Signature de la Charte de l'Organisation des Nations unies
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Signature de la Charte par le premier ministre du Canada
Deux mois après l'ouverture de la conférence de San Francisco, des représentants de 51 pays, dont l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), signent la Charte créant l'Organisation des Nations unies (ONU).
Pour en savoir plus: Charte des Nations unies
La création de l'ONU constitue une date charnière dans l'histoire de la diplomatie internationale. Réunis le 26 avril 1945, alors que la guerre fait toujours rage en Europe, des délégués de 51 pays s'entendent sur le contenu d'une Charte qui définit la mission et les mécanismes du nouvel organisme que l'on espère voir réussir là où la Société des Nations (SDN), qui disparaîtra en 1946, a été impuissante. Parmi les principaux organes de l'ONU, on retrouve l'Assemblée générale, au sein de laquelle les pays membres sont représentés également. Les futurs vainqueurs de la guerre -États-Unis, Union soviétique (URSS), Royaume-Uni, France, Chine - obtiennent pour leur part le statut de membres permanents du Conseil de sécurité, chargé de veiller au maintien de la paix dans le monde. Des organismes spécialisés dans différents domaines - santé, éducation, justice, etc. - sont également mis sur pied. Ratifiée par 29 pays, la Charte des Nations unies entrera en vigueur le 24 octobre 1945. Des travaux en vue de la première séance de l'Assemblée générale, prévue pour janvier 1946, sont déjà en cours. Voir : Charte des Nations unies
Dans les médias...
André Siegfried, «Topographie morale de la conférence de San Francisco»
«...La première remarque, c'est que cette conférence, dont la tâche est d'établir le statut futur des relations internationales, se tient cette fois non en Europe mais en Amérique. Il faut ajouter que c'est sur le Pacifique et non sur l'Atlantique que le siège en a été fixé. C'est l'indication que le centre de gravité du monde s'est déplacé, car au lendemain du traité de Versailles on n'eût pas songé à fixer une conférence d'aussi fondamentale importance ailleurs que dans le Vieux Continent (...) Le délégué russe, la délégation américaine sont comme les deux pôles de la conférence, et cela se produit naturellement : prestige de la victoire et question de taille. Il y a là un facteur du réalisme instinctif qui fait réfléchir sur le rôle de la force dans le monde. Personne ne dit cela dans les discours, mais on ne peut pas ne pas le sentir.»
Le Figaro (France), 3 mai 1945.
Jean Chevalier, «La Conférence de San Francisco»
«...La conduite des débats et l'influence des délégations ont rapidement manifesté l'existence de deux forces principales, décisives : celle de la Russie et celle des États-Unis. MM. Molotov et Stettinius ont, évidemment, tenu la vedette. C'est en réalité de leur accord, ou de leur opposition irréductible que dépendra la réussite, ou l'échec, de la Conférence de San Francisco. Bien qu'il soit encore souvent question des «trois» grands, ou des «cinq» puissances, en fait, la Grande-Bretagne, la Chine et la France, qui bénéficient évidemment d'une situation privilégiée, ne jouent guère plus que le rôle de partenaires, d'associés, de brillants seconds, dans cette alliance des grands empires du monde. De même que la France proposait de discerner, parmi les autres puissances, les moyennes et les petites, une distinction pratique se fait jour parmi les grands et, dans leur quintuple constellation, deux centres d'attraction se détachent. Or, une opposition plus ou moins profonde, est toujours à l'origine de la distinction. Si l'on voulait scruter les chances, l'avenir de la paix, c'est cette opposition qu'il faudrait essayer de mesurer.»
Esprit (France), juin 1945, p. 140.
S.A., «La charte des Nations unies»
«...Il en résulte une charte des Nations unies, qui doit remplacer le statut de l'ancienne Société des nations. Est-elle meilleure, comme on nous l'assure ? Elle l'est certainement du fait que ses principaux parrains, les Etats-Unis et l'U.R.S.S., manquaient à la naissance de l'ancienne Société. Elle est fondée sur une base plus «réaliste», parce que les grandes puissances, détentrices des moyens économiques et militaires, y seront prépondérantes ; que la possibilité de voir le veto d'une seule d'entre elles suspendre leur action peut les inciter à s'entendre ; qu'un état-major international est prévu pour préparer le recours aux armes (...) En 1919 on avait fondé de trop grands espoirs sur la S.D.N. (Société des Nations). On fermerait les yeux sur ses défauts, d'ailleurs moins dangereux que ceux de ses membres. Aujourd'hui le monde est sceptique et déçu, il accueille le nouveau-né avec défiance. Peut-être vaut-il mieux qu'il en soit ainsi. Le charte des Nations unies sera d'autant plus féconde que, comptant moins sur sa vertu, chacun fera plus d'efforts et que, après le choc de deux terribles guerres, les peuples traduiront par des actes leur aspiration vers la paix.»
Le Monde (France), 28 juin 1945, p. 1.
S.A., «With a Charter Trimmed in Gold Conference Calls Its Work Done»
«...In its simplest terms the new organization is based on the presumed agreement in peace -as in war- between the only nations strong enough to wage war in the future. It cannot control unilateral action by one of the Big Five; but it has the machinery necessary to check the resurgence of any aggressor in this war or aggression by any of the other middle and small powers that belong to it. Through the International Court of Justice it will attempt to settle disputes between nations; through its Economic and Social Council it will help rebuild a world for peace -through neither body has the power to enforce its recommandations or decisions.»
Newsweek (édition canadienne), 2 juillet 1945, p. 48-50.
Gouvernance et gouvernement [ 26 juin 1945 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
---|---|---|---|
![]() | Élevé | Harry S. Truman | |
![]() | Faible | Mikhail Kalinine | Joseph Staline |
![]() | Transition | Charles de Gaulle | Charles de Gaulle |
![]() | Élevé | George VI | Clement Attlee |
![]() | Transition | Situation révolutionnaire | Situation révolutionnaire |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).