22 avril 2025
4 avril 1968

Assassinat du pasteur Martin Luther King jr. à Memphis

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Eisenhower avec les meneurs des droits civils
National Archives and Records Administration (Etats-Unis)

Le pasteur Martin Luther King jr., une des figures de proue du mouvement d'émancipation des Afro-Américains aux États-Unis, est assassiné à Memphis. Son action pacifiste lui avait mérité le prix Nobel de la paix en 1964.


Pour en savoir plus: "I've Been to the Mountaintop"

Activiste de 39 ans qui avait reçu le prix Nobel de la paix en 1964 pour son engagement pacifiste, le pasteur King militait pour les droits civiques et l'émancipation des Noirs depuis le milieu des années 50. Son assassinat, le 4 avril 1968, crée un profond ressentiment dans la population, particulièrement au sein de la communauté noire, et des émeutes éclatent dans plusieurs grandes villes. Le 6 avril, le président Lyndon B. Johnson proclame une journée nationale de deuil. Des milliers de personnes participent à une marche dans les rues de Memphis le 8 avril et assistent à l'enterrement de King qui à lieu le lendemain à Atlanta. La mort de Martin Luther King survient au cours d'une des périodes les plus turbulentes de l'histoire récente des États-Unis. L'année 1968 est en effet marquée par la contestation contre l'engagement armé du pays au Vietnam, l'assassinat du candidat à l'investiture démocrate Robert F. Kennedy et la tenue d'un congrès démocrate houleux à Chicago.

Dans les médias...

Casa, « Martin Luther King »

«...Martin Luther King et Kennedy d'un côté, Martin Luther King et Gandhi de l'autre, ne sont pas des rapprochements débilitants. Ils sont représentatifs non pas parce que ces hommes sont morts, mais parce qu'ils ont vécu. Tout le monde connaît le nom des martyrs, personne ne connaît celui des bourreaux, ce qui prouve qu'ils ne sont que des objets, représentants dérisoires d'un fléau qui ne connaît pas de frontières (...) Aucun marché n'a été conclu « homme pour homme », aucune opposition ne s'est même brutalement manifestée entre deux communautés. Une énorme force mauvaise s'est concentrée sur un seul homme pour l'abattre. Le coup fait, les coupables se terrent comme des rats, ils se cachent et fuient. Est-ce là posture de vainqueur ? Ils ne pouvaient donner une image plus éclatante de leur défaite qu'en commettant un banal assassinat sur un homme pour qui les mots de victoire et de défaite étaient dépassés, parvenu qu'il était à un niveau de fraternité d'où son attirance s'exercera tant qu'il restera sur terre un homme pour en profiter. Désormais, Martin Luther King est davantage en chacun de nous. »

Esprit (France), mai 1968, p. 893-894.

Émile Guikovaty, « Le vertige de l'Amérique »

«...La plupart des leaders politiques réunis mardi dernier derrière le cercueil de Martin Luther King, à Atlanta, ont exprimé l'espoir que son sacrifice ne serait pas vain. MM. Robert Kennedy et Eugene McCarthy, rivaux dans la course à la présidence, ont réclamé l'application d'un programme d'urgence dans le domaine de l'emploi, de l'éducation et du logement. Pour que les Noirs en voient rapidement les fruits, il faudrait rien de moins qu'une mobilisation de l'effort national, public et privé. La « bienfaisance » n'est jamais décisive et, pour sortir les Noirs de leurs ghettos, c'est la société américaine dans son ensemble qui devra accomplir un bond en avant. Au fil des décennies, cette société a su fondre au creuset d'une prodigieuse réussite les déshérités qui étaient venus sur ses rivages chercher une nouvelle raison d'espérer. Tous, sauf les descendants des esclaves chargés de chaînes qui débarquaient il y a trois siècles en Virginie. Pour fonder enfin une nation, il faudra pour l'Amérique franchir la dernière des nouvelles frontières que le président John Kennedy découvrait à son horizon : la frontière de la couleur. »

L'Express (France), 15 au 21 avril 1968, p. 16.

Roger Champoux, « Un crime de la haine »

«...Cette fois l'insolite est une tragédie avec mort d'homme. Pourquoi s'étonner que le pillage et le massacre, la violence bestiale, la brutalité inconsciente roulent comme un torrent et se heurtent dans un choc affreux aux puissances de l'ordre ? La fatalité pour l'Américain n'a jamais le même visage : depuis longtemps elle porte celui de la guerre; elle emprunta le masque de Midas alors que la crise de l'or inquiétait la nation la plus puissante de la terre. Depuis quelques heures la fatalité porte un masque hideux, celui de la haine. L'oeuvre de Luther King, sa mission tenace, ses convictions nobles et sa foi dans la possibilité de bannir la haine...tout a croulé en une seconde. Tout est à refaire. Abattre un homme c'est facile, surtout quand les armes les plus perfectionnées traînent à la portée de la main. Le difficile sera de ranimer la flamme tragiquement soufflée et de reprendre avec l'homme de couleur un dialogue de concorde, de franchise, de paix. Les États-Unis sont à l'heure présente au creux de la honte. Dallas était un crime stupéfiant. Memphis est plus qu'un crime, c'est une faute dont les conséquences vont atteindre chaque homme américain. »

La Presse (Québec, Canada), 6 avril 1968, p. 4.

S.A., « King is the Man, Oh Lord »

«...He was, more than any single man, the voice and the instrument of the second American revolution. He materialized out of the streets and the Jim Crow churches of the South a dozen years ago, preaching brotherhood and nonviolence to a divided and violent land. For a time, incredibly, it worked - until the very forces he had helped set in motion swept past him and turned the black ghettos of America into battle-grounds. Yet the Rev. Dr. Martin Luther King Jr. never gave up, and he was trying to prove his way would work again when a white assassin cut him down last week in Memphis - and dealt a parlous wound to the American soul. For King's martyrdom on a motel balcony did far more than rob Negroes of their most compelling spokesman and whites of their most effective bridge to black America. His murder, for too many blacks, could only be read as a judgment upon his nonviolent philosophy - and a license for retaliatory violence. »

Newsweek (États-Unis), 15 avril 1968, p. 34.

Gouvernance et gouvernement [ 4 avril 1968 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagÉtats-UnisÉlevéLyndon B. Johnson

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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Obtenez des informations supplémentaires sur le profil général des pays, les gouvernants, le niveau de démocratie et les différents partis politiques ayant oeuvré sur la scène nationale depuis 1945.

Chronologie 1963 - 1973















































janvier 1964













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