Élection en Italie d'un gouvernement dirigé par Giovanni Goria
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Giovanni Goria
La Démocratie chrétienne (DC) arrive en tête des formations représentées aux élections législatives italiennes avec 34,3% des voix. Elle obtient 234 sièges contre 177 pour le Parti communiste (PC) et 94 pour le Parti socialiste (PS).
Résultats du scrutin
En occupant la présidence du Conseil pendant plus de trois ans et demie entre 1984 et 1987, le socialiste Bettino Craxi a établi un record de longévité inégalé depuis la proclamation de la République, en 1946. Mais des différends entre les socialistes et la DC, notamment sur la question d'un référendum portant sur l'usage de l'énergie nucléaire, entraînent une rupture dans la coalition au pouvoir et le départ de Craxi. Les élections anticipées de juin 1987 sont marquées par une progression de la DC et du PS. Le grand perdant est le PC qui, même s'il demeure le deuxième parti en importance, derrière la DC, recule de façon significative dans les intentions de votes (26,6%) et les sièges (177) par rapport aux législatives de 1983. Dans le gouvernement dont il annonce la composition le 29 juillet, l'ex-ministre des Finances Giovanni Goria (DC), devenu président du Conseil, réunit la même coalition de cinq partis qui dirigeait le pays sous Craxi (PS, DC, sociaux-démocrates, républicains, libéraux). La DC y joue encore un rôle dominant avec la moitié des ministres.
Dans les médias...
S.A., « Reconduction »
«...Les électeurs transalpins ont clairement récusé deux « formules » de gouvernement. En premier lieu - et peut-être parce qu'elle suppose un minimum de drame alors que l'heure est plutôt à l'euphorie - celle de l'unité nationale, c'est-à-dire d'une alliance entre les deux premiers partis, la démocratie chrétienne et le PCI. L'époque où, dans la tourmente des années 70, les deux monstres de la politique italienne, guidés par Aldo Moro et Enrico Berlinguer, concluaient un historique compromis est bel et bien révolue. C'est le sens du grave revers que le corps électoral vient d'infliger au PCI et qui est le résultat le plus marquant de ce scrutin. (...) Les Italiens ont récusé aussi la formule dite « du centre gauche », c'est-à-dire une coalition entre la démocratie chrétienne et des partis laïcs dans laquelle la première reste maîtresse d'un jeu instable dont le style s'apparente à celui de la IVe République. Dans un pays où depuis plus de quarante ans le corps électoral est d'une très grande stabilité les échecs ou les victoires s'apprécient sur les marges, et les trois points grâce auxquels le Parti socialiste passe à 14,3% pèsent plus lourd, symboliquement, que les 34,3% de la démocratie chrétienne, qui ne progresse que d'un point et demi. »
Le Monde (France), 17 juin 1987, p. 1.
Paul-André Comeau, « Recul communiste en Italie »
«...À vrai dire, les électeurs italiens ont essentiellement signifié trois choses en se rendant aux urnes. Ils ont d'abord confirmé leur préférence pour le type de coalition pratiquée jusqu'au déclenchement de la crise. Ce « gouvernement à cinq » a même établi un record de longévité sous la direction du leader socialiste Benito Craxi : il a été aux affaires durant trois ans et demi, du jamais vu à Rome. Aussi n'y a-t-il aucune surprise à voir et le Parti socialiste et la Démocratie chrétienne - les deux partenaires majeurs au sein de cette coalition où l'on retrouvait aussi les partis libéral, républicain et social démocrate - sortir grands vainqueurs de ce scrutin. Il reste maintenant aux leaders de ces deux partis à reprendre leur dialogue rompu de façon byzantine sur un double fond de promesse rompue et de référendum appréhendé sur le nucléaire et la réforme de la justice. Devant la popularité confirmée de M. Craxi, les chrétiens-démocrates tenteront par tous les moyens de barrer la route à celui qui est considéré comme l'homme fort de la politique italienne. »
Le Devoir (Québec, Canada), 18 juin 1987, p. 10.
Frederick Painton et al., « Worries About a Difficult Summer »
«...If there was one outstanding result, it belonged to the Socialists, whose 2.9% gain in the popular vote, to 14.3% and 94 seats in the Chamber of Deputies, was proportionally the biggest increase of the election. The outcome assured Craxi, as the leader of the country's third largest party, of a crucial role in the formation of the next government. Craxi had campaigned on his record as Prime Minister, a period during which inflation sank from 16% to below 5%, and Italy, according to government statistics, overtook Britain as the world's fifth-ranking industrial power. He was in charge at a time when Italian entrepreneurs and innovators began to flourish. Even the Christian Democrats conceded the extent of Craxi's achievement. (...) (Senator Francesco) D'Onofrio noted that, contrary to some expectations, the voters did not punish the two parties whose quarrels over power had provoked the election. Instead, of the partners in the old coalition, it was the three smaller parties - the Republicans, Liberals and Social Democrats - that suffered the most at the hands of the voters. »
Time (États-Unis), 29 juin 1987, p. 28-29.
Gouvernance et gouvernement [ 14 juin 1987 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Élevé | Francesco Maurizio Cossiga | Giovanni Giuseppe Goria |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).