5 avril 2025
24 août 1991

Proclamation d'indépendance de l'Ukraine

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Leonid Kravchuk

Dans la foulée des bouleversements qui secouent le monde communiste, le Parlement ukrainien approuve une déclaration d'indépendance transitoire. Il décide de la tenue d'un référendum sur la question, accompagné d'une élection présidentielle, le 1er décembre 1991.

Le vent de libéralisation qui souffle sur l'Europe de l'Est atteint l'Ukraine. Avec la création du Rukh (Mouvement populaire ukrainien), l'opposition nationaliste s'organise dans la seconde république la plus populeuse de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Le Parlement déclare la souveraineté de la république, dans un cadre confédéral, en juillet 1990. Le 17 octobre, le président Leonid Kravchuk annonce la démission du premier ministre Vitaly A. Masol que réclamaient des étudiants protestataires installés dans des campements de fortune. Dans les jours suivants, une manifestation de support aux étudiants réunit plus de 100 000 personnes. Le 24 août, le Parlement déclare l'indépendance transitoire de la république. Le lendemain, les législateurs votent la confiscation des possessions du Parti communiste (PC) ukrainien qui coupe les liens l'unissant au PC soviétique. Le président Kravchuk, un communiste au discours nationaliste, quitte le PC. Le 27 août, le Parlement déclare l'Ukraine puissance non nucléaire et s'engage à remettre ses armes nucléaires tactiques à la Russie avant juillet 1992. Le 15 septembre, plus de 50 000 personnes manifestent en faveur de l'indépendance complète. Plus de 80% des électeurs prennent part au référendum du 1er décembre 1991. Du nombre, plus de 90% se disent favorables à l'indépendance. L'élection présidentielle reconduit au pouvoir Leonid Kravchuk qui obtient 60 % des voix.

Dans les médias...

Yves Plasseraud et Suzanne Pourchier, « Le pays baltes : enfin l'indépendance ! »

«...L'euphorie des lendemains de fête ne doit pas dissimuler que l'avenir proche reste lui-même porteur de menaces. Au contraire de celle des États baltes qui, pour le « complexe militaro-industriel » soviétique, ont toujours constitué un cas à part, la « décolonisation » de l'Ukraine et de la Biélorussie risque de se faire chaotiquement. Ces États sont très hétérogènes, comportant de vastes zones horizontales plus russes qu'autochtones, et des putschs locaux à caractère nationaliste-russe ne sont pas à exclure au cours de la phase suivante. Une guerre civile à leurs portes aurait à l'évidence des conséquences catastrophiques pour les États baltes. Cette hypothèse milite en faveur d'une aide massive de l'Ouest aux Baltes et de la rapide mise en oeuvre d'un processus d'intégration progressive à l'Europe occidentale (à terme à la Communauté européenne), seule garantie contre un risque de retour de flamme. »

Esprit (France), octobre 1991, p. 38-39.

S.A., « L'Ukraine : une position ambiguë »

«...il semble bien que l'Ukraine cherche avant tout à asseoir l'indépendance qu'elle a proclamée en juillet dernier. Et si ce n'est son indépendance, du moins son autonomie, témoin sa décision de soumettre la signature du nouveau traité de l'Union à ratification par le Parlement ukrainien. Une volonté qui s'appuie sur une réalité économique: la richesse de l'Ukraine en fait la deuxième puissance de l'Union. Elle dispose d'importantes richesses agricoles (céréales, betterave à sucre, plantes oléagineuses). En 1990, sa production agricole représentait 22,5% de celle de l'URSS. A cela s'ajoute une force industrielle non négligeable: en 1990, elle concentrait 17,7% de la production industrielle soviétique. Ceci explique probablement pourquoi les Ukrainiens n'ont pas cherché à renforcer le prestige et le poids politique de Boris Eltsine en lui accordant un soutien officiel, tout en prenant leurs distances face aux conservateurs. »

Les Échos (France), 22 août 1991, p. 5.

Maurice Duverger, « La Grande Russie et l'« Urs » »

«...Seule, la deuxième République de l'URSS pourrait s'épanouir en dehors de l'Union : celle dont Voltaire écrivait, dès 1731 : « L'Ukraine aspire toujours à être libre. » Son poids démographique, ses capacités économiques, sa situation géographique lui permettraient une sécession complète. Son peuple devrait examiner mûrement la situation, avant de préférer le nationalisme du dix-neuvième siècle à la tendance des nations évoluées de s'intégrer dans de grands ensembles structurés, en cette fin du vingtième. Comme toutes les Républiques de l'URSS, l'Ukraine aurait intérêt à faire partie d'un marché unique aux dimensions équivalentes à celles de la Communauté européenne : chacun de ses membres étant libre de sa législation sur la propriété des terres et des instruments de production, sur la création et le statut des entreprises, sur les investissements étrangers et les sociétés mixtes. »

Le Monde (France), 29 août 1991, p. 7.

Russell Watson et al., « End of an Empire »

«...To calm Ukrainian fears of resurgent Russian chauvinism, Yeltsin sent a delegation to Kiev. The result was an agreement that looked a lot like a treaty between independent nations. It called for the creation of « temporary interstate structures » between the two republics and said they would work for « democratic transformation » and « radical economic reforms. » The two republics recognized each other's borders and agreed to share control over Soviet military units in the Ukraine, including nuclear forces. The agreement left Gorbachev, the nominal commander in chief of Soviet military forces, entirely out of the equation. Its stated objective was not to shore up the existing union but merely to prevent « uncontrolled disintegration. » It said Russia and the Ukraine were ready to form a new relationship with other republics of « the former U.S.S.R. » Even that was too restrictive for some Ukrainians. »

Newsweek (États-Unis), 9 septembre 1991, p. 22.

Gouvernance et gouvernement [ 24 août 1991 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagRussieLimitéBoris EltsineBoris Eltsine
flagUkraineIntermédiaireLeonid KravtchoukVitold Fokin

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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