11 avril 2025
10 mai 1981

Élection de François Mitterrand à la présidence de la République française

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


François Mitterrand

Le socialiste François Mitterrand remporte l'élection présidentielle en défaisant le président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, au second tour. Mitterrand obtient 15 708 262 votes (51,8%) contre 14 642 306 (48,2%) pour son adversaire.


Pour en savoir plus: Discours d'investiture du nouveau président de la République française
Résultats du scrutin

Il s'agit d'une victoire historique pour Mitterrand. À l'âge de 64 ans, celui-ci devient le premier président socialiste depuis la création de la Ve République, en 1958. Comme ce fut le cas en 1974, la lutte qui l'oppose à Valéry Giscard d'Estaing est très corsée. Après le premier tour, le président sortant arrivait d'ailleurs en tête avec 28,3% des voix. Il devançait alors Mitterrand (25,8%), Jacques Chirac (18,0%), le communiste Georges Marchais (15,3%) et six autres candidats. La crise économique et l'habileté du nouveau président à se rallier les votes de la gauche, même ceux des communistes, jouent un rôle important dans cette victoire. Pierre Mauroy succédera à Raymond Barre au poste de premier ministre. Il bénéficiera d'une bonne marge de manoeuvre pour faire avancer le programme de réformes sociales et de nationalisations du gouvernement puisque les législatives du 21 juin permettent aux socialistes de faire élire 269 députés sur les 491 que compte l'Assemblée nationale.

Dans les médias...

J.P., «Quelle victoire !?»

«...Grande victoire de la gauche, tournant historique, a-t-on clamé au lendemain du 10 mai avec ce goût de la théâtralité -bien innocent, dans tous les sens de l'adjectif- qu'exacerbent encore les vices d'un régime qui ne nous laissait à choisir qu'entre un roi de pacotille et un pseudo-pape; ces vices que dénonçait naguère le nouvel élu mais qu'il ne semble plus juger rédhibitoires. Quoi qu'il en soit, c'est bien d'une victoire qu'il s'agit, mais l'étonnement qu'elle a suscité révèle son ambiguïté; elle procède d'un double rejet ; on n'a pas voté pour Mitterrand, on a voté contre Giscard et contre Marchais et de cela oui, mais de cela seul on peut se réjouir. Autrement dit, la gauche n'a pu l'emporter sur la droite que parce qu'elle était divisée contre elle-même. Unie, elle aurait probablement perdu. Plus précisément, son unité l'avait approchée du pouvoir, mais c'est la rupture de 1977 qui, à terme, l'y a fait accéder.»

Les Temps modernes (France), juin 1981, p. 2074.

Olivier Todd, «Avec quelle majorité ?»

«...Curieux cycle : depuis la Libération, la France s'offre une forte secousse politique dès qu'elle a traversé une dizaine d'années : 1958, 1968, 1981. Cette fois, le courant français est à contre-courant de la tendance du monde occidental. Des États-Unis à la Grande-Bretagne, de la Grèce à la Suède, les conservateurs l'emportent. La City attendait Chirac, ce fut Mitterrand. Nous devons trouver une formule qui ne nous isole pas de l'ensemble politico-économique auquel nous appartenons. S'il y parvient en maîtrisant l'économie, Mitterrand sera un grand président, inventeur d'une formule originale. S'il se lance au petit pied, au petit jour, dans des combinaisons maximalistes avec le P.c.f., il échouera. Et il ne terminera pas son septennat.»

L'Express (France), 16 mai 1981, p. 54.

Claude Lanzmann, «La fracture»

«...La France n'est ni l'Angleterre, ni l'Allemagne, ni la Suède, et c'est à notre seule Histoire, à sa radicalité unique, qu'il faut référer ce qui vient de se passer. Si le peuple donne actuellement un exemple inouï de calme, de patience et de responsabilité, c'est parce qu'il a immédiatement pris la plus juste mesure d'un événement qui est aussi à ses yeux un avènement : ébranlement en profondeur, politique et social tout à la fois et gros d'un avenir dont il saura attendre qu'il soit, comme la vérité hégélienne, «devenu». Cela seul rend compte de la paisible effervescence qui se voit partout et qui ne s'accompagne d'aucune illusion lyrique. Les attardés de mai 1968 ne peuvent aujourd'hui que se parodier eux-mêmes : mai 1981 n'est en rien, comme certains ont voulu le croire, un mai 1968 réussi. Car mai 1968 marquait bien plus la fin des temps de l'absolu qu'il n'annonçait les actions réelles à inscrire dans l'histoire.»

Les Temps modernes (France), juin 1981, p. 2072.

Guy Cormier, «Que fera M. Mitterrand de sa présidence ?»

«...Par-delà les analyses qui viendront en leur temps, quant à l'impact de tel ou tel facteur sur le comportement des électeurs; on devine que le changement à la présidence peut s'expliquer largement par l'usure, par la fatigue d'administrés las des mêmes équipes au pouvoir depuis tant d'années. Les socialistes ont été éloignés du pouvoir pendant plus de 20 ans. Cette fois, la corde a cassé (...) On a si peu l'habitude d'imaginer les socialistes au pouvoir que l'élection d'un président socialiste en France apparaît comme contraire à la nature. Ce ne sont finalement que des idées reçues. Il est vrai qu'après l'élection du président Reagan aux États-Unis et la survivance ailleurs de tant de gouvernements réactionnaires en forme de gouvernements progressistes la France de M. Mitterrand paraît aller à contre-courant. Il reste qu'il s'agit d'un gouvernement librement élu. L'événement va peut-être libérer des énergies nouvelles depuis longtemps en attente et apporter à la France ce que Bergson appelait «un supplément d'âme». c'est à souhaiter.»

La Presse (Québec, Canada), 12 mai 1981, p. A6.

Alex Gelber, «A Sharp Turn to the Left»

«...Mitterrand is confident that the country will rally around him. Even some of Giscard's supporters on the right concede that after Mitterrand's sixteen years as a Presidential aspirant, his policies contain few surprises and are comparatively benign. «It won't be the apocalypse with a gulag at the end of the road», says economist Jacques Plassard. But there is no denying that Mitterrand's victory represents a sharp break with the past -and the beginning of an uncertain and controversial future. Even in its mildest form, his vision dictates a basic change in the fabric of French society. The old Socialist warhorse will have to summon all of his experience and political saavy to make it work.»

Newsweek (France), 18 mai 1981, p. 59.

Gouvernance et gouvernement [ 10 mai 1981 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagFranceIntermédiaireFrançois MitterrandPierre Mauroy

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

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