29 avril 2025
17 février 1986

Ouverture du premier Sommet de la francophonie

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


François Mitterrand

Le président français François Mitterrand convoque à Versailles le premier Sommet de la Francophonie internationale. Des représentants de 41 pays, comptant plus de 120 millions d'habitants, y prennent part.

L'idée de mettre sur pied une organisation réunissant les pays francophones - « dont le français est langue maternelle, véhiculaire ou officielle » - chemine au cours des années 60 et 70, sans aboutir. Lorsque l'initiative d'un Sommet de la Francophonie se matérialise, en février 1986, 41 pays sont représentés à Versailles, près de Paris. Parmi les nombreux chefs d'État et de gouvernement qu'accueille le président français François Mitterrand, on retrouve le premier ministre canadien Brian Mulroney, le président zaïrois Sese Seko Mobutu et le président libanais Amine Gémayel. Pendant cette rencontre de trois jours, les discussions portent sur les relations Nord-Sud, l'économie, la technologie, la culture et les communications. Le 18 février, une résolution est adoptée condamnant la politique d'apartheid en Afrique du Sud. Même si l'on repousse l'idée de créer une association formelle comme le Commonwealth britannique, des voeux sont exprimés pour un resserrement des liens et une plus grande coopération entre les pays de la Francophonie. La ville de Québec accueillera le deuxième sommet à l'automne 1987.

Dans les médias...

Jacques Cellard, «Francophonie : le second souffle»

«...Selon qu'on la regarde par le petit ou par le gros bout de la lorgnette, la francophonie -ou plutôt la communauté francophone encore en gestation- est un pis-aller ou un grand dessein. Un pis-aller, si on la rapporte à ce que fut longtemps le rayonnement hégémonique du français dans le monde; et, moins longtemps mais tout de même, l'«empire français»; un pis-aller, aussi, face aux appétits monopolistiques de l'anglo-américain. Mais d'être le cache-misère du recul de l'influence française sur l'échiquier international n'empêche pas la francophonie politique d'être également, disent ses zélateurs, un grand dessein pour le XXIe siècle -l'une de ces perspectives gaulliennes dont François Mitterrand s'est déclaré explicitement le continuateur en ouvrant, le 6 mars 1985, les travaux du tout nouveau Haut Conseil de la francophonie. Projet historique ou déchet de l'Histoire ? L'un et l'autre à la fois.»

L'Express (France), 21 février 1986, p. 62.

François Schlosser, «Les ordinateurs et la francophonie»

«...Alors que l'on s'achemine vers un monde où le dialogue de la voix humaine avec la machine sera quotidien, il s'agit de savoir si les ordinateurs sauront aussi parler le français. D'où la course aux banques de terminologie, à la mise au point de systèmes à reconnaissance vocale et au développement de systèmes de traduction automatique (...) C'est aussi la raison pour laquelle l'un des projets les plus concrets du sommet de la francophonie est celui de l'interconnection des réseaux de banques de données à travers tout l'espace francophone. Le défi est d'autant plus grand que parmi les quarante pays qui se réclament à un titre ou à un autre de la francophonie il y a une importante cohorte d'États africains dont quelques-uns sont parmi les pays les plus pauvres du monde. Or, pour maîtriser le saut technologiques des vingt ans à venir, le développement de ces pays sera un facteur décisif. Bref, l'issue de la bataille des langues se joue dans le domaine économique et commercial. Et une francophonie plutôt riche sera plus dynamique et plus conquérante qu'une francophonie pauvre.»

Le Nouvel Observateur (France), 14 au 20 février 1986, p. 38.

Lise Bissonnette, «L'ivresse des hauteurs»

«...Comment donner de l'éclat à un sommet où on veut éviter les éclats ? Au fur et à mesure que les sherpas quittent les vallons désormais paisibles de la francophonie canadienne et québécoise pour entreprendre la vraie montée, le problème revient au chef de file français, qui a gros à perdre, ou à gagner. La francophonie «institutionnelle», comme on dit dans ce milieu, a d'excellentes réalisations à son actif depuis 1960, à travers des associations sectorielles en droit, santé, éducation, culture, communication. Mais dans ses plus grands rassemblements, elle a ressemblé souvent à une fuite en avant depuis la création de l'Agence de coopération technique et culturelle, en 1970, puis le sommet franco-africain annuel, en 1974, qui tous deux éprouvent des malaises et ont suscité l'idée de cet ultime sommet. Grandiose renaissance, nouveau «club international», dit M. Mulroney qui s'appuie plutôt sur ses souvenirs récents de Nassau, et n'écarte pas des échanges «sur des questions politiques majeures». Reste à voir si M. Mitterrand sera moins coriace que Mme Thatcher.»

Le Devoir (Québec, Canada), 8 février 1986, p. 10.

Jeffrey Simpson, «In search of a shape»

«...No one yet knows what shape it will take. But telltales have been sent aloft on the heavy airs of pompous rhetoric suitable to the surroundings and the self-imputed importance of the participating heads of government. History is being made, but of which kind no one can tell. France and Canada have their own ideas of the future of la francophonie, but the two perceptions do not necessarily coincide. The African and Asian states, and the island nations of the Caribbean and the Indian and Pacific oceans, are such a mixed bag of regimes and peoples that no common perception could probably emerge from them. It might be easier to guess where the organization was headed if the membership had some logic to it. The official definition of the summit speaks of countries having in common the use of French, but this definition resembles a fish net with large holes : some countries slipped away, others improbably got caught.»

The Globe and Mail (Ontario, Canada), 19 février 1986, p. A6.

Gouvernance et gouvernement [ 17 février 1986 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagFranceIntermédiaireFrançois MitterrandJacques Chirac
flagBurundiFaibleJean-Baptiste Bagaza
flagCentrafricaine (rep)FaibleAndré Dieudonné KolingbaAndré Dieudonné Kolingba
flagComores(Les)FaibleAhmed Abdallah Abderemaneposte aboli
flagCôte d'IvoireFaibleFélix Houphouët-Boignyinformation non-pertinente

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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Chronologie 1981 - 1991
















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