15 mai 2025
5 juin 1968

Assassinat de Robert Kennedy

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Robert Kennedy

Alors qu'il célèbre sa victoire aux primaires démocrates de la Californie, le sénateur de l'État de New York, Robert Kennedy, est abattu par un dénommé Sirhan B. Sirhan.


Pour en savoir plus: Discours prononcé à la suite de l'assassinat de Martin Luther King

Ex-ministre de la Justice dans l'administration de son frère John (1961-1963) et celle de Lyndon B. Johnson (1963-1964), Robert Kennedy, 42 ans, est dans la course pour remporter l'investiture démocrate en prévision de l'élection présidentielle de 1968. Après une défaite dans l'Oregon, il est au coude à coude avec le sénateur du Minnesota, Eugene McCarthy, un autre opposant à la présence états-unienne au Vietnam. Les primaires de Californie, le 5 juin 1968, donnent à Kennedy une victoire serrée - 46% contre 42% pour McCarthy - qui ravive ses chances. Mais le soir du vote, il est abattu par Sirhan B. Sirhan, un arabe d'origine qui habite aux États-Unis depuis plusieurs années. Un deuil national est proclamé par le président Johnson. Celui-ci crée également une commission chargée d'étudier les causes de la violence qui mine le pays. Le décès de Kennedy, le 6 juin 1968, survient cinq ans après celui de son frère John et deux mois après l'assassinat du pasteur Martin Luther King, à Memphis. C'est finalement le vice-président Hubert H. Humphrey qui obtiendra l'investiture démocrate.

Dans les médias...

Jean Lacouture, «La malédiction des Kennedy»

«...Vivant ou mort, Robert Kennedy est gênant. Pour la société américaine, pour les bien-pensants, pour les analystes de gauche qu'il déconcerte jusqu'à l'affolement, pour l'appareil du parti démocrate, pour Eugene McCarthy, pour ses amis de droite épouvantés par ses audaces et ses amis de gauches navrés de ses palinodies... Ce ne sont pas les balles du tueur de Los Angeles qui rendront plus transparent le personnage du sénateur de New York. Assassiné au plus fort de la bataille électorale de 1960, John Kennedy garderait-il meilleure figure que son jeune frère, lui qui avait écarté Adlai Stevenson avec autant de cynisme que Bobby en mit à se dresser contre Eugene McCarthy ? La procédure de béatification spontanée dont a bénéficié le président ne peut jouer pour le sénateur -dût-il ne pas revenir vivant de la bataille qu'il venait de gagner en Californie. Un jury innombrable et invisible semble avoir d'ores et déjà réparti entre les deux frères, si étroitement associés dans le combat, les deux faces d'un verdict ambigu : hommage au Président, décri pour le sénateur.»

Le Nouvel Observateur (France), 7 juin 1968, p. 5.

S.A., «Folie meurtrière»

«...Combien d'hommes tomberont encore avant que ne soit conduit à bien un effort de longue haleine pour fournir à une société malade et tendue à l'extrême de nouvelles raisons d'équilibre apaisant ? Durement atteinte, la famille Kennedy a payé un lourd tribut à cette crise de civilisation qui concerne tout l'Occident (...) L'événement bouleverse la scène américaine beaucoup plus profondément que n'aurait pu le faire un renversement de tendance avant l'appel aux urnes. Il touche au coeur une société confrontée à d'innombrables problèmes à l'extérieur comme à l'intérieur de ses frontières, une société qui s'interroge dans le désarroi et dans la tristesse. Le «rêve américain» reste vivace dans la conscience des Américains. Mais des faits brutaux leur rappellent sans cesse tout ce que peut avoir d'insuffisant un rêve qui n'est pas également partagé avec une même volonté de le traduire en actes.»

Le Monde (France), 6 juin 1968, p. 1.

Guy Cormier, «L'Amérique des interrogations»

«...Le pire, finalement, c'est cette espèce de monotonie lugubre dans le crime. Certes, le drame de Los Angeles n'offre pas toutes les similitudes possibles avec celui de Dallas. Mais les deux victimes seront presque confondues dans la mémoire des hommes. Robert Kennedy était le frère de John par le sang. Mais il l'était peut-être davantage par une communauté d'idéal et des aspirations partagées à une société américaine meilleure. La monotonie, on la trouve, en particulier, dans le mécanisme des réactions officielles. Il y aurait un parallèle intéressant à établir entre toutes les déclarations faites après les assassinats successifs du président, du pasteur King et du sénateur. Comme en 1963, toutes les voix s'accordent à condamner la violence, à déplorer l'aisance avec laquelle un détraqué peut se procurer une arme à feu, pour aller ensuite tranquillement tuer l'élite de la société américaine. Rien n'a donc été corrigé depuis Dallas. L'administration annonce une grande enquête sur la violence. Mais que va-t-on découvrir qu'on ne savait pas déjà ?»

La Presse (Québec, Canada), 7 juin 1968, p. 4.

S.A., «For Perspective & Determination»

«...The second Kennedy assassination -almost two months to the day after the murder of Martin Luther King Jr.- immediately prompted, at home and abroad, deep doubts about the stability of America. Many saw the unleashing of a dark, latent psychosis in the national character, a stain that had its start with the first settlement of a hostile continent. For the young people, in particular, who had been persuaded by the new politics of Robert Kennedy and Eugne McCarthy to recommit themselves to the American electoral system, the assassination seemed to confirm all their lingering suspicions that society could not be reformed by democratic means. The killing of Kennedy was horrifying in itself and forever haunting to all who had suffered through the earlier agony. Yet for all the pain and shame, in retrospect it could hardly be construed in itself as a new symptom, of any intrinsically american malaise.»

Time (édition canadienne), 14 juin 1968, p. 17.

Gouvernance et gouvernement [ 5 juin 1968 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéLyndon B. Johnson

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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Chronologie 1963 - 1973















































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