2 mai 2025
16 février 1986

Élection de Mario Alberto Soares à la présidence du Portugal

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Mario Alberto Soares

Le candidat du Parti socialiste (PS), Mario Alberto Soares, remporte le deuxième tour de l'élection présidentielle au Portugal avec 51,2 % des voix. Assermenté le 9 mars 1986, il succède à Antonio Ramalho Eanes à la tête du pays.


Résultats du scrutin

Antonio Ramalho Eanes, un militaire de formation, dirige le Portugal de 1976 à 1986. Cependant, la Constitution lui interdit de se représenter à l'élection présidentielle qui a lieu le 26 janvier 1986. Après le premier tour, le démocrate chrétien Diogo Freitas do Amaral obtient 46,3 % des voix. Il est suivi par Mario Alberto Soares, candidat du PS qui a été premier ministre du Portugal à trois reprises. Celui-ci obtient 25,4 % du vote. Vient ensuite Francisco Salgado Zenha, un candidat indépendant de la gauche modérée avec 20,9 % des voix. Comme aucun candidat n'obtient la pluralité des suffrages, un second tour est organisé le 16 février. Mario Alberto Soares remporte alors la victoire avec un peu plus de trois millions de votes, soit 51,2 % des suffrages exprimés. Il devance son adversaire Diogo Freitas do Amaral, qui obtient quant à lui 48,8 % des voix. Pour l'emporter, le candidat Soares doit former une coalition de gauche réunissant le PS, le Parti du Renouveau démocratique (PRD) et le United People's Alliance, d'obédience communiste. Le 9 mars 1986, Mario Alberto Soares est officiellement assermenté au Parlement. Parmi les personnalités politiques présentes à la cérémonie, on remarque le président français François Mitterrand et le vice-président des Etats-Unis, George Bush.

Dans les médias...

Jean Daniel, « L'hirondelle portugaise »

«...on peut trouver que ce démocrate est parfaitement à sa place comme symbole de la République portugaise. C'est un civil, et c'est la première fois depuis soixante ans qu'on ne trouve pas à la tête de l'État portugais un militaire. C'est un amoureux de la liberté, et la constitution de son pays lui donne les moyens de la protéger. C'est un passionné de politique étrangère, et on peut prévoir qu'il ne sera pas « inerte », selon un mot connu, de ce côté-là. D'autant que, pour le Portugal, la politique étrangère ne se réduit pas à discuter de l'opportunité de maintenir les bases américaines ou d'équilibrer les relations avec Israël et avec le monde arabe. Constat démographique : il y a deux millions de Portugais au Brésil, un million en France, un million en Afrique du Sud (venant du Mozambique et de l'Angola). Le Brésil est au Portugal ce que les États-Unis sont à la Grande-Bretagne : ils sont séparés par la même langue, selon le mot de Churchill. Mario Soares est le Portugais type : les pieds en Afrique, la tête aux Amériques, le coeur en Europe. »

Le Nouvel Observateur (France), 21 au 27 février 1986, p. 22-23.

Paul-André Comeau, « La carrière de Mario Soares »

«...Avec une économie en complète déroute, Mario Soares a accepté l'odieux d'une politique d'austérité draconienne. C'était la seule façon de redresser une situation presque catastrophique, si l'on s'en remet aux seuls taux de chômage et d'inflation. Malgré les défaites électorales, il a néanmoins joué à fond le jeu que dictait une économie profondément anémiée. Le rétablissement de la situation économique dans ce petit pays de la péninsule ibérique va inévitablement exiger de nouveaux sacrifices et une certaine période de temps. C'est sous la formule de la « cohabitation » que se vivront les premiers mois de la présidence de Mario Soares. Il devra en effet composer avec un premier ministre du centre droit, M. Anibal Cavaco Silva. À un mois des élections législatives françaises où ce même thème de la cohabitation domine tous les débats, l'expérience portugaise n'est pas à dédaigner. D'un président socialiste à l'autre, de François Mitterrand à Mario Soares, l'occasion sera belle de partager les leçons d'une pratique démocratique qui bouscule bien des habitudes. »

Le Devoir (Québec, Canada), 18 février 1986, p. 8.

Jay D. Palmer, « Squaring Off for Round 2 »

«...The two runoff candidates have very different personalities and backgrounds. Mario Soares is an emotional man of action who reacts immediately to a situation. Diego Freitas do Amaral is a cool, aloof, analytical person who carefully studies and weighs the merits of each situation before making a decision. The product of a middle-class family of intellectuals, Soares spent most of the 1960's and early 70's either in prison or exile. Freitas do Amaral is from a wealthy family that had close ties to former Dictator Antonio Salazar, although the candidate never held public office during those years. The presidential election has basically turned into a contest between those who want to maintain the left-wing aims of the 1974 revolution and those who want to return to more conservative political and social policies. Freitas do Amaral says he would like to see some companies denationalized, including breweries and newspapers. Soares claims that his defeat would mean the right's return to political power. »

Time (États-Unis), 10 février 1986, p. 60.

Gouvernance et gouvernement [ 16 février 1986 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagPortugalÉlevéMário Alberto SoaresAníbal (António) Cavaco Silva

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

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