5 mai 2025
28 septembre 1958

Tenue d'un référendum sur la Constitution de la Ve République en France

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Charles de Gaulle

Moins de quatre mois après l'investiture de Charles de Gaulle à la présidence du Conseil, 22,5 millions de Français se prononcent sur un nouveau projet de Constitution. Malgré l'opposition de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) et du Parti communiste (PC), il est accepté à 79,2%.


Pour en savoir plus: Constitution de la Ve République en France

Il s'agit d'un succès considérable pour le gouvernement et pour Charles de Gaulle dont le projet est appuyé par une majorité qui transcende les partis politiques. La nouvelle Constitution, que l'Assemblée nationale adopte le 4 octobre, prévoit un renforcement des pouvoirs de l'exécutif et du président de la République qui échappe désormais à la lutte entre les partis. Les deux tours des premières élections législatives organisées sous la Ve République ont lieu le 23 et le 30 novembre 1958. Au premier tour, les Indépendants (24,2%) et l'Union pour la nouvelle République (UNR) (20,3%), favorables à la nouvelle Constitution, arrivent en tête devant le PC, en chute à 18,9%, et la SFIO (15,7%). Au terme du second tour, l'UNR et les Indépendants dominent avec respectivement 196 et 127 sièges, ce qui leur donne une nette majorité à l'Assemblée nationale. Le 21 décembre, un collège de grands électeurs composé de députés, de conseillers et de maires élit Charles de Gaulle à la présidence de la République par une écrasante majorité (78,5%) sur le communiste Georges Maranne et Albert Chatelet.

Dans les médias...

Jean-Marie Domenach, «Pourquoi Non»

«...Et malgré l'envie qui nous effleure de dire oui -après tant de refus nécessaires, tant d'oppositions justes mais qui n'ont point abouti- , de dire oui à un homme que nous avons aimé, oui à la nécessité de rendre à la France des institutions fortes, oui au grand dessein de restaurer cette nation dans l'amitié avec des peuples décolonisés, ce oui ne nous paraît pas possible. Ce oui serait un pari sur un homme et rien d'autre. Toute notre tradition, toute notre raison y répugnent. En ce siècle où des masses énormes exigent une réponse à leurs besoins et à leurs inquiétudes, la grandeur d'un seul homme est une protection magique et dérisoire contre le destin. Nous disons non. Pas à un homme, mais d'abord à une Constitution qu'inspire la peur du suffrage universel et qui prépare sous le couvert d'un renforcement de l'exécutif un système de confusion et d'anarchie bien pire que le précédent. Nous disons non surtout à une entreprise issue du coup de force du 13 mai, qui en demeure prisonnière et dont tout l'avenir est obéré par le mensonge de la politique algérienne.»

Esprit (France), septembre 1958, p. 298.

André Laurendeau, «Le triomphe du général de Gaulle»

«...Il semble clair que de Gaulle n'a pas voulu livrer sa pensée avant d'avoir reçu un appui populaire. C'était assurément politique. Ainsi l'unanimité a-t-elle pu se créer. Mais l'unanimité sur quoi ? Sur la personne de de Gaulle, sur la confiance qu'il inspire, sur la nécessité de lui confier une autorité plus certaine. Mais cet élan recouvre des différences qui réapparaîtront nécessairement. Bientôt il faudra trancher dans le vif, donner raison à une partie de l'opinion, en mécontenter une autre. Car l'autorité existe pour être exercée. Si la France presque entière s'est détournée de la IVe République, c'est précisément parce qu'elle lui reprochait de s'être montrée impuissante, d'avoir laissé pourrir les problèmes au lieu de s'y attaquer courageusement. La Ve devra se montrer plus efficace. De Gaulle a voulu concentrer entre ses mains des pouvoirs plus réguliers que ceux qu'il a détenus jusqu'ici, avant d'affronter pour de bon la crise algérienne -dont est mort, ne l'oublions pas, le régime qui fut enterré avant-hier. C'est alors qu'on verra s'il est l'homme de la situation, et pas seulement une grande figure symbolique.»

Le Devoir (Québec, Canada), 30 septembre 1958, p. 4.

Marcel Péju, «L'illusionniste»

«...Et ce n'est pas la personne du général qui importe, ce ne sont même plus les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir, c'est la nature même de ce pouvoir, telle que la révèlent les derniers scrutins. Ni le 13 mai, ni les colonels ne donnaient encore son sens à de Gaulle, bien qu'il eût accepté d'être imposé par eux. Le référendum, au contraire, manifeste à la fois l'ampleur du mal national et la responsabilité historique d'un homme qui, loin d'y remédier, l'aggrave. À l'inverse de ce qu'il paraît croire, de Gaulle ne réveille pas la France, il l'endort, il interpose entre elle et le monde l'écran de ses images d'Épinal. La crise du 13 mai, poussée jusqu'à son terme, eût pu secouer la nation, l'affronter à ses vrais problèmes, la contraindre à regarder en face ce qu'elle ne cessait de fuir : dans la tragédie, peut-être, et dans la lutte, du moins dans la vérité des ruptures salutaires. De Gaulle survint et, un moment, escamota tout : la France, l'Algérie, la guerre. Il n'en fallait pas plus. Comme l'héroïne de vaudeville fuit dans l'évanouissement une explication délicate, la France s'écria : «Ciel, les paras !» et tomba dans les bras du sauveur.»

Les Temps modernes (France), novembre-décembre 1958, pp. VI-VII.

S.A., «Gaullist France»

«...Algeria, more than ever, is the crux of the problem. When all allowances have been made for intense Army activity to secure a favourable vote and for the absence of any open opposition, the size of the vote is impressive. What does it mean ? Basically the meaning must be that the Muslims trust General de Gaulle to lead them out of an intolerable situation -and one which is intolerable for economic much more than for political reasons. If it is integration they want, it can be only integration of the most thorough sort, which would give them all the privileges of metropolitan Frenchmen. Though Frenchmen may be justified in regarding the Algeria vote with pride, it places on them responsibility for swift and bold action if disillusion is not to follow. General de Gaulle's first and hardest task will be to guide opinion on both sides of the Mediterranean to the implications of the Algeria vote.»

The Times (Royaume-Uni), 30 septembre 1958, p. 11.

Gouvernance et gouvernement [ 28 septembre 1958 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagFranceÉlevéRené CotyCharles de Gaulle

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
flagflagflagflag

Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.

Chronologie 1953 - 1963








































Dans l'actualité