2 mai 2025
24 mars 1989

Déversement d'hydrocarbures en Alaska par l'Exxon Valdez

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Exxon Valdez

Le 24 mars 1989, peu après minuit, le superpétrolier Exxon Valdez heurte les récifs du banc Bligh, dans le détroit du Prince William, en Alaska. L'échouement endommage 11 des 13 citernes du navire et provoque le déversement de plus de 40 000 tonnes de pétrole brut dans l'océan. Il s'agit du pire incident du genre dans l'histoire des États-Unis.

L'Exxon Valdez est chargé de 180 000 tonnes de brut. Son déversement gît a une formidable distance des équipes spécialisées dans le nettoyage de catastrophes écologiques. On ne peut que se rendre par hélicoptère ou par bateau au navire éventré. Au total, la nappe qu'il a libérée s'étend sur plus de 7000 km2, recouvrant 800 kilomètres de côtes, sans compter l'ensemble des îlots et échancrures touchés. Quatre jours après l'accident, une tempête et des vents violents de plus de 115 km/h viennent disperser la nappe de pétrole sur plus de 64 kilomètres. Cet événement suscite une prise de conscience aux États-Unis et dans le monde entier. En tout, 1400 navires, 85 hélicoptères et 1100 personnes sont déployés sur place pour nettoyer le littoral et sauver les oiseaux et les mammifères marins menacés par la marée noire. Parmi les espèces menacées, on compte des millions d'oiseaux migrateurs et aquatiques, des loutres, et plusieurs espèces de baleines. Une enquête révélera que le capitaine du pétrolier, Joseph Hazelwood, était intoxiqué à l'alcool au moment de l'accident. D'ailleurs, le président d'Exxon Shipping Co. reconnaît que c'est le troisième lieutenant qui était aux commandes du vaisseau quand il s'est échoué sur les récifs de Bligh. Celui-ci agissait en violation des lois fédérales américaines, car il ne possédait pas de permis pour piloter un pétrolier dans le détroit du Prince William.

Dans les médias...

Françoise Harrois-Monin, « La malédiction de l'or noir »

«...l'Alaska est devenu le terrain de lutte favori des écologistes et des pétroliers. (...) les Verts américains ont bien l'intention de lutter de pied ferme pour empêcher que de nouvelles étendues blanches ne soient livrées aux pétroliers. Et le naufrage de l'« Exxon Valdez » va peser lourd dans la balance. Au coeur du débat : le refuge national d'animaux sauvages de l'Arctique. Ce royaume des ours polaires, près des côtes, et des caribous, dans la toundra, pourrait bien être une formidable réserve pétrolifère, probablement la plus importante des États-Unis. De quoi attirer les magnats du pétrole, qui supplient le gouvernement américain d'autoriser les forages dans cette zone protégée. En février dernier, le président Bush donne son aval, suivi, au début du mois de mars, par celui de la commission du Sénat pour l'Énergie. Cependant, en dernier ressort, ce sera au Congrès de trancher. « Nous sommes décidés à utiliser l'accident de l'« Exxon Valdez » et les photos de ses ravages pur convaincre les députés de préserver l'Alaska », déclarait Robert Hattoy, responsable californien du Sierra Club. Déjà 250 organisations écologistes ont signé une pétition pour convaincre George Bush de revoir ses positions. »

L'Express (France), 7 avril 1989, p. 17.

Jan Krauze, « Les prophètes de malheur avaient raison »

«...La lenteur initiale des efforts entrepris pour contenir la nappe de pétrole continue à susciter un étonnement indigné. Exxon répond timidement en invoquant des circonstances particulières : la catastrophe s'est produite un Vendredi saint, jour férié aux États-Unis. Erreur humaine, malchance due au calendrier : autant d'explications qui laissent de marbre les défenseurs de l'environnement, les pêcheurs, et tous ceux qui avaient tenté de s'opposer à l'ouverture de l'oléoduc, il y a dix ans. Un accident, disaient-ils, ne manquera pas d'arriver, quelles que soient les précautions prises et les promesses faites. (...) Les compagnies pétrolières, qui, l'automne dernier, avaient réalisé une brillante opération de relations publiques en mettant gracieusement leurs puissants moyens techniques au service des trois baleines prises dans les glaces de la pointe Barrow, auront bien du mal, cette fois, à redorer leur blason auprès de l'opinion publique. Et les défenseurs de l'environnement vont trouver une énergie nouvelle pour combattre le projet de forages exploratoires dans le dernier grand refuge naturel de la côte nord de l'Alaska, paradis des caribous. »

Le Monde (France), 29 mars 1989, p. 11.

Frédéric Wagnière, « Afin d'éviter d'autres Valdez »

«...Une des tâches les plus urgentes est de trouver un moyen d'éviter que de tels accidents se produisent aussi souvent. La solution préconisée par certains écologistes, qui consiste à interdire le transport de brut par pétrolier, n'est pas réaliste. Il y a un peu plus d'un an, une demi-douzaine de pays avaient envoyé des navires de guerre dans le Golfe pour défendre la liberté de navigation des pétroliers géants contre les attaques iraniennes. Le monde ne change pas d'avis aussi rapidement. Mais la liberté de navigation entraîne de sérieuses responsabilités et les armateurs ne sont pas toujours prêts à les assumer. Par ailleurs, les assureurs sont trop souvent préoccupés par le placement de leurs primes et la diminution de leur propre responsabilité financière au moyen de la réassurance. Cela ne les pousse pas à exiger une gestion plus sûre et plus responsable de la part des armateurs qu'ils assurent. S'il était acquis une fois pour toutes que les responsables d'un accident qui endommage l'environnement est tenu de réparer tous les dégâts et de dédommager complètement les gens qui ont subi une perte, armateurs et assureurs seraient plus prudents. »

La Presse (Québec, Canada), 30 mars 1989, p. B2.

Tribune

«...Why was the uncertified third mate in command of the tanker when it ran aground ? Were crew members under the influence of alcohol or other drugs ? Did cleanup efforts begin soon enough ? (Environmentalists, the governor and other state officials say no.) How much compensation will Exxon Shipping Co. pay fishermen for lost income ? These are among the questions sure to be addressed, but another set might prove more difficult. When the tanker was breached, so was the delicate energy-environment balance that seemed to be holding in Alaska. For all the dire warnings that preceded construction of the Alaskan pipeline, the exploitation of North Slope oil has not meant serious environmental degradation. Until now. Can amicable coexistence be restored ? And how is the I-told-you-so crowd to be refuted ? Or is it ? Answers, if any, will be imperfect, like the human factor present in cases such as this oil spill. »

Chicago Tribune (États-Unis), 28 mars 1989.

Gouvernance et gouvernement [ 24 mars 1989 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéGeorge H.W. Bush

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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Chronologie 1984 - 1994



































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