16 mai 2025
6 novembre 1984

Réélection de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Visite de Ronald Reagan à la NASA
NASA

Le président sortant, le républicain Ronald Reagan, remporte une victoire facile sur le candidat démocrate Walter Mondale. Reagan, qui obtient 54 455 075 votes (58,8 %) contre 37 577 185 (40,6 %) pour Mondale, devance ce dernier au chapitre des grands électeurs, 525 contre 13.


Pour en savoir plus: Discours inaugural du président des États-Unis
Résultats du scrutin

Les 73 ans de Reagan ne semblent pas un enjeu pour l'électorat américain qui donne un retentissant vote de confiance à son président. Emporté par ce balayage, Walter Mondale ne réussit qu'à remporter « son » État, le Minnesota, ainsi que le District de Columbia. Avec 525 grands électeurs, Reagan éclipse un record établi par Franklin D. Roosevelt en 1936 aux dépens du républicain Alfred Landon. Une reprise vigoureuse de l'économie et le charisme du président jouent un rôle important dans cette réélection qui permet aux républicains de garder le contrôle du Sénat et de faire des gains à la Chambre des représentants. Celle-ci reste néanmoins dominée par les démocrates. L'élection présidentielle de 1984 donne lieu à une première alors que Mondale choisit une femme, Geraldine Ferraro, pour être sa colistière. George Bush, considéré par plusieurs comme un futur candidat à la présidence, demeure le vice-président.

Dans les médias...

Donald Hazen et Colin Greer, «Les suffrages et le pouvoir de l'argent»

«...Reagan est un chef d'État qui, en dépit d'une politique impopulaire et d'une corruption bien connue, a su éviter que les échecs de son administration ne «lui collent à la peau». Paradoxalement, bien qu'il soit président depuis quatre ans, il se présente aux élections contre le «gouvernement», esquivant toute responsabilité pour ce qui est politique et il y parvient. L'offensive néo-conservatrice contre le rôle joué par le gouvernement dans le contrat social hérité du New Deal, n'a suscité que peu de résistance à l'échelon national de la part des grandes masses les plus touchées par la politique de Reagan. Typiquement, ils ne votent pas. À vrai dire, quel que soit l'espoir que l'élection de 1984 marque un renouveau progressiste tout est centré sur le fait de renverser la tendance à l'abstention et d'accroître de façon importante l'inscription sur les listes électorales et la participation au vote. En 1980, 27% de l'électorat a élu ce président qui a brigué un mandat pour démanteler les cinquante ans de législation initiée par le New Deal. On avait espéré que la perspective de quatre ans d'un tel mandat provoquerait un rejet populaire sous forme de raz de marée.»

Les Temps modernes (France), octobre 1984, p. 761.

Alan Berger, «Les média et l'image»

«...Voilà le génie de Reagan. Il apaise les craintes des gens à qui il est le plus susceptible de nuire en les persuadant qu'il est exactement comme eux et que c'est la raison pour laquelle il ne pourrait jamais envisager un tel projet. Reagan n'est pas un démagogue au sens traditionnel du terme. Il n'a absolument rien d'un Mussolini. Son pouvoir de persuasion et de mystification sont propres à l'Amérique et à l'époque de la télévision. Il se peut qu'il soit ignorant, qu'il soit un acteur paresseux, une figure de proue de la réaction représentant la nouvelle opulence de la Côte Ouest, mais Reagan a été capable de parvenir au pouvoir aux États-Unis en demandant à une nation de spectateurs de le juger non pas sur le contenu de son idéologie, mais sur la sincérité de sa foi en cette idéologie. Son pouvoir en tant que politicien il le doit à cette capacité cinématographique qu'il a de créer et projeter un personnage. C'est pourquoi ses adversaires politiques craignent qu'il soit difficile à battre et ceux qui, dans la presse, portent un jugement critique sur lui, désespèrent de l'atteindre par l'écriture.»

Les Temps modernes (France), octobre 1984, p. 782.

Alain Besançon, «Reagan entre deux mandats»

«...(Reagan) a persuadé les Américains que la subvention étatique et l'économie administrative n'étaient pas la solution de tous les problèmes. Il a contribué à la création d'un climat économique et fiscal dans lequel les vocations à entreprendre n'étaient pas découragées au départ. L'Amérique est redevenue le pays des créations économiques, individuelles et fécondes. La part du Président me paraît plus importante encore dans la résolution de la crise morale. Celle-ci s'était ouverte précocement, vers 1964, avec la révolte étudiante, la guerre du Vietnam, l'effacement des repères moraux et religieux traditionnels. Touchant la jeunesse, cette crise était douloureuse et menaçait les États-Unis dans leurs raisons de vivre (...) Reagan, avec son bon sens, sa bonhomie simple et gaie, a puissamment contribué à remettre les choses en place. Sa sérénité confiante rassurait par contraste avec le style tourmenté de Jimmy Carter.»

L'Express (France), 16 novembre 1984, p. 58.

Jérôme Dumoulin, «Le triomphe de Reagan»

«...Haynes Johnson, qui a suivi pour le « Washington Post » l'évolution de l'opinion tout au long de l'année constate : «Cette élection traduit le rejet massif de ce que les Américains perçoivent comme les positions du Parti démocrate.» Leur choix traduit plus qu'un sentiment d'affection pour Reagan ou que le simple égoïsme de la jeune génération. La vieille coalition démocrate - classe ouvrière, minorités ethniques, jeunes et intellectuels - à laquelle Walter Mondale a fait appel, est en miettes. En profondeur, les électeurs ont identifié le Parti républicain à l'avenir et à la modernité, le Parti démocrate au passé. L'analyse sociologique du vote, conduite dans la nuit même de l'élection, confirme que si le réalignement historique dont parlaient les Républicains - et qui devait entraîner la domination durable du grand Old Party sur la scène politique américaine - n'est pas encore acquis, ce qu'un expert démocrate appelle le « désalignement » est largement entamé.»

L'Express (France), 16 novembre 1984, p. 56.

Walter Shapiro et al., «America : Reagan Country»

«...It was the night that Ronald Wilson Reagan became Mr. America. In a star-spangled blowout, the American people reaffirmed their identification with his can-do confidence, his patriotic pride, and their vote transcended party and ideology : it was more than 52 million Americans roaring «Thank you!» to a president who had made the country feel good about itself (...) Rarely has America seen so all-encompassing a landslide. In every region, in every age group, in virtually every demographic slice of a heterogeneous nation, the message was clear : «Four More Years». Elderly voters, supposedly beset with fears about the dismantling of social security, gave 61 percent of their votes to the president. Women, for whom Geraldine Ferraro was portrayed as an irresistible symbol, backed Reagan by a 10-point margin. Voters under 25 gave 59 percent of their votes to the oldest president ever. And union households, despite the AFL-CIO's entreaties, awarded nearly half their votes to a president who tamed inflation - and promised no new taxes.»

Newsweek (États-Unis), novembre-décembre 1984, édition Elections, p. 4.

Gouvernance et gouvernement [ 6 novembre 1984 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéRonald Reagan

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

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