica Razem). Après huit années au pouvoir et au terme d'une campagne violente mais pauvre en propositions, les ultraconservateurs maintiennent leur socle d'électeurs. Ils ne parviennent pas cependant à engranger des soutiens supplémentaires. La politique d'allocations familiales, de baisse d'impôts et de baisse de l'âge de départ à la retraite n'aura pas suffi à élargir les soutiens. « La campagne du PiS a été faible. Il est impossible de conquérir une majorité parlementaire avec un message négatif. Mobiliser uniquement vos propres partisans est la plus grande erreur », analyse le politiste Dominik Drzazga. »

l’Humanité (France), 17 octobre 2023, p. 14.

Guy Taillefer, « Vote de résistance au populisme autoritaire »

«...Que la coalition démocratique emmenée par Donald Tusk, ex-président du Conseil européen, ait réussi, non sans surprise, à chasser du pouvoir l’illibéral parti Droit et justice (PiS) et son national-populisme est une excellente nouvelle. Les résultats du scrutin de dimanche n’en décrivent pas moins une société encore polarisée qui reste à réconcilier avec elle-même et avec l’Union européenne (UE). Car il y a deux Pologne, et leur cohabitation a toujours été tendue : villes contre monde rural, libéraux contre conservateurs, ouest industrialisé contre est délaissé. Les élections de dimanche n’ont pas aboli cette fracture dont il faudra s’efforcer de soigner et de surmonter. Ces élections parlementaires étaient qualifiées des « plus importantes » depuis la chute du communisme en 1989. Les électeurs ont pris acte, avec un taux de participation record de 74,3 %, nettement supérieur à ce qu’il avait été aux premières élections libres du 4 juin 1989. Une mobilisation qui explique au moins en partie pourquoi le PiS du premier ministre Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir depuis huit ans, n’a pas réussi à dégager à nouveau une majorité de sièges. »

Le Devoir (Québec, Canada), 18 octobre 2023, p. A6.

Jaroslaw Kuisz, « Poles celebrate a victory for pluralism over populism »

«...Once in power, the democratic opposition will find it hard to roll back PiS's changes to state institutions. The most important is the PiS-dominated constitutional tribunal. In theory, this court should uphold the rule of law, but we cannot rule out that it will try to freeze the illiberal course mapped out by PiS. Meanwhile, President Andrzej Duda, who is associated with PiS, will have the power to veto future government bills. In addition, such important institutions as the central bank will remain under a degree of PiS influence for some time to come. The enduring strength of PiS should remind the next government of the need to hold firm as a united coalition. Wise international co-operation will also be necessary. Today, the fight against illiberalism has a global dimension from the US to Hungary. The struggle to defend democracy never stops. Eight years of populism in power is a bitter lesson not only for Poles but for all Europeans. Yet now Poland finds itself back on the course it was taking before 2015. It is not out of the question that, after the change of government, it will be from Warsaw that a strong impulse to reform the EU will come again. »

Financial Times (Royaume-Uni), 17 octobre 2023.

Gouvernance et gouvernement [ 13 décembre 2023 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagPologneÉlevéAndrzej DudaDonald Tusk

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
flagflagflagflag

Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.