Réélection de Luiz Inacio Lula da Silva à la présidence du Brésil
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Lula da Silva
Le président sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, remporte facilement l'élection à la présidence du Brésil. Lors du second tour, il obtient 58 295 042 votes (60,8%) contre seulement 37 543 178 (39,2%) pour son adversaire, Geraldo Alckmin du Parti de la social démocratie brésilienne.
Pour en savoir plus: Discours du président brésilien après sa victoire électorale
Résultats du scrutin
L'élection de Lula da Silva, en 2002, s'accompagne d'attentes considérables. Malgré une situation économique plutôt favorable, le nouveau président voit son mandat obscurci par un scandale de corruption qui affecte sérieusement sa popularité. À l'approche de l'échéance électorale, Lula da Silva retrouve cependant un nouvel élan. Lors du premier tour, il obtient 46 662 365 votes (46,6%), ce qui lui assure à toutes fins pratiques une réélection au deuxième tour prévu pour le 29 octobre. Son rival est le surprenant candidat du Parti de la social démocratie brésilienne, l'ex-gouverneur de Sao Paulo, Geraldo Alckmin. Il obtient 41,6% des voix, ce qui laisse loin derrière les quatre autres candidats sur les rangs lors du premier tour. Des débats télévisés opposent Lula da Silva et Alckmin au cours du mois d'octobre. Ils ne parviennent pas à renverser la vapeur. Favori dans les sondages, celui que les Brésiliens appellent familièrement Lula confirme son avance en récoltant près de 61% des votes. Malgré cette victoire éclatante, Lula da Silva devra composer avec une opposition majoritaire, tant à la chambre basse qu'au Sénat. Selon ses dires, les priorités du président réélu seront la croissance économique, la redistribution des revenus et une éducation de qualité.
Dans les médias...
Lamia Oualalou, « Brésil : les atouts de Lula pour son second mandat »
«...Si Lula veut vraiment changer le Brésil, il a aujourd'hui beaucoup plus de marge de manoeuvre qu'en 2002. Le président n'a plus rien à prouver aux marchés financiers : son gouvernement a dégagé des excédents historiques, les réserves sont au plus haut et Brasilia a remboursé toutes ses dettes au Fonds monétaire international. Bien qu'il ait été mis en ballottage au premier tour, Lula jouit d'une légitimité que l'opposition ne peut lui contester. (...) À l'Assemblée, la coalition regroupe 303 députés sur 513, soit 59 %. C'est moins que dans la chambre sortante (330), mais ce groupe ne repose plus, comme en 2002, sur une myriade de petits partis, sinon sur un solide bloc de gauche autour du PT, et sur le PMDB, une formation hétérogène mais bien implantée dans les régions. Ce pacte devrait permettre au gouvernement d'éviter les errements du passé, quand il a été accusé de verser des pots-de-vin à des députés pour acheter leur vote. La loyauté des députés sera d'autant plus importante que chacun d'eux dépend, pour se maintenir, du gouverneur de son État. C'est la principale nouveauté de ces élections : en 2002, Lula ne pouvait compter que sur les trois gouverneurs du PT, à la tête d'États dépeuplés. À partir du 1er janvier, le PT en dirigera cinq, dont Bahia, l'un des plus importants du pays. »
Le Figaro (France), 31 octobre 2006, p. 4.
Françoise Crouïgneau, « Lula et la « baleine » »
«...Après lui avoir refusé un blanc-seing au premier tour, les Brésiliens se sont ralliés au panache de Lula. Une façon de lui signifier une sourde inquiétude, à la mesure de la question qui les taraude : devenu un acteur incontournable sur la scène internationale, l'ancien syndicaliste aura-t-il les moyens de conforter les avancées de son premier mandat, pourra-t-il tenir les promesses d'une croissance mieux répartie et surtout plus solide ? Les Brésiliens en sont les premiers conscients. Leur pays, l'une des étoiles montantes de l'économie mondiale, n'a rien d'un « tigre » ou d'un « dragon ». Il tient plutôt de la « grosse baleine », comme ils l'ont affectueusement surnommé. Avec tout ce que cela comporte de puissance... et de pesanteurs. (...) Faire bouger la « grosse baleine » prendra du temps. Les plus fervents admirateurs du Brésil en sont persuadés. Il faudra à Lula tout son charisme, son sens du compromis et son doigté politique pour y parvenir. Car les maladresses de son premier mandat ont pu être mises sur le compte de la découverte des pièges du pouvoir et de la difficulté à gouverner un géant aussi complexe que le Brésil. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. »
Les Échos (France), 30 octobre 2006, p. 14.
François Brousseau, « Lula malgré tout »
«...Au Brésil, au cours des deux ou trois dernières années, ce fut une véritable pluie de reproches et d'accusations à l'encontre du nouveau pouvoir. À gauche, on l'a accusé de trahison économique - Lula et ses conseillers ayant appliqué une politique macroéconomique sévère, éloignée des pratiques socialistes classiques. À droite, on a crié à la trahison morale d'une gauche qui avait perdu sa virginité: il est vrai que les scandales de corruption ont atteint, entre 2002 et 2006, jusqu'aux cercles rapprochés du palais présidentiel. Pourtant le fait est là: après un premier mandat orageux et contesté, voici Lula qui réédite son exploit de 2002. Contre la gauche dogmatique, style Monde diplomatique (pro-Lula en 2002, anti-Lula en 2006), une gauche qui s'est exprimée dans la candidature d'Heloisa Helena (6,8 % au premier tour), les électeurs ont dit: « Lula quand même, parce que la pauvreté et l'analphabétisme reculent au Brésil, même lentement. » Et contre la droite moraliste, qui s'est réunie sous la bannière « social-démocrate » (un abus de langage, car Geraldo Alckmin, l'adversaire malheureux de Lula, est en réalité un authentique conservateur), une droite qui accuse presque Lula d'avoir inventé la corruption, elle répond: « Lula quand même, parce que vous n'étiez pas mieux lorsque vous étiez au pouvoir. » »
Le Devoir (Québec, Canada), 30 octobre 2006, p. b1.
Éditorial
«...It is a sign of a healthy democratic hunger for accountability that voters punished Lula for a scandal that obliged him to fire his campaign manager. (...) They can't help wondering where the $780,000 came from that was used to buy nasty secrets about Lula's opponents. And since this scandal comes after earlier disclosures about his colleagues buying the votes of legislators, Brazilians have good reason to hesitate before bestowing a second term on a president who has otherwise done a good job in difficult circumstances. Nonetheless, Lula's travails suggest that Brazil's political culture is resistant to any presidential monopoly of power. Unlike Venezuelan President Hugo Chavez, Lula does not try to intimidate the press or bully political opponents. Until now, he has defined the role of a progressive Latin American leader who combines a genuine devotion to social justice with budgetary discipline and a will to promote economic growth. But this role demands that he be truly accountable to the voters of Brazil. That's what it means to be a true progressive democrat. »
Boston Globe (États-Unis), 3 octobre 2006.
Gouvernance et gouvernement [ 29 octobre 2006 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Intermédiaire | Luíz Inácio Lula da Silva |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).