Débarquement d'exilés cubains à la baie des Cochons
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Discours de John F. Kennedy au Congrés pour la fondation de la NASA
NASA
Près de 2 000 exilés cubains entraînés par des militaires américains tentent un débarquement à la baie des Cochons, à Cuba. La mission se soldera au bout de quelques jours par un échec complet.
Après le départ de Fulgencio Batista et l'arrivée de Fidel Castro au pouvoir, en 1959, les relations entre Cuba et les États-Unis se détériorent rapidement. La politique d'expropriation des terres du gouvernement castriste et son rapprochement avec l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) inquiètent le gouvernement américain qui adopte des représailles commerciales et rompt ses relations diplomatiques avec Cuba en janvier 1961. À la mi-avril, un bombardement aérien précède une tentative d'invasion de l'île par des exilés cubains, opposés au régime de Castro. Malgré l'entraînement reçu par des militaires américains, les troupes sont rapidement mises en déroute et éliminées. L'initiative, qui est un échec sur toute la ligne, est condamnée par plusieurs gouvernements. Elle ternit la réputation du nouveau président américain John F. Kennedy, entré en fonction en janvier 1961. L'année suivante, les tensions entre les deux pays atteindront un nouveau sommet avec la découverte de la présence à Cuba de fusées soviétiques.
Dans les médias...
S.A., «Le pari de M. Kennedy»
«...Si les succès -difficilement croyables- dont se targuent les émigrés devaient être confirmés, si le régime Castro est hors d'état d'organiser une résistance efficace (...) alors la preuve sera faite que les Américains ont raison, que le dictateur est détesté par son peuple et que c'est bien d'une opération de libération qu'il s'agit aujourd'hui. Le président Kennedy aura remporté un grand succès diplomatique (...) Si, au contraire, le régime de La Havane tient bon, la popularité de Fidel sera démontrée, et la propagande soviétique aura beau jeu de convaincre l'opinion mondiale, à commencer par les peuples d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie, que le prétendu anticolonialisme des États-Unis n'est que la façade derrière laquelle ils abritent leur impérialisme hypocrite; la tentative de M. Kennedy pour restaurer l'autorité de son pays aura fait long feu. Tout donne donc à penser qu'en fin de compte c'est essentiellement au peuple cubain qu'il appartient de désigner par son attitude le vainqueur de cette nouvelle épreuve de force.»
Le Monde (France), 19 avril 1961, p. 1.
G.L., «Cuba et l'Amérique hispanique»
«...Après l'aventure cubaine, Mr. Kennedy, a poursuivi l'étrange interprétation de l'inter-américanisme de ses prédécesseurs, allant jusqu'à la menace d'une action unilatérale si les autres États américains n'ont pas la même idée que les États-Unis de la défense du continent. Autant dire que les pays latino-américains sont des mineurs dont la personnalité est diminuée par une sorte de tutelle. On comprend aisément, du point de vue de la politique internationale, que les États-Unis veuillent défendre leurs zones d'influence. Mais, qu'ils fassent un effort pour comprendre la réalité hispanique ! - et ceci sur les deux rives de l'Atlantique, car l'extrême sud-occidental d'Europe est aussi hispanique. Ces pays ont besoin de renouveler leur infrastructure, de changer les structures agraires, de s'industrialiser, et tout cela sur la base d'un véritable bouleversement de la distribution du revenu national. Leurs idées sur l'indépendance nationale sont difficilement réconciliables avec l'interaméricanisme à sens unique.»
Esprit (France), juin 1961, p. 1132.
S.A., «Contre-révolution à Cuba»
«...Quelle que soit l'issue de la contre-révolution qui vient d'éclater à Cuba, l'important, c'est qu'elle ne dégénère pas en une de ces guerres régionales de portée internationale comme on en a vu sur plusieurs points du globe depuis le dernier conflit mondial. L'une des caractéristiques de notre époque, c'est que la moindre guerre civile devient, pour les grandes puissances, une occasion de mesurer leurs forces ou de s'accuser réciproquement d'intervention lorsqu'elles ne sont pas invitées à intervenir par une des factions rivales (...) Il est vrai que Fidel Castro a fait sa révolution sur le dos des États-Unis. Mais ceux-ci ne sont-ils pas assez forts pour laisser les événements suivre leur cours à Cuba sans prendre parti pour les contre-révolutionnaires? Si, pour restaurer l'économie de son pays, Castro a fait appel à Moscou, peut-être n'avait-il pas le choix? Et voilà qu'une guerre civile qui devrait être l'affaire des seuls Cubains risque d'engager le monde dans le même engrenage qu'au Laos. Reconnaissons que M. Kennedy a hérité d'une situation déjà gâchée par beaucoup de maladresses. N'empêche que les explications de M. Stevenson aux Nations unies n'ont pas été très convaincantes.»
La Presse (Québec, Canada), 18 avril 1961, p. 4.
P.S., «Washington et la révolte cubaine»
«...Ce conflit inquiète donc l'opinion mondiale, à cause d'abord du danger d'un choc direct des forces russes et étatsuniennes; ce péril semble éloigné car le président Kennedy a, du moins jusqu'ici, indiqué qu'il ne veut pas aller trop loin, ce qui s'explique non seulement par la menace d'une riposte soviétique, mais par la seule crainte de la propagande adverse que suscitent inévitablement une intervention militaire des forces de Washington contre Castro. L'opinion mondiale s'inquiète pour un autre motif; car même si on évite une guerre locale où s'affronteraient les deux grandes puissances, les États-Unis ont tout de même accepté dans ce soulèvement un rôle qui peut compromettre toutes les négociations internationales que le régime Kennedy devait reprendre avec M. Khrouchtchev. L'aide accordée par les États-Unis aux rebelles peut avoir des répercussions fâcheuses sur les pourparlers de désarmement sur le conflit du Laos où la trêve espérée ne se réalise pas : sur tant d'autres points de friction, à commencer par Berlin.»
Le Devoir (Québec, Canada), 21 avril 1961, p. 4.
S.A., «Castro's Triumph»
«...With his guns and his Communist advisers, Fidel Castro had never looked stronger. It would be a long time before Cubans, either inside or outside the island, could mount a serious threat to his dictatorship. What would be done about him now became the problem of Cuba's neighbors in the hemisphere. Like a man who has dropped a piano from a great height, the U.S. last week began gingerly assessing the wreckage of President Kennedy's hopeful new hemisphere Alliance for Progress. The Cuban crash still echoed throughout Latin America, and much woodwork was splintered. But after examination, it seemed as if the instrument might still be made to play. There were severe and undeniable damages. The U.S., for all its sincere talk and offers of bountiful aid, had put on the black mantle of the interventionist and had lost itself many amigos in sensitive Latin America. It shocked others by appearing weak in the face of a small Caribbean dictator and appalled everyone by being both indiscreet and ineffective. «If this is the kind of assistance we may expect in our fight with Communism,» said a Peruvian journalist, «then its high time we stopped bieng anti-Communist.»
Time (édition canadienne), 5 mai 1961, pp. 32-33.
Gouvernance et gouvernement [ 17 avril 1961 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | John F. Kennedy | |
![]() | Transition | Oswaldo Dorticós Torrado | Fidel Castro |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).