Élection de Michelle Bachelet à la présidence du Chili
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Michelle Bachelet
En obtenant 53,5% des votes lors du second tour de l'élection présidentielle, la socialiste Michelle Bachelet devient la première femme à accéder à la présidence du Chili. Son plus proche rival, l'homme d'affaires Sebastian Pinera, obtient pour sa part 46,5% des voix.
Pour en savoir plus: Discours de la présidente du Chili devant le Congrès argentin
Résultats du scrutin
Bachelet avait largement dominé le premier tour, le 11 décembre 2005, avec 46% des voix. Favorite pour remporter le second tour, elle mise sur les appuis de la gauche pour devancer son adversaire, le conservateur Sebastian Pinera. Victorieuse avec 53,5% des votes, Bachelet succède à un autre homme de gauche, Ricardo Lagos, qui dirigeait le Chili depuis 2000. Opposante au régime d'Augusto Pinochet (1973-1990), qui serait responsable de la mort de son père, la nouvelle présidente a siégé dans le cabinet du président Lagos à partir de 2000 comme ministre de la Santé, puis de la Défense. Elle se propose au cours de son mandat de mettre de l'avant une série de réformes sociales, notamment une meilleure aide aux mères dans le besoin et une amélioration du système de pension privé. Bachelet demeure néanmoins favorable au maintien d'une économie de marché et appuie, avec des réserves, le projet d'accord de libre-échange des Amériques. Son assermentation, le 11 mars 2006, se déroule en présence de nombreux dignitaires, dont la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice.
Dans les médias...
Daniel Bastien, «Une femme chaleureuse et sans a priori entre à la Moneda»
«...Revers de la médaille, la femme politique ne s'est jamais vraiment «mouillée» en termes de programme lors de la campagne, se montrant «toujours d'accord avec tout le monde», relèvent de nombreux observateurs. C'est moins un projet électoral que sa remarquable popularité qui en a fait la candidate de la Concertacion, la coalition de centre-gauche. «Elle fait preuve d'une certaine naïveté en estimant que sa «transparence» suffit», estime un banquier chilien. On se demande même parfois à Santiago si elle tenait à cette candidature... Michelle Bachelet aura peu de temps pour faire ses preuves et imprimer sa marque : déjà non renouvelable, son mandat a été réduit à quatre ans pour des raisons constitutionnelles. On sait que ses chevaux de bataille seront d'ordre social : égalité des sexes, éducation, santé et retraites. D'excellents économistes et des visages neufs, autour d'elle, sauront l'aider dans cette tâche. On attend en tout cas d'elle un style nouveau au service d'une continuité politique.»
Les Échos (France), 17 janvier 2006, p. 6.
Marie-Laure Colson, «Amérique latine : la gauche nouvelle vague»
«...Interrogée hier sur un éventuel virage à gauche de la coalition au pouvoir, la nouvelle présidente chilienne a joué l'ouverture, comptant «sur l'appui des autres forces politiques pour des initiatives importantes qui n'ont pas de couleur politique». Elle a dit avoir «très bonne mémoire» et se souvenir que ses adversaires de droite avaient souvent des idées communes aux siennes. De la même manière, Michelle Bachelet n'a «ni mépris ni peur pour «l'autre gauche» qui, comme les centristes, cherche aussi à lutter contre la pauvreté», relève Renée Fregosi de l'Institut des hautes études sur l'Amérique latine. Michelle Bachelet devrait tenter de faire mieux en terme de lutte contre les inégalités et les discriminations que son prédécesseur Ricardo Lagos. Première mesure, elle a annoncé hier qu'elle formerait un gouvernement paritaire composé d'autant d'hommes que de femmes. Mais c'est avant tout une pragmatique qui, prévoit Renée Fregosi, «va défendre le renforcement de la concertation régionale autour du Mercosur (le marché commun d'Amérique du Sud, ndlr), qui est un instrument essentiel pour développer les politiques sociales, tout en restant dans le cadre d'une économie ultralibérale».
Libération (France), 17 janvier 2006, pp. 8-9.
Serge Truffaut, «Rupture au Chili»
«...la présidente pourra s'appuyer sur un changement important constaté dans la culture politique du pays. Selon les observateurs de la scène chilienne, pour la première fois depuis 1990, l'ombre de Pinochet n'a pas plané sur l'horizon politique. À telle enseigne qu'on juge la déconfiture des héritiers du dictateur regroupés au sein de l'Union démocratique indépendante comme emblématique de ce phénomène. Ce rejet des dernières empreintes laissées par Pinochet est le signe, selon certains, d'une coupure définitive avec le passé. De fait, entre les majorités détenues au Sénat et à l'Assemblée et le gommage de tout ce qui rappelle de près ou de loin le régime dictatorial, Bachelet devrait être en mesure de diriger le pays sans trop d'encombre.»
Le Devoir (Québec, Canada), 17 janvier 2006, p. A6.
Éditorial
«...Bachelet's election may also help to heal a rift in Chile that persists decades after the coup that toppled socialist Salvador Allende and brought Pinochet to power in 1973. Bachelet bears her own scars from those dark years of massive human rights abuse. Her father, an Air Force general who opposed the coup, died after being tortured in one of Pinochet's prisons. Bachelet and her mother were arrested and tortured, and later they went into exile. In victory, though, the 54-year-old pediatrician spoke on Sunday of life and healing, not death and revenge. «Violence entered my life, destroying what I loved. Because I was a victim of hate, I have dedicated my life to turn that hate into understanding, into tolerance and, why not say it, into love.» Chile has chosen well.»
Chicago Tribune (États-Unis), 17 janvier 2006.
Gouvernance et gouvernement [ 15 janvier 2006 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | Michelle Bachelet |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).