9 avril 2025
1 juillet 1997

Rétrocession de Hong Kong à la Chine

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Jiang Zemin

Après plus d'un siècle et demi sous contrôle britannique, l'île de Hong Kong est rétrocédée à la Chine. Ce geste fait suite à une entente conclue entre Londres et Beijing en 1984.


Pour en savoir plus: Discours prononcé lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine

La domination britannique terminée, Hong Kong prend le statut de région administrative spéciale de la République populaire de Chine. Une disposition de l'entente lui permet toutefois de conserver un modèle de développement capitaliste, selon le concept « un pays, deux systèmes ». Un Conseil législatif provisoire gouvernera cet État insulaire de 6,3 millions d'habitants dont le dirigeant (« chief executive ») sera Tung Chee Hwa. Ce dernier a été choisi par un comité de sélection électoral spécial qui, comme le conseil législatif provisoire, a reçu l'aval de Beijing. Cette procédure, qui est contestée par le Royaume-Uni et les États-Unis, suscite des inquiétudes relativement à l'avenir de la démocratie dans l'île. Le dernier gouverneur britannique de Hong Kong, Chris Patten, et le prince Charles, fils de la reine Elizabeth II, assistent aux cérémonies marquant cette rétrocession. Des milliers de soldats chinois entreront dans Hong Kong par la suite, alors que le président Jiang Zemin se réjouit de l'événement qu'il perçoit comme un présage à une éventuelle réunification avec Taïwan.

Dans les médias...

Catherine Chatignoux, « Le retour de Hong Kong à la Chine : la revanche de Pékin »

«...La Chine sait qu'elle joue très gros dans cette affaire : sa crédibilité internationale au moment où elle tente de rentrer dans le concert des grands pays industrialisés, ses relations avec les États-Unis et avec l'Europe, ses projets de réunification avec Taiwan, et la satisfaction de sa propre opinion publique. Mais le tragique exemple de Tiananmen rappelle qu'une jeunesse un peu trop remuante peut provoquer chez de vieux idéologues marxistes un coup de sang irrépressible. Un tel comportement n'est pas à exclure à Hong Kong si le clan prodémocrate apparaissait comme un trop grand danger pour le régime de Pékin. Un autre écueil, moins immédiat, menace Hong Kong : la lente dérive du système. Les hommes d'affaires du territoire craignent par-dessus tout la contagion de la corruption très répandue sur le continent, et la montée en puissance du trafic d'influence, en vogue à Pékin, ouvrant des brèches dans l'Etat de droit qui règne aujourd'hui dans la colonie. Ces dérives, alliées à la montée en puissance d'autres ports chinois comme Shanghai, pourraient, un jour, marquer le début du déclin de Hong Kong. »

Les Échos (France), 30 juin 1997, p. 6.

Caroline Puel, Pierre Haski, « La Chine mise en examen »

«...Car, de fait, les cérémonies de Hong-kong sont avant tout symboliques de l'émergence spectaculaire de la Chine, événement majeur du tournant de siècle, qui pose de très nombreuses questions - encore sans réponse - au reste du monde. Quelle attitude adopter face à cette superpuissance économique, politique et militaire que devient rapidement la Chine? Les grands pays de la planète apportent jusqu'ici des réponses en ordre dispersé, encore sans cohérence. (...) L'attrait du marché chinois (1,2 milliard d'habitants, 8 à 9% de croissance économique par an...) brouille les cartes et les analyses. Mais, face à la dernière grande puissance communiste du monde, qui continue de bafouer les droits de l'homme et montre des signes d'inquiétant nationalisme, le reste du monde peut-il se contenter d'avoir une approche commerciale? Sans doute est-il possible d'accompagner la Chine dans son développement, dans son ambition à occuper une place à sa taille sur la scène internationale sans oublier pour autant une extrême vigilance face à tout dérapage. Notamment sur les droits de l'homme et les libertés. Et Hong-kong, de ce point de vue, constitue un véritable banc d'essai de la capacité de la Chine à respecter des engagements contenus dans des traités internationaux (...) , à se montrer un peu plus respectueuse d'une opinion pluraliste et d'une société civile émergente, d'un état de droit comme celui que les Britanniques laissent derrière eux dans l'ex-colonie. »

Libération (France), 30 juin 1997, p. 3.

Frédéric Wagnière, « Hong Kong dans le giron de la Chine »

«...Il serait catastrophique pour Hong Kong que la Chine lui impose ses moeurs commerciales. Et cela pourrait facilement se produire graduellement par le simple fait que les dirigeants de Hong Kong auront de plus en plus de liens avec des hommes d'affaires, des fonctionnaires et des politiciens chinois. Et qu'ils risquent de se laisser entraîner dans les réseaux de corruption qui émanent du Parti communiste. C'est ainsi que les tribunaux et d'autres institutions de Hong Kong pourraient perdre les qualités qui ont aidé la colonie à devenir une grande métropole mondiale. Le régime démocratique que Hong Kong a voulu se donner à la suite du massacre de la place Tiananmen, en 1989, aurait pu freiner la dégradation de ses institutions. Mais, en fin de compte, il n'y a que l'adoption de pratiques démocratiques dans l'ensemble de la Chine qui peuvent garantir la survie des institutions de Hong Kong et des liens avec les pays industrialisés. »

La Presse (Québec, Canada), 30 juin 1997, p. B2.

David E. Sanger, « There is (was?) no place like Hong Kong »

«...Though many have tried - from Singapore to Vancouver to Taipei - no one has ever managed to replicate the formula that transformed Hong Kong from a steep, humid, scarcely populated island into one of the world's capitals of commerce. But what exactly is the magic of Hong Kong? Its success, of course, is all about proximity - to the most complex, the most infuriating and now the fastest-growing emerging market on earth. The source of its dynamism, though, is far more complex. Hong Kong thrived precisely because it was on the edge of, but never mired in, the politics and turmoil of China. That separateness allowed it to create one of the world's most wired, global cities - a narrow, ridiculously crowded place where Western law, Asian culture, Japanese design, American financing and greed from seven continents all mixed together to make money. So China celebrates Hong Kong's return not only because it ends a century and a half of humiliation, but because the barren island it lost to gunship diplomacy returns to Chinese control tomorrow as the city of the future. The question is whether the magic can survive the transition. »

New York Times (États-Unis), 29 juin 1997.

Gouvernance et gouvernement [ 1 juillet 1997 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagChineFaibleJiang ZeminLi Peng
flagRoyaume-UniÉlevéÉlisabeth IITony Blair

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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