Assassinat de la première ministre indienne Indira Gandhi
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde

Indira Gandhi
La première ministre indienne Indira Gandhi est abattue par Beant Singh et Satwant Singh, deux extrémistes sikhs appartenant à sa garde. Son fils Rajiv lui succédera.
Pour en savoir plus: Dernier discours de la première ministre indienne
Indira Gandhi a mené les destinées du gouvernement indien de 1967 à 1977 et de 1980 à 1984. Sa mort aux mains de deux extrémistes sikhs, survient quelques mois après une intervention sanglante de l'armée indienne à l'intérieur d'un lieu sacré, le temple d'or d'Amritsar, au Pendjab (5 au 7 juin 1984). Des centaines de sikhs favorables à l'indépendance du Pendjab y trouvèrent la mort, dont leur leader Jarnail Singh Bhindranwale. Les funérailles d'Indira Gandhi, le 3 novembre, attirent de nombreux chefs d'État et de gouvernement. Son fils Rajiv, qui n'a que 40 ans, lui succède à la tête du Parti du Congrès et du gouvernement. Les premiers jours de son mandat sont marqués par les représailles que font subir les hindous aux sikhs, forçant la proclamation de l'état de siège dans plusieurs villes du pays. Les élections du 24 et 27 décembre 1984 permettront à Rajiv Gandhi et au Parti du Congrès, qui obtient 401 des 508 sièges à l'enjeu, de remporter une victoire éclatante. Le nouveau premier ministre restera en poste jusqu'en 1989.
Dans les médias...
Salil Sarkhar, «Inde : haute tension»
«...La disparition d'Indira Gandhi met en évidence la fragilité du parti du Congrès. Cette situation va se répercuter sur le pouvoir central à New Delhi. Or, si les intérêts du grand capital indien, répartis sur l'ensemble du pays, militent contre l'effritement de ce pouvoir central, il n'en demeure pas moins que la poussée des régions et les revendications autonomistes de plus en plus affirmées laissent prévoir une relance, sinon une aggravation des conflits existants ou latents. Peu avant sa mort, Indira Gandhi avait envisagé l'éventualité d'un régime présidentiel susceptible de pallier les insuffisances de son pouvoir. Son fils, Rajiv Gandhi, reprendra-t-il à son compte ce projet ? Rien n'est moins sûr. Sa désignation précipitée est révélatrice des tensions qui agitent les classes politiques indiennes.»
Afrique-Asie (France), 19 novembre au 2 décembre 1984, p. 56.
Jean-François Poncet, «Un profond sillon»
«...Le terrorisme peut tuer : il ne fait, le plus souvent, que grandir ce qu'il tue. Mme Gandhi n'est plus : son oeuvre demeure (...) Indira Gandhi n'a pas éliminé la misère. Mais elle en a rompu le cercle fatal. L'Inde innombrable nourrit aujourd'hui ses habitants : et l'on apprenait, il y a peu, qu'elle allait exporter du blé vers l'Union soviétique. Bombay a le double visage de ses banlieues surpeuplées et de ses laboratoires à la pointe de la science. Et si Mme Gandhi s'est, en définitive, conformée aux règles de la démocratie, c'est sans doute qu'elle voyait dans les facilités de la dictature le chemin d'une régression et, dans les disciplines de la liberté, la vraie condition, pour l'Inde, du progrès et de la modernité (...) Les problèmes demeurent immenses. Mais le triple sillon que Mme Gandhi a creusé, dans l'histoire de l'Inde, est peut-être moins près de s'effacer que certains ne le pensent. Pour son fils, il ne sera pas facile de le prolonger : mais il le serait encore moins de s'en écarter.»
Le Figaro (France), 1e novembre 1984, p. 1.
Jean-Claude Leclerc, «L'Inde déstabilisée»
«...L'Inde est menacée d'abord de l'intérieur. Depuis l'indépendance, laborieusement arrachée à la Grande-Bretagne, le pays n'a jamais pu surmonter complètement les déchirements qui devaient opposer hindous et musulmans. La vigueur nouvelle prise par le fanatisme religieux ne fait pas seulement des victimes, le plus souvent innocentes, dans les émeutes. Elle secoue, comme au Moyen-Orient, la structure même des régimes politiques en place. Les sikhs ne sont pas les seuls à réclamer plus d'autonomie. Ils ne sont pas, non plus, l'unique communauté à avoir durement ressenti le joug que Mme Gandhi n'hésitait pas à imposer à ses adversaires politiques, à des fins partisanes autant que pour assurer l'ordre public. Avec la disparition d'un chef de gouvernement aussi fort, l'Inde va-t-elle trouver un équilibre plus respectueux des multiples diversités du pays, ou bien la fédération commencera-t-elle de s'effriter ? Rarement question aura peut-être pesé aussi lourd dans le sort du monde.»
Le Devoir (Québec, Canada), 1e novembre 1984, p. 10.
Éditorial
«...In the first days, the new, appointed prime minister, Mrs Gandhi's son Rajiv, was harshly criticized for failing to assert leadership and check the carnage. Some of the criticism seemed to yield to an appreciation of his burden and of the common stake in his effective rule. But he is not getting much of a honeymoon. The violence and the threats persist. A discussion proceeds on whether his mother by her firmness brought necessary strength to the central government or whether by her arbitrariness she took stength away. In any event, Rajiv Gandhi is not Indira Gandhi : he is starting out in a more consensus-seeking, perhaps more diffident style. The elections previously scheduled in January appear even more necessary now. Rajiv Gandhi needs a mandate, and if India is to be ruled by a dynasty -his grandfather as well as mother ruled earlier- it must be by popular choice.»
The Washington Post (États-Unis), 7 novembre 1984.
Gouvernance et gouvernement [ 31 octobre 1984 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
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![]() | Intermédiaire | Zail Singh | Rajiv Gandhi |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).