Décès de Deng Xiaoping
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Deng Xiaoping
Deng Xiaoping, une des figures politiques dominantes de la Chine contemporaine, décède à Beijing à l'âge de 92 ans. Même s'il n'occupait plus de fonctions officielles depuis plusieurs années, Deng Xiaoping conservait une forte influence sur la vie politique chinoise.
Deng Xiaoping a été mêlé de près aux grandes étapes de l'évolution politique chinoise au XXe siècle. Membre du Parti communiste chinois (PCC) dès les années 20, il participe à la longue marche aux côtés de Mao Zedong en 1934-1935 et à la lutte qui précède la proclamation de la république populaire, en 1949. Secrétaire général du PCC de 1956 à 1966, il est évincé par Mao, puis réhabilité au cours des années 70. Peu après la mort de ce dernier, il procède à la modernisation de l'économie du pays, préconisant un virage vers le libéralisme qui fait époque. Le passage au pouvoir de Deng Xiaoping est également marqué par une amélioration des relations chinoises avec l'Occident et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), ainsi que la rétrocession de Hong Kong par les Britanniques, en 1984. Sur le plan domestique, Deng conserve une ligne rigide, se montrant peu favorable à une libéralisation de la vie politique. Miné par la maladie, il ne détient plus de poste officiel lorsqu'il décède en 1997.
Dans les médias...
Caroline Puel, «Le dernier grand bond de Deng Xiaoping»
«...Car bien que retiré des affaires depuis 1992, Deng restait le recours suprême dont le nom était fréquemment évoqué comme référence dans les grandes décisions de l'Etat. Idéalement, l'équipe dirigeante, installée au pouvoir par Deng depuis 1992, espérait que le vieux leader resterait en vie jusqu'au XVe Congrès du Parti communiste, qui doit se tenir à l'automne, afin que les importants remaniements politiques soient entérinés en son nom. Ces changements sont en cours de discussion (...) Officiellement, la nouvelle équipe des technocrates arrivée au début des années 90 devrait mettre fin à la période des empereurs forts et uniques, dont la mort de Deng a sonné le glas. L'équipe remodelée du XVe Congrès devrait permettre d'affronter la transition avant l'an 2000. Mais les questions qui seront fatalement posées au cours de cette période, de la révision du verdict de Tian Anmen à la réforme politique, en passant par les dossiers chauds de la réforme des entreprises d'État, risquent fort de mettre à sévère épreuve cet équilibre fragile où les renversements d'alliance ne sont pas exclus.»
Libération (France), 20 février 1997, p. 3.
Jean-Luc Domenach, «Décès de Deng Xiaoping»
«...l'héritage Deng Xiaoping est ambivalent. On peut admirer le réalisme du vieux guerrier qui, sur le tard, prend tous les risques pour changer de cap et faire entrer la Chine dans une nouvelle histoire. L'habileté de l'homme est également remarquable, même si elle s'entoure d'un cynisme qui désespère la jeunesse : la réforme chinoise a résisté aux puissants assauts du camp conservateur. Enfin - et ce n'est pas le moins important - ce vieux soldat a dû comprendre l'importance de l'économie, et faire confiance aux techniques de gestion issues de la modernité capitaliste. A tous ces points de vue, Deng Xiaoping est un dirigeant d'exception, non seulement dans l'histoire chinoise, mais dans le monde communiste. A l'inverse, le personnage portait en lui-même les défauts et les incertitudes du communisme chinois : il participe à sa gloire, mais aussi à sa honte (...) Ce grand réaliste méprisait les idées et les sentiments : il a été capable de mettre fin à l'idéalisme maoïste, non de mobiliser la population chinoise autour de nouveaux idéaux. Rien d'étonnant, donc, qu'il soit resté fondamentalement hostile aux principes démocratiques : il ne les comprenait sans doute pas. Deng aura certainement rendu possible l'entrée de la Chine dans la modernité. Mais d'autres devront la mener à bien.»
La Croix (France), 21 février 1997, p. 3.
Agnès Gruda, «La révolution pragmatique»
«...Le bilan social est mitigé, le bilan politique est plus clair : Deng Xiaoping a manifesté un penchant totalitariste avec une belle cohérence tout le long de sa carrière. Dans les années 50, il a mené avec enthousiasme la réforme agraire qui aura fait plus de trois millions de morts. Plus tard, il a réprimé avec autant de ferveur deux sursauts démocratiques, celui de 79 et celui de la place Tienanmen, dix ans plus tard. C'est dans ce contexte trouble que se pose la question de la succession. En l'absence de leader charismatique, on peut s'attendre à un règne collégial pendant une période de transition plus ou moins longue. Mais la dynamique du progrès, déjà bien enclenchée, est propre à produire de plus en plus d'insatisfactions. À cause des fossés sociaux. Mais aussi parce que les Chinois de classe moyenne, avec leurs fenêtres sur l'Occident, risquent de devenir de plus en plus exigeants, tant sur le plan matériel que sur celui des libertés démocratiques. Il suffirait de peu, une explosion fortuite de colère populaire, pour défaire le fragile équilibre laissé par un chat qui a rapporté beaucoup de souris. Mais pas toutes.»
La Presse (Québec, Canada), 21 février 1997, p. B2.
Éditorial
«...The death of any dominant leader who has wielded power for many years during a critical period of his nation's history usually marks the end of an era. When the country is a dictatorship, like China, the expectation of most analysts is that a turbulent struggle for power will ensue. But in the case of Deng Xiaoping, China's «paramount leader» since 1978 and a key figure for much longer than that, the consensus abroad is that his death Wednesday, at age 92, will make little difference because the leadership transition had already taken place during his phased retirement that began in 1989. One must hope that's true because China's collectivist leadership was held together more by the force of Deng's will than by a fidelity to Marx, Lenin and Mao. Indeed, even during the past three years, when Deng was ill and no longer politically active, his shadow seemed to exercise a restraining influence on those whom he had chosen to succeed him. Soon, the world may learn how well he chose.»
The Sacramento Bee (États-Unis), 21 février 1997.
Gouvernance et gouvernement [ 19 février 1997 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Faible | Jiang Zemin | Li Peng |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).